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Politique - Crise

Nasrallah : Le Liban est à bout de souffle, il est temps de former le gouvernement

"Au cours des derniers jours, des efforts collectifs et sérieux ont été déployés et ils se poursuivront dans les jours à venir", affirme le numéro un du Hezbollah.

Nasrallah : Le Liban est à bout de souffle, il est temps de former le gouvernement

Un portrait de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, le 16 février 2021 sur une route de Bint Jbeil, au Liban-sud. Photo REUTERS/Aziz Taher

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a estimé mercredi soir qu'il était temps de mettre tout de côté, "les attentes et divergences", et de former le nouveau gouvernement, évoquant des "efforts collectifs et sérieux" déployés par "plus d'une partie" pour surmonter les obstacles qui entravent encore le processus. Une allusion claire au compromis concocté depuis quelques jours par le chef du législatif, Nabih Berry, et le leader druze Walid Joumblatt.

A l'occasion d'un hommage organisé à la mémoire du cheikh Ahmad el-Zein, ancien président de l'Union des ulémas musulmans, le secrétaire général du parti chiite a consacré la majeure partie de son discours au parcours du cheikh el-Zein et aux dossiers régionaux, n'accordant au volet libanais que quelques minutes en conclusion. "Le pays est à bout de souffle et n'a plus le luxe du temps. Il est grand temps de mettre tout de côté, les attentes et divergences, et de se lancer dans une sérieuse tentative de sortir le pays de l'impasse actuelle", a-t-il déclaré. Et de souligner que "tout le monde s'accorde à dire que la mise en place d'un nouveau gouvernement est le premier pas sur la voie d'un règlement (des crises, ndlr) au Liban". S'adressant aux Libanais, il a déclaré : "Ne désespérez pas, car au cours des derniers jours, des efforts collectifs et sérieux ont été déployés et ils se poursuivront dans les jours à venir en vue de surmonter les obstacles qui continuent d'entraver la formation du gouvernement", a lancé le dignitaire chiite.

Le Liban est sans cabinet actif depuis depuis la démission de celui de Hassane Diab, il y a près de huit mois, dans la foulée des explosions meurtrières du 4 août au port de Beyrouth. Le chef de l'État Michel Aoun et le Premier ministre désigné Saad Hariri, empêtrés dans des rivalités personnelles et un bras de fer autour de la nomination des ministres, ne sont toujours pas parvenus à former une nouvelle équipe, alors qu'il est plus que jamais indispensable pour réformer un pays qui s'écroule économiquement et financièrement, et obtenir des aides tangibles de la communauté internationale.

Dans son discours, mercredi soir, le changement de ton était clair, de la part de Hassan Nasrallah qui n'a pas réitéré l'appel qu'il avait lancé le 18 mars dernier à la formation d'un cabinet techno-politique ou à la "réactivation" du gouvernement Diab. Le chef du Hezbollah a, en revanche, pris soin de saluer, quoique implicitement, les efforts menés par Nabih Berry, son allié de longue date mais avec qui les divergences au sujet du gouvernement avaient éclaté au grand jour récemment. En réponse à l’appel de Hassan Nasrallah à envisager la mise sur pied d’une équipe techno-politique, le mouvement Amal avait en effet répondu en insistant sur la formation d’un gouvernement de ministres "technocrates non partisans, conformément à l’initiative française".

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Sauf que depuis quelques jours, le chef du mouvement Amal concocte avec le chef du Parti socialiste progressiste un compromis axé sur la mise en place d’un cabinet de 24 ministres (8 au lieu de six pour chacun des trois camps politiques). L’idée est celle du leader druze, qui l’a proposée à Michel Aoun lors d’un entretien le 20 mars au palais de Baabda. Elle a ensuite été affinée avec le président du Parlement qui y a ajouté la condition qu’aucun camp ne puisse détenir le tiers de blocage. Cette formule aurait reçu l’aval de Saad Hariri tant que, indépendamment du nombre de ministres, il est garanti que le camp aouniste ne pourra pas revendiquer le tiers de blocage pour bloquer une décision prise par l’exécutif.

Il reste que pour intervenir officiellement, Nabih Berry attend la réponse de Michel Aoun et deux garanties du Hezbollah, selon notre correspondant politique Mounir Rabih. D’abord, l’accord du parti de Hassan Nasrallah au projet de solution. M. Berry attend en outre du Hezbollah qu’il exerce une pression sur ses alliés, Michel Aoun et son gendre (le chef du Courant patriotique libre) Gebran Bassil, en vue d’un déblocage.Mardi, des milieux proches de Aïn el-Tiné, relevaient toutefois que la nouvelle charge lancée par Michel Aoun contre Saad Hariri dans l’interview que le président a accordée lundi à notre confrère arabophone al-Joumhouriya venait sérieusement compliquer la tâche à Nabih Berry. Dans cet entretien, le président a accusé le Premier ministre désigné de "saper toutes les règles d’usage pour la formation des gouvernements". Les propos tenus par Hassan Nasrallah ce soir augurent-ils d'un déblocage prochain ? Le temps le dira...

Les "priorités" des Etats-Unis
Sur le plan régional, Hassan Nasrallah a évoqué les priorités de la nouvelle administration de Joe Biden, estimant que la région du Moyen-Orient ne figure pas parmi celles-ci. "Les Etats-Unis ne sont plus les mêmes. La Chine et la Russie sont leur priorité à l'heure actuelle, ainsi que leurs problèmes d'ordre interne, a-t-il dit. Washington tente ainsi d'éloigner l'Iran de la Russie et de la Chine d'où ses efforts pour revenir à l'accord sur le nucléaire". Selon le secrétaire général du Hezbollah, les Etats Unis et Israël sont aujourd'hui "en déclin", alors que l'axe de la résistance est "sur une pente ascendante" après avoir survécu ces dernières années la "pire période". Le leader chiite a dès lors adressé un message aux Etats, peuples et mouvements de la région : "N'attendons pas les Etats-Unis ni les développements internationaux. Allons vers le dialogue entre les Etats et peuples de la région afin de résoudre ses crises", a-t-il lancé. Il appelé "ceux qui dans la région misent sur les Etats-Unis" à ne pas le faire car "l'attente sera longue". Le chef du Hezbollah a dans ce cadre ajouté que "tous ceux qui gravitent dans l'orbite de la résistance sont prêts à trouver des compromis" pour permettre à la région de traverser la phase actuelle.

Le Yémen
Pour ce qui est du dossier du Yémen qu'il a longuement commenté, Hassan Nasrallah a réagi à l'initiative saoudienne lancée il y a quelques jours pour mettre fin au conflit. Les rebelles houthis ont rejeté cette proposition d'un "cessez-le-feu global" qui comprenait la réouverture de l'aéroport international de Sanaa, exigée par les rebelles chiites, et la reprise des négociations politiques sous l'égide de l'ONU. Les rebelles réclament, avant toute reprise du processus politique, la levée complète du blocus aérien et maritime, imposé par l'Arabie saoudite pour empêcher, selon elle, les importations d'armes en provenance d'Iran. L'initiative saoudienne s'inscrit dans un contexte de pression internationale, Etats-Unis et ONU en tête, pour parvenir à une résolution politique rapide du conflit, en raison du désastre humanitaire qu'il a engendré.

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Prenant fait et cause pour les rebelles houthis, soutenus par Téhéran, Hassan Nasrallah a dénoncé ce qu'il a appelé une "guerre médiatique" contre eux. "Ce qui est proposé (par l'Arabie) n'est pas l'arrêt de la guerre mais un cessez-le-feu, avec la poursuite de la guerre contre le peuple yéménite", a-t-il déclaré. "Nos frères au Yémen réclament un arrêt humanitaire de la guerre, avant de passer aux pourparlers politiques", a déclaré le numéro un du Hezbollah. Et d'adresser un conseil à Riyad : "Ne perdez pas votre temps. Si vous êtes sérieux dans (la volonté) de mettre fin à la guerre, allez-y tout en levant le blocus humanitaire et en pavant la voie à un dialogue entre les protagonistes yéménites".

Les propos du secrétaire général du Hezbollah à ce sujet constituent une réponse implicite à la déclaration de l'ambassadeur d'Arabie à Beyrouth, Walid Boukhari, depuis Baabda, le 23 mars. Le diplomate avait alors réussi à obtenir du président libanais Michel Aoun, une prise de position favorable à l’initiative saoudienne sur le Yémen, ce qu’il avait pris soin de déclarer haut et fort à sa sortie de l’entretien avec le chef de l'Etat. Une position d’autant plus remarquée qu’elle a provoqué une réponse de la part de Mohammad Ali Houthi, un haut responsable rebelle au Yémen. "Les déclarations de l’ambassadeur d’Arabie saoudite au Liban sont positives si tant est qu’elles débouchent sur des actes", avait-il affirmé, recommandant cependant aux parties libanaises de ne pas approuver la solution proposée à n’importe quel prix.

Une délégation iranienne reçue par le patriarche
De toutes les nombreuses visites au siège du patriarcat maronite à Bkerké hier, une en particulier a retenu l’attention : celle d’une délégation iranienne. Reçue par le patriarche Bécharra Raï, elle était présidée par le secrétaire général du Forum mondial pour la proximité entre les écoles islamiques, le cheikh Hamid Shahrayari, accompagné du chargé d’affaires de l’ambassade d’Iran à Beyrouth, Hassan Khalil, et d’autres responsables iraniens. La discussion a été « franche et transparente », a déclaré le responsable iranien, affirmant « la nécessité de rester attaché à l’union nationale, seule susceptible de préserver la souveraineté du Liban, sa liberté et son indépendance ». « Nous sommes convaincus que le Liban est un pays définitif pour tous ses fils », a-t-il ajouté. Et de poursuivre : « L’expérience historique contemporaine a montré que quand les Libanais font preuve d’unité nationale, ils peuvent résister à toute agression contre eux. La victoire historique de 2000 (retrait d’Israël du sud du Liban, NDLR) n’aurait pas pu être réalisée sans l’union nationale et l’esprit de résistance. »

La patriarche Raï, qui prône la neutralité positive du Liban et appelle à la tenue d’une conférence internationale pour le sauvetage du Liban, a été la cible de vives citiques de la part d’un média iranien début mars, qui ont poussé le ministre des Affaires étrangères Charbel Wehbé à convoquer l’ambassadeur de ce pays (même si celui-ci n’a pas répondu à la convocation).

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a estimé mercredi soir qu'il était temps de mettre tout de côté, "les attentes et divergences", et de former le nouveau gouvernement, évoquant des "efforts collectifs et sérieux" déployés par "plus d'une partie" pour surmonter les obstacles qui entravent encore le processus. Une allusion claire au compromis concocté...

commentaires (15)

Nous allons voir si Aoun et son Gendron vont avoir la trouille et se dépêcher d’exécuter les ordres avant de fâcher le Hassouna. Ça sera quand même la preuve irréfutable de leur dévotion au parti du diable qui est le seul à leur faire entendre raison. Il faut qu’il donne la recette aux négociants.

Sissi zayyat

21 h 11, le 01 avril 2021

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Commentaires (15)

  • Nous allons voir si Aoun et son Gendron vont avoir la trouille et se dépêcher d’exécuter les ordres avant de fâcher le Hassouna. Ça sera quand même la preuve irréfutable de leur dévotion au parti du diable qui est le seul à leur faire entendre raison. Il faut qu’il donne la recette aux négociants.

    Sissi zayyat

    21 h 11, le 01 avril 2021

  • On dirait que le commerce de la drogue ne fonctionne pas très bien alors Hassouna veut un gouvernement , c'est un géni , Einstein n'est rien devant lui ???

    Eleni Caridopoulou

    19 h 08, le 01 avril 2021

  • ILS VONT LUI PRENDRE TOUTES LES MATIERES EXPLOSIVES CHIMIQUES ET DECHETS NUCLEAIRES STOCKEES DANS LES PORTS DE BEYROUTH ET DE ZAHRANI ET PEUT-ETRE DE SOUR ET D,AUTRES PETITS PORTS DU SUD ET UNE FOIS AUXD ABOIS CE SERA L,HEURE DE L,HALLALI ! AMEN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 44, le 01 avril 2021

  • Quelle chance immense nous avons d'être dirigés aussi par des techno-religieux dévoués corps et âme au salut de notre pays ! - Irène Saïd

    Irene Said

    13 h 40, le 01 avril 2021

  • Encore une sale farce iranienne ! HN , si vous êtes sincère, remettez donc vos armes à l’armée afin de devenir un minimum crédible ensuite adhérez à l’esprit de neutralité et redevenez libanais autrement le gouffre vous promet une fin amère également. Montrez-nous de la bonne foi avant qu’il ne soit trop tard !

    Wow

    12 h 18, le 01 avril 2021

  • Hassan Nasrallah qui conseille aux libanais de ne pas compter sur les américains pour régler leurs problèmes. On lui rappelle que les libanais n’ont besoin d’aucun pays pour résoudre le problème libanais puisqu’il n’en a aucun à part sa présence avec ses armes illégales et sa milice aux ordres d’un pays étranger. Ce message peut bien être adressé à ses maîtres qui sont sous pressions américaines parce qu’ils veulent faire joujoux avec des armes destructrices comme ils font avec des missiles qui leur pètent à la gueule parce qu’ils ne les maîtrisent pas dans des pays où ils n’ont pas à y faire, le Liban par exemple. Que font les perses dans cette région qui ne les reconnaît aucunement à part terroriser par les armes et prendre ses citoyens en otage parce qu’ils sont incapables d’affronter leurs ennemis sur leurs territoires faute de courage et de moyens stratégiques? Le plus triste c’est que les américains tels des debutants tombent dans leur piège et leur font la guerre là où ils décident eux de la faire au lieu de les surprendre en attaquant leurs intérêts là où ils craignent d’être attaqués. Les responsables politiques manquent de jugeotes de nos jours qui ne font qu’étendre les problèmes dans le monde au lieu de les limiter. On regrette les Eisenhower, Roosevelt, Churchill, De Gaulle et les autres qui avec eux ce problème n’aurait pas duré plus de quelques heures.

    Sissi zayyat

    11 h 56, le 01 avril 2021

  • Ça suffit ! Il n'y a plus personne pour supporter ces discours truffés d'hypocrisie, de mensonges, d'ironie et de conneries. Effectivement, les Libanais n'ont pas le luxe du temps puisque c'est lui qui le détient et qu'il s'en sert pour nous mener en bateau sous les ordres des mollahs ennemis du Liban. Mais qu'attendent les Libanais pour déloger toute cette racaille ? Qu'est-ce qu'il leur faut de plus pour réagir et éradiquer cette gangrène ?

    Robert Malek

    10 h 35, le 01 avril 2021

  • L,ADAGE LIBANAIS DIT : ATAL EL ATIL OU MECHE BI JENEZTOU !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 54, le 01 avril 2021

  • "l'axe de la 'résistance; (entendrel Iran et ses suppôts) est "sur une pente ascendante" après avoir survécu ces dernières années la "pire période". . - Voilà qui n'est pas fait pour rassurer les libanais! Autrement dit, le Liban, par la lâcheté de ses dirigeants, a raté une occasion de secouer le joug insupportable que fait peser sur lui la milice iranienne.

    Yves Prevost

    06 h 54, le 01 avril 2021

  • "Nasrallah : Le Liban est à bout de souffle, il est temps de former le gouvernement". Est-ce que c'est maintenant qu'il le dit ou c'est maintenant qu'il le réalise ? Peut-être qu'après avoir lapidé les coffres de l'état ce sont ses coffres qui se vident. En tous les cas, c'est une bonne chose que ce sois-lui qui connecte ses partisans à la réalité des choses. Depuis le 17 octobre 2019, il leur fait croire que leurs problèmes viennent des Américains, de l'Arabie Saoudite et de Riad Salamé. Il faut quand mème reconnaitre qu'il est plus optimiste que le Président qui lui a cette curieuse impression que le Liban se dirige vers l'enfer. Tous les deux ne réalisent toujours pas qu'on est déjà dans le gouffre !

    Zovighian Michel

    04 h 09, le 01 avril 2021

  • "Le Liban est à bout de souffle, il est temps de former le gouvernement". A qui le dis-tu? Mais peut-être qu'on y serait déjà arrivé si tu ne t'en étais pas mêlé au départ en exigeant pour les chiites le ministère de l'Économie, en plus du droit de nommer avec ton copain/vassal Berry les ministres de ta confession. P

    Yves Prevost

    23 h 10, le 31 mars 2021

  • Ca y est ! Nasrallah prend note que Hariri est maintenant mur pour se faire rouler encore une fois dans la farine, comme d'hab. Gouvernement de 24 avec des valets choisis par les principaux "chefs" mafieux donc....

    Michel Trad

    22 h 54, le 31 mars 2021

  • Pouvez-vous mettre une musique d'accompagnement à chaque déclaration de nos pourritures nationales, je vous propose la chanson de Dalida : Parole, parole parole ....

    Zeidan

    22 h 45, le 31 mars 2021

  • SI UN GOUVERNEMENT EST FORME DE MINISTES NOMMES PAR LES PARTIS ET LES MERCENAIRES IL N,Y AURA PLUS DE LIBAN ET DANS QUELQUES ANNEES LE PAPE VIENDRAIT, COMME EN IRAQ, PRIER AVEC UNE MINORITE ABSOLUE DE CHRETIENS ENCORE RESIDENTS. CE SERA LE GRAND TRAVAIL DU CHEF FORT PRETENDU CHRETIEN. A NOTER PAR LE PATRIARCHE RAI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    22 h 10, le 31 mars 2021

  • Qu’il rende ses armes, et tout commencera à rentrer dans l’ordre !

    LeRougeEtLeNoir

    21 h 38, le 31 mars 2021

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