Le chef des Forces libanaises et leader maronite Samir Geagea a estimé lors d'un entretien sur la chaîne de télévision locale al-Jadeed qu'il n'était pas en faveur de la démission du chef de l'Etat, Michel Aoun, son opposant politique, tant que la "majorité" actuelle est encore au pouvoir, réitérant dans ce cadre son appel à des élections législatives anticipées.
"La pression actuelle pour une démission du président Aoun ne changera rien à la situation. Ce qu'il faut, c'est changer la majorité au pouvoir", a estimé Samir Geagea lors de son interview fleuve diffusée dimanche soir.
Le leader des FL s'en prend régulièrement depuis quelques mois à cette "majorité", composée du Courant patriotique libre (CPL, fondé par Michel Aoun), du tandem chiite Amal-Hezbollah et de leurs alliés. "Si le président de la République démissionne aujourd'hui, c'est cette majorité qui élira le nouveau président et il risque d'être aussi mauvais, sinon pire, que l'actuel et sera légitime pour six nouvelles années", a-t-il mis en garde.
"Renverser l'équilibre actuel"
Il a dès lors à nouveau appelé à la tenue d'élections législatives anticipées, estimant qu'elles sont nécessaires pour refléter les "nombreux changements" survenus "dans la société" libanaise au cours de l'année écoulée. "Evidemment, il n'y aura pas de changement au niveau de la totalité des 128 députés, mais les changements qui auront lieu devraient quand même permettre de renverser l'équilibre actuel au sein du Parlement", a-t-il affirmé. Répondant encore à certains observateurs qui l'accusent de vouloir viser la présidence suite à un tel scrutin, M. Geagea a affirmé que cela n'était "pas sa priorité", mais qu'étant donné la position de sa formation politique il était "naturel" qu'il soit candidat. "En changeant la majorité, nous pourrons élire un président d'un autre calibre que l'actuel et ce profil s'applique à de nombreuses personnalités et pas seulement à moi", a-t-il ajouté.
Insistant sur le fait que "la seule approche possible pour sauver le pays" était l'organisation d'élections anticipées, il a affirmé qu'il était "en contact avec les alliés des FL pour parvenir à des résultats" à ce sujet. "Nous nous mettrons à nouveau d'accord avec Saad Hariri au cas où nous déciderions d'une démission collective", a-t-il déclaré, en allusion à une démission des députés FL, du Courant du Futur (haririen) et de la Rencontre démocratique (joumblattiste). Samir Geagea avait déjà justifié à plusieurs reprises la décision de sa formation de rester au Parlement, arguant que la seule démission des députés du groupe FL (14 et deux apparentés) ne suffirait pas à faire tomber la Chambre.
La démission de Michel Aoun ainsi que de l'ensemble de la classe politique au pouvoir fait partie des revendications majeures du mouvement de contestation, lancé le 17 octobre 2019. Les premiers jours de ce soulèvement avait mené à la démission du Premier ministre Saad Hariri, qui a toutefois été à nouveau désigné en octobre pour former le futur cabinet, suite à la démission du gouvernement de Hassane Diab après la double explosion du 4 août 2020. Michel Aoun avait accédé à la présidence en octobre 2016, après 29 mois de vacance présidentielle, à la faveur d'un compromis avec les formations politiques de Saad Hariri et de Samir Geagea. Ce dernier a d'ailleurs affirmé à al-Jadeed qu'il avait été "obligé" d'apporter son soutien à l'élection de M. Aoun après s'être retrouvé en "position de défense". "Les gens qui ont permis à la majorité actuelle d'arriver au Parlement portent-ils la responsabilité de la situation actuelle dans le pays ? Cette logique est erronée. Nous avons permis au chef de l'Etat d'arriver à son poste, mais nous ne sommes évidemment pas responsables de la façon dont il agit", a-t-il déclaré.
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Je ne sais pas quand tout ce cirque va finir, mais je sais qu'il nous mène de plus en plus au désastre fatal. Il n'y a plus rien à commenter, ils délirent tous et pataugent dans leur incompétence et leur irresponsabilité. Il n'y a pas de solutions internes vu que le seuil de non retour a été franchi depuis longtemps. Pour éviter la disparition de la nation, il n'y a qu'une solution : une tutelle internationale du pays sur une période transitoire d'une durée nécessaire au changement total des systèmes politiques, économiques et sociaux. Le tout est de savoir si les mercenaires iraniens, et leurs alliés libanais, qui prennent le peuple en otage résisteront à déclencher une guerre civile.
Robert Malek
19 h 22, le 29 mars 2021