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Nos Lecteurs ont la Parole

Le crépuscule du capitalisme et du socialisme

Depuis la fin de XVIIIe siècle, suite à la révolution industrielle, des philosophes politiciens et économistes sont à la recherche d’un système politique et économique équitable qui résolve le dilemme entre les chefs d’entreprise et les travailleurs.

Le capitalisme appliqué pendant la révolution industrielle a déclenché le débat, basé sur la propriété privée des moyens de production, le libre-échange sur les marchés et la libre concurrence. Les conditions de travail des ouvriers étaient désastreuses, comme l’avait bien décrit Émile Zola : « Au XIXe siècle, les ouvriers sont très mal payés, les conditions de travail sont très dures, certains gémissent sous le poids de l’exploitation sans cesse accrue : privés d’argent, affamés… »

Plusieurs économistes ont voulu tempérer ce capitalisme primitif en faveur de plus de droits à la classe laborieuse au détriment de la classe capitaliste. Ils plaident pour l’intervention de l’État afin de résoudre la question sociale et trouver plus d’équilibre entre les protagonistes. Leurs pensées se détachent du libéralisme et se fait l’annonciatrice du socialisme, comme J.-C.-L. Simonde de Sismondi (1773-1842) qui réagit contre le libéralisme absolu et qui était pour l’intervention de l’État afin de résoudre la question sociale. Comte de Saint-Simon (1760-1825) plaide pour les associations industrielles, où la part du prolétariat grandit dans ses rangs. Henry Ford est inspiré pour l’appliquer dans ses usines où les salaires se sont indexés sur les gains de productivité.

Dans ce contexte, plusieurs mouvements politiques ont vu le jour à partir des années 1820. Ces mouvements étaient reconnus en tant que partis de gauche, comme le socialisme et des courants d’inspiration marxiste, dont le but est d’établir une société avec moins de différences entre ses classes, ou sans classes, d’après les communistes. Leur point commun est la recherche d’un monde meilleur, basé sur l’égalité entre citoyens et la justice sociale, fondé sur une organisation sociale harmonieuse.

Un bilan

Le XXe siècle était un laboratoire de la majorité de ces idées. Après 100 ans de pratique, des pouvoirs politiques d’orientation et de pays différents, on peut aujourd’hui faire un bilan. En commençant par le communisme fondé sur les idées de Karl Marx et Friedrich Engels qui reposent sur l’abolition des classes sociales, c’est-à-dire une société sans salariat, ni classes sociales, ni États, ni frontières. Ils prêchent l’athéisme, l’abolition de la famille et la propriété privée, et ils conçoivent la dictature du prolétariat comme une phase transitoire de dictature révolutionnaire, nécessaire pour abattre le pouvoir de la bourgeoisie. Mais comme il a été appliqué durant le XXe siècle, le pouvoir politique se transforme en une dictature de parti unique accusé de dogmatisme et d’intolérance face aux autres courants de pensée du socialisme. On voit bien ce qui est arrivé à la Russie, la Chine, l’Indochine, Cuba, et combien d’atrocités ont été commises au nom de la justice sociale. Leurs économies étant bloquées par la perte de l’initiative personnelle chez les travailleurs qui se sentaient découragés, des famines étaient au rendez-vous dans plusieurs de ces pays et la terreur était le mode principal de gouvernement. On estime à 100 millions les victimes des pouvoirs communistes dans le monde.

La famine dans l’URSS

Après la révolution d’Octobre 1917 déclenchée par Lénine et durant le règne de Lénine et Staline, l’URSS a connu la famine à plusieurs reprises. Lénine était même obligé de revenir momentanément à la libéralisation économique limitée avec la Nouvelle politique économique (NEP) qui était supprimée par Staline. On estime le bilan soviétique à environ 20 millions de morts, causé par l’oppression et les famines et des millions rendus au stade d’esclaves dans le Goulag. Dans la Chine de Mao, la révolution culturelle (1966-1976) conduit à la mort et à la persécution de millions d’individus. La Chine commence à s’en sortir de ses problèmes après Mao avec Deng Xiaoping, qui réalise des réformes économiques d’inspiration libérale à l’intérieur du régime communiste. La Chine assiste, depuis, à un boom économique, mais au détriment des droits de travail des ouvriers, à l’opposition de l’aspiration du régime communiste. Au Cambodge, durant le règne de Pol Pot (1975-1979), on estime le nombre de victimes de massacres et de morts par épuisement suite aux travaux forcés et aux pénuries de nourriture à 1,5 ou 2 millions de morts, ce qui correspond à 20 % de la population. D’autres pays communistes ont expérimenté des problèmes similaires.

L’expérience de la droite

De l’autre côté, les régimes qui pratiquent le libre-échange ont aussi dérapé, comme les régimes fasciste et nazi, considérés comme d’extrême droite. Pour le fascisme de Mussolini, ils ont adopté depuis 1923 une politique sociale avancée, avant le gouvernement du Front national en France. Pour les nazis, la politique sociale des 25 Points avait été abandonnée, au détriment d’une politique d’économie de guerre, et Mussolini les a suivis. Les deux parties ont conclu un accord avec le patronat, en échange de leurs aides financières et de leur contribution à l’industrie de guerre, au détriment des droits des ouvriers. Les nazis ont transformé une grande partie des ouvriers à des esclaves, dans des conditions de vie monstrueuses.

Après la Seconde Guerre et pendant les Trente Glorieuses, le monde et surtout les pays développés ont profité de la liberté et de la prospérité qui régnaient en vue d’une nouvelle vision politique et économique. L’extrême droite est alors éclipsée, et la droite modérée avec les socialistes dominent la scène. Tous les deux optent pour une politique sociale qui protège les travailleurs, comme la Sécurité sociale, l’augmentation des salaires, les indemnités pour les chômeurs et le système de retraite.

Durant les années soixante-dix, avec la crise de pétrole, une dépression économique voit le jour. Tous les acquis des travailleurs deviennent très lourds pour l’économie. Lorsque Thatcher et Reagan arrivent au pouvoir, ils allègent l’économie en supprimant un grand nombre de droits des travailleurs et un grand nombre de pays les suivent. L’économie démarre bien, mais au détriment des droits acquis des salariés. Cela crée de l’insécurité chez les citoyens qui cherchent la protection chez leurs semblables, ce qui contribue à la montée du nationalisme, du racisme, de la xénophobie et de l’esprit séparatiste qui fragilise l’Europe.

À l’exception de quelques exemples rares, nous sommes dans l’impasse. Nous n’avons pas trouvé encore un système qui fasse fonctionner l’économie et qui préserve les droits des travailleurs. Peut-être avec l’évolution, un homme nouveau sera né qui respectera le droit d’autrui et séparera l’idée du travail et de l’argent, où les idées de Karl Marx et Friedrich Engels se réaliseront par le biais de l’évolution au lieu de la lutte des classes. Il y a un autre facteur qui entrera en jeu, l’intelligence artificielle qui changera la donne en remplaçant un grand nombre de métiers et qui créera un nouveau défi.

Références :

« Le Livre noir du communisme », ouvrage collectif dirigé par

Stéphane Courtois.

« Le naufrage des civilisations »,

d’Amin Maalouf.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Depuis la fin de XVIIIe siècle, suite à la révolution industrielle, des philosophes politiciens et économistes sont à la recherche d’un système politique et économique équitable qui résolve le dilemme entre les chefs d’entreprise et les travailleurs.Le capitalisme appliqué pendant la révolution industrielle a déclenché le débat, basé sur la propriété privée des...

commentaires (1)

Comme lecteur europeen du journal, je tiens pourtant a etre en desaccord avec "la montée du nationalisme, du racisme, de la xénophobie et de l’esprit séparatiste". D'accord si on est contre racisme et xenophonie (mais on doit etre prudent d'accuser des gens de cela). Mais nationalisme et separatisme n'ont pas de la place dans la liste. En tous cas de mon point de vue le séparatisme et la 'division' en nations c'est une bonne chose et richesse de l'Europe. Je pense par exemple au fait que dans l'histoire espagnole il y a une tendance de séparatisme des Catalans et Basques, et que cela etait une bonne chose qui permet les erreurs de la centralisation. Souvent on voit que le nationalisme et separatisme ne sont pas la cause de problemes, mais plutot le desir du pouvoir central d'ecraser et d'effacer et de detruire avec violence, le separatisme.

Stes David

21 h 49, le 16 mars 2021

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Commentaires (1)

  • Comme lecteur europeen du journal, je tiens pourtant a etre en desaccord avec "la montée du nationalisme, du racisme, de la xénophobie et de l’esprit séparatiste". D'accord si on est contre racisme et xenophonie (mais on doit etre prudent d'accuser des gens de cela). Mais nationalisme et separatisme n'ont pas de la place dans la liste. En tous cas de mon point de vue le séparatisme et la 'division' en nations c'est une bonne chose et richesse de l'Europe. Je pense par exemple au fait que dans l'histoire espagnole il y a une tendance de séparatisme des Catalans et Basques, et que cela etait une bonne chose qui permet les erreurs de la centralisation. Souvent on voit que le nationalisme et separatisme ne sont pas la cause de problemes, mais plutot le desir du pouvoir central d'ecraser et d'effacer et de detruire avec violence, le separatisme.

    Stes David

    21 h 49, le 16 mars 2021

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