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Moyen-Orient - ÉCLAIRAGE

Washington et Téhéran de retour à la table des négociations

Les discussions entre les États-Unis et l’Iran en vue de sauver l’accord sur le nucléaire iranien s’ouvriront aujourd’hui à Vienne, en présence des représentants européens, russes et chinois.
Washington et Téhéran de retour à la table des négociations

Abbas Araghchi, vice-ministre des Affaires étrangères iranien (centre-droit), la diplomate européenne Helga Schmid (centre-gauche) et des représentants des puissances P5+1 (Chine, France, Russie, États-Unis, Royaume-Unis, Allemagne) à Vienne, le 25 avril 2017, discutent de l’accord sur le nucléaire de 2015. Joe Klamar/AFP

La nouvelle est tombée vendredi après plusieurs mois d’attente. Les États-Unis et l’Iran seront de retour à partir d’aujourd’hui à la table des négociations pour tenter de sauver l’accord international sur le nucléaire iranien. Les discussions s’ouvriront à Vienne en présence des représentants américains et iraniens, mais aussi des Européens, des Russes et des Chinois. Une annonce « accueillie comme une miniavancée », estime Ali Fathollah-Nejad, auteur de L’Iran dans un nouvel ordre mondial et collaborateur au Centre d’études de la coopération internationale et du développement (Cecid) à l’Université libre de Bruxelles.

Car la rencontre marque d’abord la fin d’une impasse et ouvre la voie à l’ère post-Trump. Le président américain Joe Biden avait déclaré son intention de se démarquer de la méthode des « pressions maximales » de son prédécesseur en exprimant son souhait de retourner à l’accord sur le nucléaire dont l’ancien président Donald Trump s’était retiré de manière unilatérale en 2018, trois ans après avoir été signé par son prédécesseur Barack Obama. En retour, l’Iran s’était alors affranchi d’une partie des restrictions liées à son programme nucléaire. Malgré les déclarations de bonnes intentions de l’administration Biden, les relations entre Washington et Téhéran semblaient toutefois faire du surplace depuis plusieurs mois, alors que les deux pays se renvoyaient la balle quant à l’amorce d’un processus de rapprochement. Il aura donc fallu la visioconférence de vendredi, organisée par l’Union européenne en l’absence des Américains, entre les signataires du texte censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique (Chine, Russie, Allemagne, France, Royaume-Uni et Iran), pour débloquer le dossier.

Un certain sens de l’urgence

Un événement dont le timing s’expliquerait par « un certain sens de l’urgence en Europe et peut-être aussi aux États-Unis », compte tenu de l’accélération du programme iranien au cours des derniers mois, remarque Ali Fathollah-Nejad. Mais c’est également le calendrier interne iranien qui a contribué à accélérer le processus en vue des discussions de Vienne afin de débloquer le dossier avant la tenue de l’élection présidentielle à la mi-juin. Malgré l’effet d’annonce, le détail et les modalités des discussions qui doivent s’ouvrir sous la direction de l’Union européenne restent néanmoins en partie flous, notamment en raison du caractère indirect des négociations. Une diplomatie souterraine « due principalement au fait que les discussions directes avec Washington n’ont pas été autorisées au plus haut niveau par l’ayatollah Khamenei », précise Ali Fathollah-Nejad. Mais il y a aussi « une intention délibérée de rester vague quant au format », estime Barbara Slavin, directrice de la Future of Iran Initiative au sein du think tank Atlantic Council, pour qui « les discussions devraient d’abord prendre la forme d’une réunion interministérielle » au sein de laquelle « les délégations américaine et iranienne devraient communiquer via l’intermédiaire européen », avant d’engager des échanges directs si « les Iraniens se satisfont du calendrier américain pour la levée des sanctions ».

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Car, outre le retour à l’accord de 2015, c’est avant tout le calendrier en vue de l’allègement des sanctions américaines imposées à l’Iran par l’administration Trump qui sera au cœur des discussions. « Il y aura deux groupes de travail : le premier centré autour des mesures que l’Iran devra prendre afin de renouer avec ses engagements en matière de réduction nucléaire ; et un second qui se concentrera sur l’allègement des sanctions par les États-Unis », explique Ali Fathollah-Nejad. « Les Iraniens s’attendent à un calendrier détaillé – quelles sanctions seront levées, quand, et comment Washington compte mettre fin à la désignation de certaines institutions, comme la Banque centrale d’Iran, en tant qu’entités terroristes », estime Barbara Slavin.

Les modalités de la levée de sanctions seront donc l’un des facteurs décisifs qui devrait conditionner l’issue de la rencontre, tout comme l’attitude et le positionnement iranien face aux propositions américaines. « À ce stade, il n’est pas certain que Téhéran joue un rôle constructif, notamment en acceptant une approche progressive », remarque Ali Fathollah-Nejad, pour qui les déclarations du porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères samedi semblent indiquer que Téhéran n’acceptera pas une levée progressive des sanctions.

Des discussions fructueuses cette semaine à Vienne signifieraient donc que la prochaine étape se jouera lors d’une seconde rencontre portant sur « les derniers détails d’un tel scénario afin de parvenir à un accord dans les deux prochains mois », estime Ali Fathollah-Nejad. Un calendrier qui semble réaliste côté iranien également, si l’on en croit les déclarations de certains officiels, « comme (le responsable de l’Organisation de l’énergie atomique iranienne) Ali Salehi qui, lors d’une session sur la plateforme Clubhouse la semaine dernière, a affirmé que l’Iran peut revenir sur les mesures prises ces derniers mois en vue d’une réintégration de l’accord en quelques mois », indique Barbara Salvin.

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Mais outre l’allégement des sanctions et la réintégration de l’accord de 2015, les discussions entre Téhéran et Washington pourraient achopper sur une autre difficulté : la volonté américaine d’aller plus loin en appelant à de nouvelles concessions iraniennes, nucléaires ou autres, comme par exemple « revisiter le calendrier de l’accord, contraindre le programme de missiles iranien, ou encore le soutien militaire de Téhéran dans la région à certains groupes comme le Hezbollah, le Hamas ou d’autres milices chiites, ou au régime de Bashar el-Assad », estime Ali Fathollah-Nejad. Le succès des discussions de Vienne et de celles à venir devrait donc reposer sur l’insistance ou non de la délégation américaine à intégrer ces considérations.

La nouvelle est tombée vendredi après plusieurs mois d’attente. Les États-Unis et l’Iran seront de retour à partir d’aujourd’hui à la table des négociations pour tenter de sauver l’accord international sur le nucléaire iranien. Les discussions s’ouvriront à Vienne en présence des représentants américains et iraniens, mais aussi des Européens, des Russes et des Chinois. Une...

commentaires (3)

J’espère que dans le fonds, les américains sont venus leur dire leur 4 vérités, et pas leur caresser le poil... En définitive , ils ont bernés sans arrêt la communauté internationale, comme leur équivalent syrien d’ailleurs, communauté, qui pour ne pas perdre la face, ni utiliser les grands moyens, finit soit par qualifier des accords-bidon de réussite, soit qu’ils ont été exécuté intégralement - exemple , le gaz sarin en Syrie, et l’acceptation de ´ garanties ´ russes concernant sa liquidation, manière de sauver la face ! De vraies farces, qui à terme , vont tourner à la catastrophe pour tout le monde !

LeRougeEtLeNoir

14 h 24, le 06 avril 2021

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Commentaires (3)

  • J’espère que dans le fonds, les américains sont venus leur dire leur 4 vérités, et pas leur caresser le poil... En définitive , ils ont bernés sans arrêt la communauté internationale, comme leur équivalent syrien d’ailleurs, communauté, qui pour ne pas perdre la face, ni utiliser les grands moyens, finit soit par qualifier des accords-bidon de réussite, soit qu’ils ont été exécuté intégralement - exemple , le gaz sarin en Syrie, et l’acceptation de ´ garanties ´ russes concernant sa liquidation, manière de sauver la face ! De vraies farces, qui à terme , vont tourner à la catastrophe pour tout le monde !

    LeRougeEtLeNoir

    14 h 24, le 06 avril 2021

  • TOUTE NEGOCIATION SUR LE NUCLEAIRE AVEC L,IRAN QUI N,ENGLOBERAIT PAS L,AFFAIRE DES FUSEES BALISTIQUES ET LA DISSOLUTION DES MILICES IRANIENNES CREEES DANS LES PAYS ARABES POUR LES DESTABILISER SERAIT UN ECHEC POUR LES AMERICAINS ET LES EUROPEENS QUI REGRETTERAIENT LE DEPART DE TRUMP.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 34, le 06 avril 2021

  • L’Iran ne soutiendrait plus le Hezb? Il faut gober ça?

    Hughes Leroy

    01 h 28, le 06 avril 2021

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