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Nos Lecteurs ont la Parole

Négociations pour un gouvernement de mission ou bien marché de dupes ?

Le président Emmanuel Macron attend qu’un gouvernement de mission soit formé mais comprendrait qu’un gouvernement « d’union nationale » soit mis en place.

Très nombreux sont ceux qui affirment que cela n’aura pas lieu.

Pourtant, le trio Hezbollah-Amal-CPL sait très bien que ce gouvernement de mission serait provisoire, de transition, et que son rôle principal serait de procéder à des réformes vitales pour le pays qui permettraient au FMI de débloquer dix à quinze milliards de dollars pour remettre le pays sur les rails.

Or ce sont ces réformes qui font peur au trio, car ces réformes incluent, d’une part, la surveillance des frontières et la mise sous tutelle de l’État de tout ce qui touche au ministère des Transports (port, aéroport, trafic frontalier) et, d’autre part, la réforme du secteur d’EDL qui ruine le pays puisqu’il a été comptabilisé par des dizaines d’économistes à 40 milliards de dollars de pertes.

Le Hezbollah perdrait un revenu minimal d’un milliard de dollars par an s’il n’avait plus les ministères de la Santé et des Transports, selon aussi de nombreuses sources.

Alors pourquoi le CPL et le Hezbollah vont-ils accepter des ministres non dévolus à leurs intérêts ?

Ce qu’ils perdraient en termes de rentabilité commerciale, car là est la question, est nettement supérieur à ce que le pays y gagnerait.

Pour le trio, le Liban est une immense société commerciale dans laquelle ils sont majoritaires et qu’ils défendent jalousement grâce à une milice payée en partie par les actionnaires iraniens, et en partie par les Libanais eux-mêmes, à leur insu.

Saad Hariri n’aura jamais un gouvernement d’indépendants. Le même problème se répète à l’infini et il le sait. Ce qui fait que d’indépendants, on passe à superdépendants, puis de superdépendants à 1/3 de blocage.

C’est encore pire qu’à Doha, car à Doha, il y avait 1/3 de blocage pour tous les partis du 8 Mars comptabilisés ensemble, comme une seule entité. Cette fois ils veulent 1/3 de blocage pour le courant aouniste seul !

Donc en réalité, ils auront les 2/3 de blocage. Et avec 2/3 de blocage, on fait 3/3 de tout ce que le 8 Mars désire.

Le trio Hezbollah-Amal-CPL joue avec notre misère comme un chat avec une souris.

Le chat sait qu’il va finir par la dévorer, mais lui laisse croire qu’elle a une chance de s’en sortir.

Nous avons été des pigeons pendant 15 longues et douloureuses années.

Comme dans les calendriers animaliers chinois, après la période du chat vient celle de la souris. Nous n’allons pas accepter d’être des souris. On ne peut plus négocier avec nos mafieux, avec nos assassins, avec des milices chargées de superviser et orienter les négociations.

Tout compromis s’est transformé en compromission, et l’ensemble des compromissions en soumission. À chaque fois, ils ont volé un peu de l’influence des partis du 14 Mars parmi leurs partisans.

Ils savaient très bien qu’ils n’allaient pas respecter les accords de Meerab. Ils ont placé M. Geagea dans un embarras calculé.

Geagea n’avait pas prévu une telle hypocrisie et un tel reniement de leurs engagements. Pourtant, ils sont nombreux, ceux qui avaient prévenu M. Geagea. M. Geagea cherche à redresser la situation. Il faut l’aider à le faire en acceptant l’idée d’un front, et non pas en le mettant à l’index pour d’autres considérations.

Si nous réagissons en tant qu’épiciers, le supermarché du 8 Mars va nous ruiner. Le seul mot d’ordre d’actualité de ce front doit être celui préconisé par de nombreux responsables politiques : tous contre la mainmise armée du Hezbollah sur le Liban. Tous pour l’application des résolutions 1559-1680-1701.

On ne doit pas se faire des guerres pour nos différences mais on doit faire un front pour nos points communs : la lutte contre le Hezbollah milicien.

On ne peut pas bâtir un front unifié en fissurant nos rangs avec les ressentiments du passé.

Quitte à se répéter : les dangers de l’avenir doivent être plus déterminants que les erreurs du passé. Les deux dernières interviews de Sami Gemayel montrent qu’il est absolument déterminé à bâtir son propre front avec des groupes issus du 17 Octobre. Et elles montrent aussi qu’il ne veut pas entendre parler d’une plateforme commune avec les Forces libanaises.

Qu’il bâtisse un front, pas de problème avec cela, mais il doit participer à un front encore plus large car l’ennemi est fort, dangereux et ne fait pas de cadeaux.

Nous comprenons que Sami Gemayel reproche à Samir Geagea son accord avec le CPL, comme de nombreux Libanais, mais tous ont fait des erreurs. Va-t-on devenir des ennemis alors que l’ennemi principal, le Hezbollah, veut notre extinction programmée ? Toute nuance d’ordre électoral ou d’ordre tactique apportée par les uns ou les autres ne devrait pas aboutir à empêcher la formation de ce front.

Par le reniement des accords de Meerab, le CPL et le 8 Mars, en général, ont semé le doute au sein de quelques partisans des FL. Comme ils l’ont fait avec Walid Joumblatt en lui envoyant des chemises sales pour le faire changer d’avis et modifier la majorité parlementaire.

Aujourd’hui, parmi les révolutionnaires, tous critiquent Joumblatt car, à force de marcher au cliquetis de leurs armes, il a perdu toute crédibilité (mis à part les reproches sur la corruption). Dommage, car il est doté d’une pensée politique qui aurait dû s’investir ailleurs.

Saad Hariri doit se réveiller s’il veut encore pouvoir jouer un rôle dans sa communauté. La révolution lui a déjà arraché une partie de sa communauté. Il ne peut plus jouer avec le feu.

Qu’il écoute ses conseillers les plus offensifs. Qu’il écoute mieux la rue. Il ne suffit pas d’avoir démissionné une fois pour la gagner.

Les victimes ne peuvent faire des gouvernements avec leurs assassins. C’est contre nature. Il faut arrêter cette mascarade avant qu’elle ne détruise encore plus le Furur.

Le TSL a reconnu la culpabilité du Hezbollah, alors Saad Hariri ne peut pas dire : bien qu’il soit coupable, je m’associe à lui.

C’est inconcevable.

Le 14 Mars est mort non pas parce que le Hezbollah l’aurait assassiné, mais parce qu’il a fait des accords avec ses assassins. Ça ne suffit pas cette leçon ? Il en faut d’autres ?

Ne vaudrait-il pas mieux que Saad Hariri présente son montage gouvernemental composé de personnes totalement indépendantes sans tenir compte de l’avis des dictateurs iraniens, comme le lui conseillent de nombreux politiciens ? Qu’il les laisse refuser ce gouvernement. Ils n’en veulent pas, c’est évident.

D’autre part, ils vont faire traîner cette situation car il leur faut du temps pour essayer de faire oublier le fiasco de Gebran Bassil auprès des Libanais. Il leur faut absolument faire un miracle : celui de transformer l’homme le plus méprisé au Liban en homme de la providence. Pas facile.

La multiplication des pains et la transformation du vin en eau étaient des jeux d’enfant par rapport à ce miracle exigé par les aléas politiques du désastre aouniste.

Cela explique les dizaines d’interviews incessantes sur les chaînes télévisées faites par les responsables aounistes. Ils veulent regrouper la meute. Et refaire de Bassil le chef de la meute pour le rendre crédible en tant que futur président, et cela ferait peut-être partie des retombées indirectes des négociations avec l’équipe Biden. Dommages collatéraux pour nous.

Pas évident d’élire un président sanctionné par l’équipe Trump.

S’ils n’y arrivent pas, alors peut-être, comme l’a suggéré Wi’am Wahhab sur la MTV, et selon le contexte international et la pression populaire libanaise, Michel Aoun pourrait aussi accepter la fin de son mandat et passer par le passage obligé de Sleiman Frangié.

L’avenir n’est pas enthousiasmant. Aussi je ne comprends pas du tout ceux qui réclament la démission de Michel Aoun.

Ils ont peut-être de bonnes raisons, mais quelles sont-elles ? Mystère.

Ceux qui savent ne disent rien. Car il se peut que le président présente lui-même sa démission s’il y a un consensus extérieur sur Bassil.

Alors, la Chambre des députés votera simplement à la majorité 50 %+1 et avec 2/3 de présence le règne du beau-fils.

Comment peut-on demander la démission du président ?

Ils n’attendent que cela pour faire hériter Bassil.

Sinon, Michel Aoun reste à son poste et se fera prolonger son mandat jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Le président Emmanuel Macron attend qu’un gouvernement de mission soit formé mais comprendrait qu’un gouvernement « d’union nationale » soit mis en place.
Très nombreux sont ceux qui affirment que cela n’aura pas lieu.
Pourtant, le trio Hezbollah-Amal-CPL sait très bien que ce gouvernement de mission serait provisoire, de transition, et que son rôle principal...

commentaires (1)

PERSPECTIVES EFFARANTES . TOUTES LES OPTIONS SONT INFERNALES . AOUN SUCCEDE A AOUN FRANGIEH SUCCEDE A AOUN PTI GENDRE SUCCEDE A AOUN. GRANDIOSE PEUPLE DU LIBAN ARRIVE ENFIN EN ENFER.

Gaby SIOUFI

16 h 42, le 18 mars 2021

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Commentaires (1)

  • PERSPECTIVES EFFARANTES . TOUTES LES OPTIONS SONT INFERNALES . AOUN SUCCEDE A AOUN FRANGIEH SUCCEDE A AOUN PTI GENDRE SUCCEDE A AOUN. GRANDIOSE PEUPLE DU LIBAN ARRIVE ENFIN EN ENFER.

    Gaby SIOUFI

    16 h 42, le 18 mars 2021

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