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Nous ne participerons pas au prochain gouvernement, réaffirme le CPL

Nous ne participerons pas au prochain gouvernement, réaffirme le CPL

Le chef du Courant patriotique libre (CPL) Gebran Bassil, au cours d'une intervention télévisée, le 21 février 2021. Capture d'écran OTV

Le bureau politique du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), dirigé par le député Gebran Bassil, a réaffirmé samedi qu'il ne participera pas au gouvernement que tente de former le Premier ministre désigné, Saad Hariri. Le Liban est sans cabinet actif depuis huit mois suite à la démission du Premier ministre Hassane Diab, dans la foulée de la double explosion meurtrière, le 4 août 2020, au port de Beyrouth.

Le président libanais Michel Aoun, fondateur du CPL, et Saad Hariri sont en proie à un bras de fer politique et des rivalités personnelles. Ils se livrent de ce fait une bataille rangée au sujet de leurs prérogatives respectives prévues par la Constitution.

La formation aouniste a de nouveau fait porter la responsabilité de l'impasse gouvernementale au Premier ministre désigné. "Les Libanais sont fatigués de la réaffirmation des raisons de l'échec de Saad Hariri à former le gouvernement", a estimé le bureau politique, regrettant l'allongement d'un "délai qui aggrave l'effondrement financier et économique" du pays. Alors qu'une nouvelle formule de gouvernement composé de 24 ministres a émergé et reçu l'approbation de plusieurs parties, M. Hariri ne s'est pas encore clairement prononcé en sa faveur et continue de préférer celle de 18 ministres, sans tiers de blocage.

Dans ce contexte, le CPL a démenti une nouvelle fois son intention de participer au gouvernement. "Nous réitérons que nous ne participerons pas au gouvernement et nous ne cesserons de faire le nécessaire pour exhorter le Premier ministre désigné à mettre en place son cabinet en respectant le Pacte national et la Constitution", souligne un communiqué publié au terme de la réunion hebdomadaire de la formation aouniste. Il a noté les derniers efforts du chef de l'État "pour inciter le Premier ministre désigné à lui présenter un projet de gouvernement complet", insistant sur le rôle du président de la République dans ce processus pour que le cabinet en question puisse obtenir "la confiance du Parlement". Le CPL, présent en force à la Chambre, a déjà menacé à plusieurs reprises de ne pas accorder sa confiance au gouvernement s'il n'était pas d'accord avec sa composition ou son programme. 

Le bureau politique du CPL a ensuite pris parti dans la bataille judiciaire qui oppose le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, et la juge Ghada Aoun, réputée proche du chef de l'État. "La vraie révolution est celle d'une justice honnête qui se tient au côté des causes des gens contre certains juges corrompus qui cachent des dossiers, les négligent ou les bloquent", a estimé le parti, sans mentionner la juge Aoun nommément.

"Parler de réformes et de lutte contre la corruption n'a pas de sens sans justice indépendante, courageuse et efficace. Quelle réforme pouvons-nous espérer si le pouvoir judiciaire n'est pas rétabli ?", s'est interrogé Gebran Bassil sur son compte Twitter, en écho au communiqué. "Chaque Libanais doit choisir son camp : ceux qui veulent la réforme de l'État et le recouvrement des fonds ou ceux qui veulent la poursuite de la corruption et de l'effondrement", a ajouté le député de Batroun.

La magistrate Ghada Aoun s'est vue retirer vendredi le droit d'examiner certaines catégories de forfaits, dont les trafics et les grands crimes financiers. Or, c'est elle qui avait récemment engagé des poursuites contre le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé et la Société générale de banque au Liban (SGBL) pour des transferts bancaires massifs à l’étranger, et des faits relevant du blanchiment d’argent. Des milliards de dollars ont été exfiltrés du Liban à l’automne 2019 et à divers autres intervalles. Une situation injustifiable sur le plan éthique puisque les comptes des petits épargnants étaient parallèlement bloqués. La situation bénéficiait cependant d'une couverture légale en l’absence d’une loi sur le contrôle des capitaux. 

"Nous continuerons d'exposer tous les dossiers liés à la lutte contre la corruption", a affirmé le parti, qui fait de cette lutte son cheval de bataille, défendant notamment l'audit juricomptable de la Banque du Liban. Aussi le CPL a-t-il a accusé ceux qui soutiennent "le mensonge, notamment dans les cas de transferts illégaux d'argent libanais à l'étranger pour vider de manière détournée les devises du pays" de "semer le chaos". Dans ce contexte, le CPL a demandé à la ministre sortante de la Justice, Marie-Claude Najm (pourtant réputée proche du président Aoun) et au Conseil supérieur de la magistrature "d'assumer leurs responsabilités et de ne pas se taire sur ce qui arrive au sein du pouvoir judiciaire".

Le Courant du Futur mené par Saad Hariri n'a pas tardé à répliquer aux accusations du CPL. Il l'a appelé samedi à "mettre un terme à ses gesticulations ennuyeuses et à cesser de propager des illusions". "Le CPL sait que le Premier ministre désigné a fourni une mouture gouvernementale complète depuis plus de quatre mois, respectant les normes de la Constitution, du Pacte national et de la compétence, mais le président de la République l'a mise dans le tiroir (...)", a affirmé le Courant du Futur dans un communiqué.

Evoquant ensuite à demi-mot la polémique qui fait rage dans le milieu de la justice, le Courant du Futur a estimé que cette situation était "extrêmement dangereuse et inédite, même durant la guerre civile et l'époque de la tutelle du régime sécuritaire syro-libanais". La formation haririenne a souligné que "pleurer sur certains juges après les avoir encouragés à violer les lois et leur avoir demandé d'ouvrir des dossiers contre des rivaux (politiques) est une question qui ne trompe plus aucun Libanais". En effet, la juge Ghada Aoun est accusée par certains partis politiques et par de nombreux collectifs de la contestation populaire d'être proche du pouvoir de Michel Aoun et d'instrumentaliser la justice contre ses opposants.

Le bureau politique du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), dirigé par le député Gebran Bassil, a réaffirmé samedi qu'il ne participera pas au gouvernement que tente de former le Premier ministre désigné, Saad Hariri. Le Liban est sans cabinet actif depuis huit mois suite à la démission du Premier ministre Hassane Diab, dans la foulée de la double explosion meurtrière, le 4 août...