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Politique - Repère

Qui sont les « spécialistes » de la mouture Hariri ?

Qui sont les « spécialistes » de la mouture Hariri ?

Saad Hariri à Baabda, hier. Photo Nabil Ismaïl

À l’issue d’un entretien orageux avec le chef de l’État au palais de Baabda, qui n’a duré qu’une vingtaine de minutes et semble avoir remis les compteurs à zéro en ce qui concerne la crise gouvernementale, le Premier ministre désigné Saad Hariri a rendu publique la mouture de son gouvernement de 18 ministres technocrates ou « spécialistes ». Une liste, a-t-il précisé, qu’il avait présentée au président de la République Michel Aoun il y a cent jours.

Dans le cadre du bras de fer entre les deux hommes, qui a atteint des sommets après la réunion d’hier, la diffusion de cette liste semble, pour Saad Hariri, être le moyen de mettre en avant sa volonté de respecter ses engagements vis-à-vis des Libanais… par opposition, toujours selon ses dires, à l’attachement du président et de son camp au partage du gâteau gouvernemental et au tiers de blocage. « Les Libanais jugeront », a-t-il ainsi déclaré en remettant la liste aux journalistes présents sur place.

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Mais qui sont les candidats de la mouture Hariri ? Outre le Premier ministre désigné lui-même, voici un extrait des CV des 17 candidats aux divers ministères :

1. Abdo Gerges, maronite, candidat au ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur : détenteur d’un doctorat de morphologie humaine de l’AUB en 1976, chercheur en biologie, professeur assistant et professeur dans plusieurs facultés de l’AUB, ainsi qu’à l’Université George Washington et à l’Université de Palerme, jusqu’à ce jour.

2. Antoine Klimos, maronite, candidat au ministère de la Défense : avocat diplômé de l’Université Saint-Joseph, membre de l’ordre des avocats depuis 1969, il a effectué son stage dans le bureau de Raymond Eddé, a été élu bâtonnier en 1997 (son mandat s’est caractérisé par la défense des libertés). En 2010, il a été élu membre du conseil exécutif de la Ligue maronite, puis président de cet organisme en 2016.

3. Fadi Samaha, grec-catholique, candidat au ministère des Télécommunications : ingénieur diplômé de l’Université du Texas, PDG et directeur exécutif du groupe Site Technology, il a été directeur général du ministère de l’Industrie de 2002 à 2005. Il a également été nommé à de hauts postes dans différentes entreprises du secteur de l’industrie au Liban de 1997 à 2002, ainsi qu’aux Émirats arabes unis et au Qatar de 1987 à 1989. Il est le trésorier du Conseil supérieur des grecs-catholiques et membre d’associations grecques-catholiques.

4. Fadia Kiwan, maronite, candidate au ministère de la Culture : ex-professeure de sciences politiques, directrice de l’enseignement supérieur de 2000 à 2015 et directrice de l’Institut des sciences politiques à l’USJ de 2002 à 2014, elle est la directrice générale de l’Organisation de la femme arabe depuis 2018 et jusqu’en 2022. Elle a également été conseillère du ministre de l’Éducation de 1990 à 1992, et du ministre de la Culture de 1992 à 1996, ainsi que conseillère auprès de nombreuses organisations internationales comme l’Unesco ou le PNUD. Elle a été membre du comité de l’Université des Nations unies et présidente du comité national de l’Unesco de 2002 à 2004.

5. Firas Abiad, sunnite, candidat au ministère de la Santé : président de l’hôpital gouvernemental Rafic Hariri depuis 2015 (sous les feux de l’actualité depuis le début de la pandémie de Covid-19), il est chirurgien de l’appareil digestif. Il a été conseiller en chirurgie générale au Specialized Medical Center Hospital entre 2001 et 2011. Il a également décroché en 2013 un MBA en gestion de l’AUB.

6. Ibrahim Chahrour, chiite, candidat au ministère des Travaux publics et des Transports : docteur en ingénierie civile de l’INSA à Lyon, il est lauréat d’un prix de recherche scientifique en France en 1991 pour sa thèse de doctorat. Directeur de programmes au Conseil du développement et de la reconstruction, il a contribué au Plan directeur d’aménagement du territoire et de plusieurs programmes de politiques publiques. Il est également membre du Conseil supérieur de l’urbanisme.

7. Jihad Mortada, chiite, candidat aux portefeuilles du Développement administratif et du Tourisme : il a été ambassadeur du Liban dans plusieurs pays notamment au Royaume-Uni, en Belgique, aux Pays-Bas et en Argentine, et auprès de différentes organisations, dont l’UE. Il a également été diplomate à Washington, Vienne et au Caire (ainsi que dans la délégation permanente auprès de la Ligue arabe).

8. Joe Saddi, grec-orthodoxe, candidat au ministère de l’Énergie et de l’Eau : cet homme d’affaires, doté de plus de 25 ans d’expérience dans le consulting, est le président de Strategy&, qui fait partie du réseau PwC. De 2008 à 2014, il a été président du conseil d’administration de Booz & Company dont il était aussi le managing director. Entre 1993 et 2008, il a été senior vice-président de Booz Allen Hamilton. Il est diplômé de l’Essec France et détenteur d’un MBA de gestion de Cornell en 1983.

9. Garabet Slikhanian, arménien, candidat aux ministères de l’Industrie et des Déplacés : directeur général de l’entreprise Saltek depuis 1977, expert en commerce international, expert en industrie, diplômé en mathématiques et en physique.

10. Loubna Meskaoui, sunnite, candidate au ministère de la Justice : diplômée en gestion de l’Université Saint-Joseph en 1990, en droit de l’Université libanaise en 1993, détentrice d’un doctorat en droit privé de l’Université arabe de Beyrouth en 2005. Elle est avocate en exercice depuis 1993, conférencière en droit des banques et des assurances, professeure en droit des banques et droit international depuis 2006, ainsi que conférencière en droit international et en droit des sociétés durant plusieurs années.

11. Maya Kanaan, chiite, candidate au ministère du Travail : détentrice d’un master en économie de l’AUB en 1999 et professeure d’économie depuis cette année-là, diplômée en droit de l’Université libanaise en 2001, diplômée de l’Institut d’études judiciaires en 2005 et juge au sein de cet institut de 2002 à 2005. Elle a également été juge au sein du comité de légifération et de consultation au ministère de la Justice de 2005 à 2010, avocate générale auprès des cours d’appel de Beyrouth de 2010 à 2017, commissaire adjointe du gouvernement près la cour militaire depuis 2017.

12. Nasser Yassine, sunnite, candidat aux ministères des Affaires sociales et de l’Environnement : détenteur d’un master en démographie de l’AUB en 1997, d’un master en développement de la London School of Economics en 2003 et d’un doctorat en planification de l’University College London en 2008. Directeur de l’Institut Issam Farès de l’AUB de 2019 à 2020 et directeur de recherche dans cette institution depuis 2014, professeur à l’AUB depuis 2005. Il a été analyste et chercheur en coopération internationale dans l’équipe de l’ancien Premier ministre (assassiné en 2005) Rafic Hariri en 2001-2002. Il a également été chercheur et consultant dans plusieurs organismes comme Green Alliance Think Tank (de 2004 à 2007), le PNUD (de 1997 à 2001), l’Unicef (de 1994 à 1997).

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13. Rabih Nerch, druze, candidat aux ministères des Affaires étrangères et de l’Agriculture : diplômé en gestion et en réforme administrative et développement, ainsi qu’en sciences politiques et administratives, détenteur d’un doctorat en sciences politiques en 2005 de l’Université libanaise, consul du Liban dans plusieurs pays de 1999 à 2008, chargé d’affaires à Freetown en 2009 et en Turquie en 2012-2013, ambassadeur en Inde en 2017-2018. Il a occupé plusieurs postes au sein du ministère des Affaires étrangères.

14. Chami Saadé, grec-orthodoxe, candidat au ministère de l’Économie : économiste, expert senior dans le groupe de la Banque du Koweït depuis 2018, secrétaire général de l’Autorité des marchés de capitaux depuis 2013, assistant-directeur puis directeur du centre Moyen-Orient du FMI de 1993 à 2013, professeur et directeur de l’Institut des études supérieures de gestion à l’AUB de 1987 à 1993.

15. Walid Nassar, maronite, candidat aux ministères de l’Information et de la Jeunesse et des Sports : ingénieur diplômé de l’ESIB (USJ) en 1994, détenteur d’un diplôme de contrôle de qualité ISO 201 de Veritas, d’un diplôme de planification et gestion de projets de la société Oracle, d’un diplôme de programmation du système de direction dans les institutions publiques, d’un diplôme de GIS, fondateur de plusieurs compagnies au Liban et en Arabie saoudite dans le domaine des projets publics depuis 2001, consultant pour des études techniques en prévision du sommet du G20 en 2020 et pour plusieurs grandes compagnies dans le monde, président de la Fédération de basket-ball libanais de 2013 à 2016.

16. Youssef Khalil, chiite, candidat au ministère des Finances : expert financier, directeur du département des opérations financières à la Banque du Liban, détenteur d’un doctorat en économie de l’institut CERDI de l’université de Clermont-Ferrand en France, diplômé de l’AUB en 1989, président de plusieurs associations et membre actif de plusieurs ONG au Liban et dans le monde.

17. Ziad Abou Haïdar, grec-orthodoxe, candidat au ministère de l’Intérieur et des Municipalités : juge, diplômé en droit de l’USJ en 1983, procureur général près la Cour de cassation de Beyrouth depuis 2014, avocat général dans la Békaa de 2009 à 2014, juge unique à Baalbeck de 1996 à 2009, président de la Commission nationale chargée du dossier des Libanais détenus en Syrie depuis 2018.

À l’issue d’un entretien orageux avec le chef de l’État au palais de Baabda, qui n’a duré qu’une vingtaine de minutes et semble avoir remis les compteurs à zéro en ce qui concerne la crise gouvernementale, le Premier ministre désigné Saad Hariri a rendu publique la mouture de son gouvernement de 18 ministres technocrates ou « spécialistes ». Une liste, a-t-il...

commentaires (5)

Belle équipe! Mais le Hezbollah préfère garder la carte du Gouvernement en vue des négociations sur les armes... En effet, Nassrallah a haussé le ton après le retour de sa délégation de Russie! Aoun est hors jeu...

Alexandre Husson

22 h 48, le 23 mars 2021

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Commentaires (5)

  • Belle équipe! Mais le Hezbollah préfère garder la carte du Gouvernement en vue des négociations sur les armes... En effet, Nassrallah a haussé le ton après le retour de sa délégation de Russie! Aoun est hors jeu...

    Alexandre Husson

    22 h 48, le 23 mars 2021

  • Il est sûr qu’ils ne feront pas regretter l’ancienne équipe mafieuse aux bras cassés.

    Sissi zayyat

    10 h 38, le 23 mars 2021

  • Plus de la moitié des ministres ne sont pas spécialisés sur leur ministère d’affectation. C’est risible. Il y a également des spécialités croisées qui laissent présager de possibles affaires de corruption. Hariri lui-même est incapable de manager, il avait déjà enterré nombre de réformes post CEDRE, comme le plan national anti corruption, la modernisation de l’état, ... Sommes devenus si crédules ?

    Sam

    10 h 30, le 23 mars 2021

  • hariri soumet la liste que aoun lui aurait envoyee portant les noms des partis "sponsors" dedies a chaque ministere, aoun nie cela et dit ne lui 'avoir fait parvenir qu'une liste avec seulement les confessions attribuees a chaque ministere. LA VERITE MR LE PROFESSEUR ?

    Gaby SIOUFI

    10 h 14, le 23 mars 2021

  • Au vu de leur CV, il semble s'agir de gens compétents. Bien sûr, nous ne savons rien de leur intégrité et de leur liberté d'action vis-à-vis des partis. De toutes façons, le président de la République a rejeté la liste qu'il prétend non conforme à la Constitution. On attend ses arguments.

    Yves Prevost

    07 h 29, le 23 mars 2021

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