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Lifestyle - Patrimoine

La France débloque 500 000 euros pour soutenir la restauration du musée Sursock

Le montant versé ira à la reconstitution des vitraux et la réhabilitation du premier étage historique, notamment le magnifique salon arabe.

La France débloque 500 000 euros pour soutenir la restauration du musée Sursock

L’ambassadrice Grillo au cours de sa visite du musée Sursock, le 26 mars 2020, après la conférence de presse. Ici accompagnée de Zeina Arida et Tarek Mitri. Photo Michel Sayegh

Le musée Sursock, haut lieu de la vie culturelle beyrouthine, entièrement réhabilité en 2015 et agrandi de 7 000 mètres carrés d’espace souterrain par le duo d’architectes Jean-Michel Wilmotte et Jacques Abou Khaled, n’a pas été épargné le 4 août par la double explosion du port. Sa façade, percée de vitraux, a été pulvérisée, l’intérieur a été défiguré, les ascenseurs et les portes antifeu ont été soufflés, 53 œuvres ont été endommagées et doivent être restaurées.

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Face à ce désastre, dans un Liban enfoncé dans une crise économique aiguë qui plus est, la France a décidé d’agir et d’aider. La France contribue directement à la restauration du musée Sursock par le versement d’un demi-million d’euros, a ainsi annoncé vendredi l’ambassadrice de France au Liban, Anne Grillo. « Le patrimoine et la culture font partie intégrante de l’identité du Liban et de son rayonnement », a-t-elle rappelé au cours de la conférence de presse tenue au musée, en présence du président du comité du prestigieux établissement, l’ancien ministre Tarek Mitri, et de sa directrice Zeina Arida. « Soutenir le patrimoine et la culture n’est pas un luxe. C’est rendre hommage au passé du Liban et c’est aussi se tourner vers le futur ; c’est donner des raisons de vivre, des raisons d’espérer. C’est tout le sens de l’engagement de la France et des Français aux côtés des Libanais dans ces temps difficiles », a souligné Mme Grillo, ajoutant : « Le musée Sursock est l’écrin qui a accueilli tant d’expositions exceptionnelles. Comme j’aurais d’ailleurs aimé voir la magnifique exposition Picasso organisée en octobre 2019 ! Je formule le vœu que nous puissions nous donner comme ambition et perspective de travailler à une autre manifestation d’envergure, pour consacrer la renaissance de ce lieu magique. » L’enveloppe accordée par la France est réservée à la reconstitution de la façade de vitrail du musée et de son premier étage historique, notamment du célèbre salon arabe, dont les précieuses boiseries de Damas, datant du XIXe siècle, seront restaurées par la Maison Tarazi. L’artiste Maya Husseini réalisera les vitraux de la façade. Le groupe Saint-Gobain a offert l’intégralité du verre nécessaire, « deux tonnes et demie de verre », précise la directrice Zeina Arida, ajoutant que l’entreprise française a également fourni les gypsum boards, plaques de plâtre utilisées pour la finition des murs et des plafonds intérieurs.

Les importants dégâts du musée Sursock après la double explosion du 4 août. Photo Rowina BouHarb

Alliance de solidarités

Les sommes collectées à ce jour pour la restauration du musée ont atteint un million de dollars, auquel vient donc s’ajouter l’aide française de 500 000 euros. L’évaluation du coût des dégâts s’élève toutefois à trois millions de dollars. En réponse à la campagne organisée par l’Unesco, « l’Italie a promis d’allouer une subvention, ce qui permettra de faire avancer les travaux », rapporte à ce sujet le président Tarek Mitri. En attendant, « le budget prévisionnel du projet a été fait. Nous confirmons actuellement les devis avec les entreprises, avant d’établir les contrats », explique la directrice du musée à L’Orient-Le Jour. Elle signale aussi que différents types de restauration sont rendus possibles grâce à la solidarité de plusieurs opérateurs. Ainsi le don de 500 000 dollars versé par l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones de conflit (Fondation Aliph) a permis d’assurer la sécurisation du bâtiment et son étanchéité. L’Institut national du patrimoine (INP) a mis à la disposition du musée son équipement et son expertise pour la restauration des œuvres graphiques qui ont souffert de l’impact de l’explosion. Pour sa part, le Centre Pompidou interviendra sur le portrait déchiré de Nicolas Sursock, peint en 1930 par l’artiste hollandais naturalisé français Kees van Dongen (1877-1968), et sur une toile de Paul Guiragossian dont « la couche picturale a été affectée », signale Mme Arida. Elle rappelle également que le marché de l’art s’était mobilisé pour réunir des fonds, comme via la vente aux enchères de Christie’s en novembre dernier.

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Des acteurs libanais y participent également, chacun dans son domaine de compétence, explique-t-elle. À titre d’exemple, Isabelle Doumit Skaff effectue la réparation de la sculpture en métal de Saloua Raouda Choucair, Nathalie Hanna celle des céramiques. Sous la direction de la spécialiste Kerstin Khalifé, chargée de la restauration des peintures du ministère de la Culture prêtées au Beirut Museum of Art (BeMA), une poignée de volontaires des ONG Biladi et Blue Shield (organismes engagés dans la préservation du patrimoine) se sont mobilisés pour dépoussiérer 1 200 œuvres d’art. Enfin, le cinéaste Malek Hosni accompagnera les différentes phases de la renaissance du musée. Les entreprises libanaises et les citoyens font preuve également de générosité, soit en pièces sonnantes et trébuchantes, soit par leur assistance technique ou dons en nature. Il serait fastidieux de les citer tous, leurs noms figurent sur le site officiel du musée.

Les importants dégâts du musée Sursock après la double explosion du 4 août. Photo Rowina BouHarb

Le souffle de vie

La renaissance de cet illustre musée sera le symbole du phoenix de Beyrouth, ville de la culture. Pour illustrer la chaîne des solidarités en faveur du Liban qui s’est mise en place en France, l’ambassadrice de France a par ailleurs annoncé le lancement d’un programme d’urgence baptisé « Nafas ». Nafas (ou « souffle ») permettra à 100 artistes libanais, durement touchés dans l’exercice de leur profession, de maintenir une activité de création dans le cadre d’échanges culturels avec la France. Le programme, qui finance le billet d’avion aller-retour (Liban-France-Liban), une allocation de séjour à hauteur de 1 000 € par mois ainsi que les frais de visa et d’assurances, propose aux artistes libanais des résidences individuelles d’une durée de trois mois. Les artistes, toutes disciplines confondues, de tout le Liban, peuvent déposer un dossier de candidature avant le 30 avril. Toutes les informations se trouvent sur le site de l’Institut français du Liban. « Ce programme est exceptionnel parce que nous ne faisons cela avec aucun autre pays dans le monde. Exceptionnel aussi par la mobilisation de près de 40 institutions françaises d’accueil », a relevé Anne Grillo, avant de conclure sa conférence de presse en réaffirmant l’attachement de la France à la culture et au patrimoine beyrouthins. Soutenir ces deux domaines, « c’est redonner du souffle à ce pays, à ses talents, à sa jeunesse. C’est préserver la capacité de tous les Libanais à se relever, à écrire, à dessiner, à mettre en scène, à mettre en musique ou à filmer leur avenir, à penser un Liban uni dans sa diversité, fort et prospère. C’est enfin une nouvelle preuve, concrète, de la parole que tient la France à l’égard des Libanais de rester à leurs côtés ».

Le musée Sursock, haut lieu de la vie culturelle beyrouthine, entièrement réhabilité en 2015 et agrandi de 7 000 mètres carrés d’espace souterrain par le duo d’architectes Jean-Michel Wilmotte et Jacques Abou Khaled, n’a pas été épargné le 4 août par la double explosion du port. Sa façade, percée de vitraux, a été pulvérisée, l’intérieur a été défiguré, les...

commentaires (3)

Merci à la France et espérons que ce beau geste ramènera dans le musée la langue française à la place qu'elle occupait par le passé. Cela constituerait un signe fort de reconnaissance. Vive l'amitié franco-libanaise qui date du 13ème siècle !

Un Libanais

18 h 23, le 29 mars 2021

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Commentaires (3)

  • Merci à la France et espérons que ce beau geste ramènera dans le musée la langue française à la place qu'elle occupait par le passé. Cela constituerait un signe fort de reconnaissance. Vive l'amitié franco-libanaise qui date du 13ème siècle !

    Un Libanais

    18 h 23, le 29 mars 2021

  • MERCI A LA FRANCE TOUJOURS AU CHEVET DU LIBAN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 04, le 29 mars 2021

  • J'espère que le musée sera restauré au plus vite et qu'il adoptera un affichage trilingue; c'est le seul musée du Liban à avoir abandonné la langue française ! Le musée national, le musée Mim pour ne citer que ceux-là , sont intégralement trilingues. Une telle initiative serait conforme à l'histoire du Musée Sursock et à son environnement naturel, et élégant vis-à-vis de la France qui est venue à son aide.

    Tomb Roland

    00 h 53, le 29 mars 2021

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