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Nos Lecteurs ont la Parole

Covid-19 : ni démondialisation ni monde d’après

En 2016, la victoire invraisemblable de Donald Trump à l’élection présidentielle et celle du « leave » au référendum du Brexit sonnaient le glas de la fin d’une mondialisation qui semblait pourtant dopée par la numérisation des années 2010. Le « America First » et le « No » à l’Union européenne prophétisaient ainsi le retour des nations et enclenchaient un compte à rebours d’un début de démondialisation. Depuis, les populistes ne cessent de renvoyer tous les discours à la mythique année 2016, celle du triomphe de la démondialisation dans deux des plus influentes démocraties pionnières, et en 2017, l’arrivée de Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle confirmait la tendance populiste montante et manquait de peu d’infliger à la France le règne si redouté de l’extrême droite.Le 20 avril 2020, au summum de la première vague de la pandémie de Covid-19, Jean-Jacques Bourdin recevait à son micro Olivier Bogillot, président de Sanofi France qui prônait le retour de la fabrication de certains principes actifs stratégiques en France, après que celle-ci ent été délocalisée en Inde ou en Chine. Les frontières fermaient progressivement les unes après les autres, les exportations étaient stoppées net, et pour les masques de protection grand public, le « made in China » cédait doucement la place au « fabriqué en France » ou même au « made in Europe ». La pandémie de Covid-19 semblait avoir porté le coup de grâce à cette mondialisation si décriée à tel point que l’on surnommait la Covid-19 « le virus de la démondialisation » et que l’on se demandait à quoi pourrait bien ressembler le monde d’après-Covid. Mais les mois défilaient et le choc amorcé par la pandémie se dissipait au fil du temps : les exportations repartaient de plus belle et les usines chinoises réapprovisionnaient l’Europe en masques chirurgicaux à des prix défiant toute concurrence. Les frontières rouvraient en dépit d’un nombre de cas de Covid toujours plus croissant et, comme une flamboyante démonstration du rejet américain du nationalisme, en novembre 2020, « Sleepy Joe » – devenu « Uncle Joe » par la suite – réveilla le multilatéralisme américain lorsqu’il est élu président des États-Unis. Joe Biden s’est depuis engagé à revenir sur tous les décrets signés par Trump qu’il juge refermant les États-Unis aux autres pays du monde, et notamment celui portant sur l’accord de Paris qui réaffirme avec conviction que les pays du monde entier s’engagent ensemble à combattre le réchauffement climatique. Et comme pour amoindrir l’impact d’une mésaventure nationaliste, l’Union européenne et le Royaume-Uni sont parvenus à un accord qui, bien qu’il ne réintègre pas le Royaume-Uni dans l’Union, s’avère bénéfique aux deux entités et préserve les intérêts de l’une et de l’autre. Un juste compromis entre la volonté souveraine du peuple britannique et la place du Royaume-Uni sur la scène internationale. Le monde d’après-Covid semble ressembler fortement à celui d’avant-Covid, à quelques différences près seulement : qu’on se serre la main beaucoup moins désormais, qu’on reste plus longtemps derrière les écrans, et que l’on a peut-être compris maintenant ce que la Chine sait depuis déjà bien longtemps : la mondialisation n’est pas antinomique avec le patriotisme et n’empêche pas la mise en place d’une suffisance nationale en produits de première nécessité.

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En 2016, la victoire invraisemblable de Donald Trump à l’élection présidentielle et celle du « leave » au référendum du Brexit sonnaient le glas de la fin d’une mondialisation qui semblait pourtant dopée par la numérisation des années 2010. Le « America First » et le « No » à l’Union européenne prophétisaient ainsi le retour des nations et...

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