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Lifestyle - Un peu plus

Les monologues du vagin au Liban

Les monologues du vagin au Liban

Manifestation pour les droits de la femme à la place des Martyrs. Photo M.A.

Achta, Amoura, Tizik helwé… Il suffit qu’une femme fasse quelques pas dans la rue pour qu’elle se fasse interpeller, draguer, insulter. Regards concupiscents, phrases vulgaires, mains au cul et j’en passe. Être une femme au Liban est un combat de tous les jours. Que ce soit au supermarché, au travail, au sein même de son foyer, sur les réseaux sociaux… ou sur un plateau télé. La veille de la Journée internationale de la femme, Sandrine Atallah, célèbre sexologue qui œuvre pour l’émancipation, la culture et l’éducation sexuelle, que ce soit sur sa chaîne YouTube ou dans son Podcast Haké Sarih, a été humiliée et insultée par les panélistes présents dans l’émission Gheir kawkab (Une autre planète, qui porte très bien son nom) où elle était invitée. Nul besoin de mentionner que cesdits panélistes étaient des hommes. Nul besoin de rappeler qu’hormis deux ou trois émissions et deux ou trois journalistes, la télévision libanaise nivelle, depuis des années, par le bas. Mais là n’est pas le sujet. Le problème rencontré durant cette émission, c’est qu’elle est à l’image d’une société qui demeure misogyne. Normal quand on est régi par un système patriarcal et composé en majorité d’hommes. Lorsqu’un chanteur de pacotille et totalement has been interpelle Sandrine Atallah pour lui dire que lorsqu’il entend le mot mahbal (vagin en arabe), il a envie de s’enfuir, il ne réalise pas la stupidité de ses propos. En fait, pour lui, c’est normal d’énoncer une telle stupidité. Le vagin doit sûrement l’effrayer. Comme il terrifie encore un grand nombre d’hommes dans le monde et au Liban en particulier.

Mais c’est surtout la sexualité des femmes qui dérange. Et la sexualité tout court. Le sujet reste tabou même s’il fait partie intégrante de nos vies. Et lorsque c’est une femme qui en parle, on trouve ça indécent, vulgaire, même pire, séducteur. Comme l’a mentionné cet autre abruti également présent sur le plateau : « Quand tu parles, ta voix est séduisante. » Heureusement que le ridicule ne tue pas, ces hommes-là seraient morts sur le coup. Parler de sexe serait donc réservé aux hommes. Les mots vagin, clitoris, hymen, qui sont des termes scientifiques, ont fait ricaner les présents, qui se sont cru permis de dénigrer le travail d’une femme qui en sait beaucoup plus qu’eux. Au-delà du manque de connaissances, d’éducation et de courtoisie, ils ont fait preuve d’une misogynie et d’un sexisme à nul autre pareil. Et fort malheureusement pour eux et heureusement pour nous, les réseaux sociaux se sont enflammés. Et leur testostérone (si tout du moins, ils en ont) n’a fait qu’un tour. Tout comme le sang des gens qui ont non seulement montré leur soutien à Sandrine Atallah dont la force de caractère et le flegme ne sont plus à démontrer, mais qui ont remis sur le tapis le sexisme que subissent les femmes vivant au Liban, libanaises ou pas.

Et le chemin est long avant que l’on ne sorte de ce système qui humilie les femmes au travers des lois, mais aussi dans les médias et dans les commentaires émis par une bande de machos mal dans leur peau. Le chemin est long avant qu’on n’arrête de traiter Shaden Fakih de lesbienne, alors que c’est loin d’être une insulte. Avant qu’on accepte la mise en vente d’un sex toy (toujours illégal au Liban) destiné aux femmes arabes et dont l’identité a été conçue par Mauj. Avant de condamner les harceleurs et agresseurs de la gent féminine. Avant qu’on ne comprenne qu’une femme violée n’est pas responsable. À savoir qu’il aura fallu attendre 2017 pour que la loi qui permettait à un violeur d’être exempté de poursuites s’il épousait sa victime soit enfin abolie.

Les femmes ont une longue bataille à mener, même si le vent commence à tourner peu à peu, grâce à des associations, à la mise en lumière des graves assauts qu’elles vivent quotidiennement et grâce à des hommes aussi féministes qu’elles, et qui ne vivent pas, eux, dans un autre univers. Parce que ne l’oublions pas, il n’y a pas de droits de l’homme, sans les droits des femmes.

Chroniqueuse, Médéa Azouri anime depuis bientôt un an avec Mouin Jaber « Sarde After Dinner », un podcast où ils discutent librement et sans censure d’un large éventail de sujets, avec des invités de tous horizons. Tous les dimanches à 20h00, heure de Beyrouth.

L’épisode avec Sandrine Atallah, invitée de « Sarde » le 2 août 2020 est à voir sur :

https://youtu.be/1aZN4nwV2yM

Achta, Amoura, Tizik helwé… Il suffit qu’une femme fasse quelques pas dans la rue pour qu’elle se fasse interpeller, draguer, insulter. Regards concupiscents, phrases vulgaires, mains au cul et j’en passe. Être une femme au Liban est un combat de tous les jours. Que ce soit au supermarché, au travail, au sein même de son foyer, sur les réseaux sociaux… ou sur un plateau télé. La...

commentaires (3)

M.Azouri a séché . Cet article est non seulement exagéré mais ne se traitevse surplus que par des spécialistes en la matière .

Hitti arlette

18 h 57, le 13 mars 2021

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • M.Azouri a séché . Cet article est non seulement exagéré mais ne se traitevse surplus que par des spécialistes en la matière .

    Hitti arlette

    18 h 57, le 13 mars 2021

  • Un énième article sur le sujet, mais bon sang, laissez aux libanaises leur pudeur, on n'a vraiment pas envie de voir ça sur nos plateaux télé, on y subit assez de conneries comme ça, le sexe et la religion à la maison, point-barre. Soutenons plutôt les associations qui luttent contre la violence domestique et la maltraitances des employés de maison. Remballez vos sex-toys madame, même si ça fait désinhibé et "modekhne"!

    Christine KHALIL

    20 h 42, le 12 mars 2021

  • Toute mon admiration pour la féminité de Mme Azouri. Il a de la chance Mr Jaber de travailler avec la dame.

    DJACK

    17 h 38, le 12 mars 2021

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