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Société - Contestation

La rue ne décolère pas, le Liban secoué du Nord au Sud en passant par la capitale

Le quartier beyrouthin de Aïcha Bakkar a été témoin d’un échange de tirs lors duquel plusieurs personnes ont été blessées, dont un cadre du mouvement Amal.

La rue ne décolère pas, le Liban secoué du Nord au Sud en passant par la capitale

Des dizaines de manifestants, en majorité venus de Tripoli, ont tenté d’entrer de force à l’intérieur du ministère de l’Économie hier. Photo Mohammad Yassine

Nouvelle journée mouvementée, hier, à travers le Liban, plusieurs axes routiers ayant été coupés plus ou moins longtemps dans quasiment toutes les régions du pays, y compris dans la capitale.

La journée a notamment été marquée par la tentative, de la part de protestataires, d’investir le ministère de l’Économie et une querelle armée dans le quartier beyrouthin de Aïcha Bakkar qui a fait craindre une flambée de violences partisanes. Des événements qui interviennent dans un contexte de crise socio-économique aiguë, accompagnée d’une hausse record du prix des carburants hier, d’une poursuite de la dépréciation de la livre libanaise (le dollar s’échangeait hier autour de 14 000 LL) et d’annonces d’une levée prochaine, selon un plan pas clairement défini pour le moment, des subventions sur les carburants justement et les produits de première nécessité.Dans ce contexte difficile, des dizaines de manifestants, en majorité venus de Tripoli, ont tenté hier matin d’entrer de force à l’intérieur du ministère de l’Économie, dans le centre-ville de Beyrouth, ce qui a provoqué des échauffourées avec les policiers déployés sur les lieux. « Nous réclamons l’octroi de cartes prépayées pour soutenir les plus pauvres, et non plus de subventions de produits. Soutenez les Libanais pauvres. Pourquoi les riches doivent-ils également bénéficier de subventions ? » s’interrogeait l’activiste Rabih el-Zein, présent parmi les manifestants, dans des propos accordés à L’Orient-Le Jour. Rabih el-Zein a ensuite été reçu par le ministre sortant de l’Économie, Raoul Nehmé, afin de lui exposer ses griefs, mais la rencontre a tourné court après que l’activiste a réclamé de pouvoir filmer en direct cet entretien, ce que le ministre sortant a refusé. Les protestataires se sont ensuite rendus devant le domicile de M. Nehmé, à Achrafieh, où ils ont fait face à un déploiement policier.

Après-midi, des dizaines de manifestants antipouvoir se sont rassemblés sur l’autoroute de Damas, à proximité du palais présidentiel de Baabda, près duquel ils voulaient crier leur colère. Selon des sources dans les milieux des activistes, il s’agit du même groupe qui s’était mobilisé devant le ministère de l’Économie. Ils ont toutefois dû rebrousser chemin face à un déploiement massif de militaires qui les a repoussés sans incidents. Des dizaines de soldats et de policiers antiémeute avaient été déployés un peu plus tôt.


Une route bloquée avec des pneus incendiés à Nabatiyé. Photo ANI

Tensions à Aïcha Bakkar

L’après-midi a également été marqué par un incident sécuritaire dans le quartier beyrouthin de Aïcha Bakkar lors duquel plusieurs personnes ont été blessées, dont un cadre du mouvement Amal. Le secteur a été le théâtre de fortes tensions pendant une partie de l’après-midi et des hommes armés ont été aperçus dans le quartier, tandis que des salves de tirs étaient entendues par les habitants. L’armée s’est par la suite déployée sur les lieux afin d’éviter tout dérapage sécuritaire.

Selon des sources concordantes, des tirs ont éclaté suite à une querelle impliquant Samer Ammar, directeur du bureau du responsable de la sécurité du chef du Parlement Youssef Dimachk (alias Abou Khachbé), et son fils, d’un côté, et des partisans du courant du Futur, de l’autre. Dans les faits, le fils de Samer Ammar tentait de traverser un barrage installé dans le quartier et les contestataires l’en ont empêché. Son père est intervenu et la situation a dégénéré en accrochages armés. Selon la même source, Samer Ammar a été atteint de deux balles et a été transporté à l’hôpital. Son état s’est stabilisé en soirée. Dans un communiqué, le courant du Futur a souligné que la querelle a éclaté « pour des motifs personnels » et n’a aucun lien avec le parti ni avec la politique. Une version qui a été corroborée par une source proche d’Amal, pour laquelle il s’agit également d’un incident individuel.

La banlieue sud de Beyrouth n’a pas été en reste. Des protestataires y ont bloqué plusieurs axes routiers, notamment la route qui mène vers l’aéroport et le croisement situé au niveau de l’ambassade du Koweït à Bir Hassan. Selon des sources concordantes, parmi les manifestants se trouvaient de simples citoyens comme de nombreuses personnes affiliées au mouvement Amal. Ces manifestations refléteraient-elles une volonté du courant du président du Parlement, Nabih Berry, d’adresser un message politique au président de la République, Michel Aoun ? Ou alors seraient-elles l’expression de dissensions internes avec le Hezbollah ? Il n’y avait pas de réponse claire à ces questions hier. Ailleurs à Beyrouth, les routes à Corniche el-Mazraa, Barbir et Verdun ont été brièvement fermées par des protestataires à l’aide de bennes à ordures, provoquant des embouteillages monstres, et sans rassemblements citoyens significatifs. En soirée, des dizaines de protestataires se sont rassemblés au niveau de l’autoroute à Zouk et l’armée s’est déployée dans le secteur.


La route menant vers l’Aéroport international de Beyrouth a été bloquée hier. Photo DR


Saïda, Baalbeck et le Akkar...

Dans les régions, l’autoroute menant vers le Sud a été coupée au niveau de Jiyé et de Barja au moyen de camions et de pneus enflammés. La route reliant Saïda à Tyr a été bloquée au niveau de Baysariyé et de Adloun, de même pour la route maritime reliant les deux villes. Dans la ville de Saïda, des chauffeurs de taxi en colère ont brièvement bloqué l’accès à la place Élia, pour dénoncer la hausse des prix du carburant. Des appels à manifester aujourd’hui jeudi devant le Sérail de Saïda ont été lancés sur les réseaux sociaux. À Nabatiyé et Kfar Remmane, certains axes routiers ont été bloqués au moyen de pneus incendiés. De même dans les villages de Mays el-Jabal et Deir Mimas (Marjeyoun).Dans la Békaa, la route de Taalabaya a été fermée, ainsi que l’axe Baalbeck-Homs. Des appels à manifester aujourd’hui à 15h, place al-Moutran à Baalbeck, ont été lancés en ligne. L’autoroute de Saadnayel a également été fermée avec des monticules de terre et des bennes à ordures, ce qui a provoqué des embouteillages à l’intérieur de la ville.

Par ailleurs, des routes ont été brièvement bloquées par des protestataires à Qobbé (Tripoli) et à Minié, dans le Nord. Dans le Hermel, le secteur du sérail de la ville a été bloqué à l’aide de pneus brûlés.

Dans le Akkar, la plupart des supermarchés ont fermé leurs portes, empêchant les clients de s’approvisionner et notamment d’acheter des produits subventionnés, dans un contexte de volatilité des prix exacerbée par les fluctuations de la monnaie nationale. Les habitants ont appelé les autorités compétentes, et notamment la direction de la protection du consommateur, à visiter les lieux et à demander des comptes à ceux qui pratiquent un monopole. D’après ces habitants, des magasins rouvrent en catimini dans la ville de Halba et s’abstiennent de vendre aux citoyens des produits subventionnés. Une situation qui conduit à des incidents entre employés et consommateurs.

Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, un jeune militant du Akkar, connu sous le pseudonyme John Cena, a annoncé pour sa part l’interception d’un camion de contrebande transportant du carburant en direction de la Syrie. La vidéo montre la distribution du carburant transporté par le camion à des dizaines d’habitants de la région munis de bidons en plastique. 

Nouvelle journée mouvementée, hier, à travers le Liban, plusieurs axes routiers ayant été coupés plus ou moins longtemps dans quasiment toutes les régions du pays, y compris dans la capitale.
La journée a notamment été marquée par la tentative, de la part de protestataires, d’investir le ministère de l’Économie et une querelle armée dans le quartier beyrouthin de Aïcha Bakkar...

commentaires (4)

Mais je ne vois pas la fin . Mr. Berry fait venir tes milliards de l'étranger quand à Hassouna il attend les ordres des ayatollahs pauvre Liban.?????

Eleni Caridopoulou

16 h 21, le 18 mars 2021

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Mais je ne vois pas la fin . Mr. Berry fait venir tes milliards de l'étranger quand à Hassouna il attend les ordres des ayatollahs pauvre Liban.?????

    Eleni Caridopoulou

    16 h 21, le 18 mars 2021

  • Dans un monde parfait, tous ceux qui savaient, facilitaient la contrebande de produits subventionnés, sur le nitrate, l'usage de l'argent des déposants, etc., ne devaient plus avoir le droit de gouverner. ni même parler au public dans les médias. Mais le monde n'est pas parfait !

    Shou fi

    12 h 54, le 18 mars 2021

  • CITOYENS LIBANAIS SOUVENEZ-VOUS QUE LA LIBERTE, LES REFORMES, LA DEMOCRATIE ET LA PROSPERITE NE SE DONNENT PAS. ELLES SE PRENNENT. - QU,UN TSUNAMI POPULAIRE GIGANTESQUE SE LEVE ET BALAIE TOUTES CES CLIQUES MAFIEUSES DU PLUS PLUS HAUT DE L,ECHELLE ET JUSQU,AU DERNIER ECHELON ET NETTOIE LES ETABLES DES AUGIAS LIBANAIS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 18, le 18 mars 2021

  • "John Cena, a annoncé pour sa part l’interception d’un camion de contrebande transportant du carburant en direction de la Syrie.". Le craburant a, ensuite, été distribué au xhabitants de la région. Bravo! Une preuve de plus que le gouvernement ne VEUT PAS empêcher la contrebande. Si de simples civils int pu intercepter ce camion, pourquoi les forces régulières ne le peuvent-elles pas?

    Yves Prevost

    07 h 30, le 18 mars 2021

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