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Société - Initiative

Des étudiants libanais à la rencontre des déplacés syriens dans les camps de la Békaa

Des étudiants libanais à la rencontre des déplacés syriens dans les camps de la Békaa

Michel Ghneim dans un camp de déplacés syriens près de Karak, dans le caza de Zahlé. Photo DR

Alors que se tient la 5e édition de la conférence de Bruxelles pour la Syrie, un groupe d’étudiants issus de plusieurs universités a choisi d’effectuer une tournée dans des camps de réfugiés syriens de la Békaa pour écouter leurs doléances.

Leur objectif est de rédiger un rapport sur cette tournée, qui constituerait une sorte de documentaire filmé riche en témoignages, afin de le transmettre aux parties réunies à Bruxelles pour les alerter sur les besoins réels des réfugiés interrogés. Et, surtout, pour les informer de la volonté exprimée par de nombreux déplacés syriens de retourner dans leur pays, notamment dans les zones devenues sûres.

Derrière le souci humanitaire réel, il y a donc aussi un enjeu politique qui consiste à pousser la communauté internationale, et en particulier les pays donateurs réunis à Bruxelles pour aider près de 11 millions de réfugiés syriens répartis sur plusieurs pays, à écouter directement ce que disent les déplacés eux-mêmes, qui n’ont qu’un seul souhait, celui de rentrer chez eux...

À l’origine de cette initiative, l’activiste politique Michel Ghneim, lui-même étudiant en sciences politiques à l’UL, explique avoir voulu que les représentants des pays réunis à Bruxelles écoutent directement ce que veulent les déplacés syriens. Pendant deux jours, des étudiants ont donc sillonné la Békaa centrale, s’arrêtant dans plusieurs camps dans la région de Zahlé et de la Békaa-Ouest.Dans cette région, l’hiver a été rude et malgré le retour du soleil, le froid reste glacial, rendant les camps de déplacés installés là depuis près de dix ans inhospitaliers et tristes. Certains camps ont accès à l’électricité via des générateurs, mais d’autres en sont dépourvus, contraignant les déplacés à se réchauffer autour d’un feu de bois. Tous ceux qui ont été interrogés affirment ne pas avoir de problème d’eau. En revanche, les aides se font rares et ils doivent désormais se débrouiller eux-mêmes pour se procurer de la nourriture. Sur la Syrie, les enfants sont partagés. Ceux âgés de 7 à 10 ans et nés au Liban répètent ce que disent leurs parents. Pour certains, il s’agit d’une terre idéale, où la famille vivait bien sur ses terres. Pour d’autres, c’est une terre de violence qu’il a fallu fuir pour ne pas mourir. Les yeux de ces enfants reflètent les drames vécus par leurs parents et ici, l’enfance ne ressemble à nulle part ailleurs. Elle est peuplée de monstres, de peurs, de cris et d’un fond de colère.

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Quand on leur demande quelle est leur patrie, ls répondent toutefois dans un même cri : « La Syrie ! » Ce qui ne signifie pas nécessairement qu’ils veulent s’y rendre, puisque ce pays reste une inconnue totale pour eux. Assaad, 5 ans, déclare ainsi dans un langage approximatif : « Moi, je veux rentrer en Syrie et jouer à la balle avec mes voisins, comme me le raconte mon père. Ici, je joue avec les autres enfants, mais mon papa dit qu’en Syrie, tout est plus beau »...

Du côté des parents, les doléances sont multiples. La plupart des personnes interrogées se plaignent de la dureté de la vie dans les camps et de leur dignité bafouée. Le manque de moyens, la réduction des aides, toutes les promesses non tenues et le manque d’intérêt des instances internationales envers leur situation figurent parmi leurs revendications.

Pour certains, les souvenirs de leur fuite de la Syrie vers le Liban sont encore vivaces. Jusqu’à aujourd’hui, ils revivent la peur de cet exil précipité, dans la terreur. Si tous affirment vouloir retourner dans leur pays, nombreux redoutent encore les effets de la guerre. Hayat affirme ainsi que la Syrie est comme sa mère. « Peut-on abandonner sa mère ou renoncer à elle ? » demande-t-elle, ajoutant que son rêve est de revenir dans son pays pour y retrouver « sa vie d’avant ».

Installé dans le camp depuis des années, Omar Massoud confie se sentir comme un étranger. Il ne se sent pas en sécurité, a l’impression d’être à peine toléré. Pour lui, la seule possibilité de retrouver une vie normale est de retourner chez lui, en Syrie. Anouar, lui, reconnaît avoir peur des combats. Originaire du nord-est de la Syrie, sa région est encore instable et il a peur d’y retourner. Mais il affirme malgré tout qu’il pourrait envisager de s’installer dans les régions devenues sûres.

Très intéressé par ce dossier en tant que Libanais, Michel Ghneim affirme qu’avec ses camarades étudiants, ils ont posé des questions claires et les réponses des réfugiés ont été fidèlement enregistrées. Selon lui, la plupart des déplacés syriens veulent rentrer chez eux, sans attendre une solution politique. « Ils veulent seulement que leurs régions soient sécurisées et ne pas vivre dans la crainte des affrontements. Ils ne veulent pas rester dans l’attente d’accords internationaux, et ajoutent qu’ils n’auraient jamais cru rester aussi longtemps loin de leur pays. L’un d’eux m’a même dit : nous ne voulons pas être les nouveaux réfugiés palestiniens. Nous voulons refaire notre avenir en Syrie. » Pour Michel Ghneim, ces voix-là doivent être entendues, d’autant que l’écrasante majorité des déplacés interrogés se plaignent du fait que la communauté internationale n’a pas tenu ses promesses à leur égard.

Alors que se tient la 5e édition de la conférence de Bruxelles pour la Syrie, un groupe d’étudiants issus de plusieurs universités a choisi d’effectuer une tournée dans des camps de réfugiés syriens de la Békaa pour écouter leurs doléances. Leur objectif est de rédiger un rapport sur cette tournée, qui constituerait une sorte de documentaire filmé riche en témoignages, afin de...

commentaires (3)

Bravo aux étudiants. Les Libanais sont généreux comme l'ont été avec nous ceux qui nous accueilli pendant la guerre. Ces réfugiés sont victimes du même bourreau qui a phagocyte le Liban 30 ans et nous a laissé une milice infeodée comme cadeau d'adieu. Ceux qui critiquent ces réfugiés étaient bien silencieux quand la soldatesque assadienne a dépece notre pays

Liban Libre

22 h 24, le 30 mars 2021

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Commentaires (3)

  • Bravo aux étudiants. Les Libanais sont généreux comme l'ont été avec nous ceux qui nous accueilli pendant la guerre. Ces réfugiés sont victimes du même bourreau qui a phagocyte le Liban 30 ans et nous a laissé une milice infeodée comme cadeau d'adieu. Ceux qui critiquent ces réfugiés étaient bien silencieux quand la soldatesque assadienne a dépece notre pays

    Liban Libre

    22 h 24, le 30 mars 2021

  • Qu'on laisse ces gens rentrer chez eux au lieu de les 'fixer' au Liban avec des aides et subventions....

    Mago1

    13 h 33, le 30 mars 2021

  • je ne veux pas etre mechant mais quand meme l'auteure de cet article a pique ma curiosite . aurait elle laisse derriere elle tout interet porte a la politique du au desespoir, etre decue par les parties qu'elle defendait si cherement ? PS. ce serait tres revelateur .

    Gaby SIOUFI

    11 h 25, le 30 mars 2021

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