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Société - Liban

Les réfugiés et migrants laissés pour compte dans la campagne de vaccination, dénonce HRW

"Si le Liban veut parvenir à une distribution équitable des vaccins cette année et relancer l’économie, il devra veiller à ce que tout le monde ait accès aux informations nécessaires", avertit Nadia Hardman, chercheuse sur les droits des réfugiés et des migrants.


Les réfugiés et migrants laissés pour compte dans la campagne de vaccination, dénonce HRW

Des réfugiés syriens emportent les restes de leurs biens de l'incendie du camp de Minieh, le 27 décembre 2021 au Liban. Photo AFP/Ibrahim Chalhoub

L'organisation internationale Human Rights Watch (HRW) a dénoncé mardi le fait que la campagne de vaccination contre le Covid-19 du gouvernement libanais, entaché d'ingérences politiques, risque de laisser pour compte les réfugiés et les travailleurs migrants, menaçant, à terme, de saper les efforts nationaux déployés pour atteindre l'immunité collective.

"Le plan de vaccination du gouvernement libanais risque de délaisser les communautés marginalisées, dont les réfugiés et les travailleurs migrants. Malgré les promesses faites par le gouvernement d'un programme équitable, les efforts déployés ont été entachés d’ingérence politique et d’un manque d’informations", a dénoncé HRW dans un rapport publié mardi

"Avec une personne sur trois au Liban réfugiée ou migrante, un tiers de la population risque d'être laissé pour compte dans le plan de vaccination", a averti Nadia Hardman, chercheuse sur les droits des réfugiés et des migrants à Human Rights Watch. "Le gouvernement doit investir dans une sensibilisation ciblée pour renforcer la confiance de communautés longtemps marginalisées, sinon l'effort de vaccination est voué à l'échec". Seulement 2,86% des personnes vaccinées et 5,36% de celles enregistrées sur la plateforme en ligne pour la vaccination ne sont pas libanaises, alors même qu'elles constituent au moins 30% de la population. Au 5 avril, seuls 3 638 Palestiniens et 1 159 Syriens avaient été vaccinés, bien que 19 962 réfugiés et agents de santé palestiniens et 6 701 réfugiés syriens soient éligibles lors de la première phase de la campagne, qui cible les personnes âgées et le personnel soignant. Pourtant, des réfugiés syriens et palestiniens sont décédés du Covid-19 trois à quatre fois plus que la moyenne nationale, selon des données des Nations unies.

"De graves lacunes" et des rumeurs

L'ONG a encore dénoncé la lenteur de la vaccination, le manque de transparence des campagnes lancées par certains partis politiques et les incohérences dans les annonces du gouvernement sur les vaccins. "Le ministère de la Santé a déclaré qu'il visait la vaccination de 80% de la population d'ici la fin de 2020. Toutefois, le gouvernement a, jusqu'à présent, déclaré son intention d'acheter sept millions de doses de vaccins, ce qui permettrait de ne vacciner que 50% de la population", a fait remarquer HRW dans son rapport. Le ministère de la Santé a par ailleurs annoncé "qu'il n'avait pas les fonds nécessaires pour vacciner les travailleurs migrants".

"Le Liban a été initialement félicité pour son plan inclusif visant à vacciner toutes les personnes vivant sur son territoire, mais il est rapidement devenu évident qu’il existe de graves lacunes dans la mise en œuvre ", a encore déclaré Mme Hardman. "Si le Liban veut parvenir à une distribution équitable des vaccins cette année et relancer l’économie, il devra veiller à ce que tout le monde ait accès aux informations nécessaires."

Dans ce cadre, une Palestinienne de 39 ans, vivant dans le camp de Rachidieh (Liban-sud) et interrogée par HRW, a regretté qu'il n'y ait "aucune campagne de sensibilisation concernant les vaccins - au lieu de cela, des rumeurs se répandent sur WhatsApp. Rien n'a été expliqué correctement. Il est essentiel d'expliquer le côté positif du vaccin". 

Ce manque d'informations et la propagation de rumeurs n'encouragent pas les populations marginalisées à se faire vacciner. Certains craignent en effet de devoir, par exemple, être obligés de payer leur vaccin, ou, en ce qui concerne les réfugiés syriens, que les informations inscrites sur la plateforme officielle pour la vaccination ne soient utilisées par l'Etat pour justifier des arrestations ou expulsions par le gouvernement. 

"Renforcer la confiance"

Dans ce contexte, HRW a recommandé aux autorités libanaises de "renforcer la confiance dans les vaccins et la stratégie nationale en fournissant toutes les informations nécessaires, en expliquant comment s'enregistrer et en rassurant les réfugiés et les travailleurs migrants sur le fait que leurs informations ne seront en aucun cas utilisées" à d'autres fins.

"Pour surmonter les obstacles à l'accès aux centres de vaccination pour les groupes marginalisés qui ne peuvent pas se permettre le transport vers les hôpitaux locaux, le gouvernement devrait envisager de fournir des cliniques mobiles en partenariat avec des groupes d'aide opérant sur le terrain", a encore proposé l'ONG. 

L'organisation internationale Human Rights Watch (HRW) a dénoncé mardi le fait que la campagne de vaccination contre le Covid-19 du gouvernement libanais, entaché d'ingérences politiques, risque de laisser pour compte les réfugiés et les travailleurs migrants, menaçant, à terme, de saper les efforts nationaux déployés pour atteindre l'immunité collective."Le plan de vaccination du...

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