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Société - Universités

« Si la jeunesse part, c’est l’avenir qui part » : l’appel à l’aide de l’USJ

L’université lève des fonds pour répondre aux besoins sociaux aiguisés par la pandémie et les explosions du 4 août.

« Si la jeunesse part, c’est l’avenir qui part » : l’appel à l’aide de l’USJ

Cérémonie de remise de diplômes sur le campus de Mar Roukoz : l’éducation universitaire est en danger. Photo Michel Sayegh

L’Université Saint-Joseph (USJ) vient de lancer dans l’urgence, par les soins de la Fondation USJ et en collaboration avec la Fédération des anciens, un appel aux dons pour les Fonds de bourses dans le cadre de la campagne « Donner pour éduquer ». Cette campagne a pour objectif de lever des fonds pour soutenir les étudiants rendus financièrement vulnérables par les effets combinés de la crise économique, de la double explosion du port et de l’épidémie de Covid-19. Le montant total collecté, à ce jour, est de 5,4 millions de dollars, alors que les besoins sont évalués à plus de 7,5 millions.

L’Université Saint-Joseph compte, bon an mal an, quelque 12 000 étudiants. Près de la moitié d’entre eux bénéficient de facilités financières, bourses où prêts. Bien que largement anticipés, les besoins des étudiants ont commencé à augmenter en 2021 avec la crise bancaire qui a appauvri les Libanais et entraîné une hausse du chômage. La pandémie a suivi. Après la double explosion du port de Beyrouth, le 4 août, l’urgence a augmenté de manière exponentielle. Plus de 1 528 étudiants et familles d’étudiants ont été affectés par ce drame et 125 d’entre eux identifiés comme ayant besoin d’une aide financière supplémentaire.

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Justifiant cet appel de fonds lancé principalement en direction des anciens, des amis et des bienfaiteurs, le P. Salim Daccache, recteur de l’USJ, redoute un enchaînement d’événements qui conduiraient à l’apparition d’une « génération perdue ». « Les ressources de l’université s’amenuisent, affirme le recteur de l’USJ, notre appel à la solidarité est un pari sur l’avenir. Car le risque de perdre une génération existe bel et bien. Le rectorat de l’université se trouve en face de l’ambassade de France. Et le matin, trois fois par semaine, nous assistons, effarés, à la formation d’une longue file d’attente de demandeurs de visa, qui s’étire jusqu’au musée. Les jeunes désertent le pays. C’est le capital humain de tout un pays qui s’en va. On dirait que toute une génération abdique. Si la jeunesse part, c’est l’avenir qui part. Et je parle des Libanais, pas des chrétiens seulement. »

Une décision courageuse

« En janvier 2021, le conseil de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth a pris la décision courageuse de ne pas augmenter les scolarités pour le second semestre 2021, sachant que plus de 46 % de nos étudiants bénéficient d’une aide sous une forme ou une autre », souligne Cynthia Ghobril-Andréa, directrice de la Fondation USJ qui centralise les dons et les fonds d’aide de l’université.

« Cette décision doit permettre aux étudiants de continuer leurs études malgré tout, souligne Mme Ghobril-Andréa. Mais ceci va entraîner un large déficit de 32 milliards de livres libanaises environ. C’est pour cela qu’il est important de multiplier les efforts de solidarité avec l’USJ et ses étudiants. »

(Pour vos dons, c'est ici)

Et Mme Ghobril-Andréa d’ajouter : « L’USJ fait en outre appel à ses anciens, amis et partenaires pour assurer un budget de 20 millions de dollars destiné à accorder des bourses à plus de 3 000 étudiants en difficulté financière, mais aussi à divers frais, dont la réhabilitation des campus et facultés dévastés par l’explosion du 4 août, ainsi que l’Hôtel-Dieu, et des aides ponctuelles à des familles défavorisées. »

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Pour Nathalie (20 ans), étudiante en 3e année de nutrition, « la vie normale s’est arrêtée » le 4 août. « Depuis, nous vivons au jour le jour, dit-elle, ne sachant comment joindre les deux bouts, frais universitaires et réparation de son appartement, situé en face du port. Ma sœur souffre d’un traumatisme crânien grave et ne s’en remettra sans doute pas. Les aides accordées par l’État ont été inégalement distribuées, et des familles qui n’en ont pas vraiment souffert ont été dédommagées au-delà de toute probité. Mais nous, zéro. »

Les effets combinés des explosions du port et de la pandémie ont entraîné une baisse drastique des revenus du père de Rony (19 ans), un dentiste que sa santé rend particulièrement vulnérable au virus. Étudiant à la faculté de médecine dentaire, le jeune homme n’avait d’autre choix que de se diriger vers le service social de son université pour obtenir un sursis de paiement.

Des étudiants vivant sous le seuil de pauvreté

« Payer la scolarité au détriment des frais de subsistance les plus élémentaires ? Tel semble être le dilemme auquel un grand nombre de parents sont confrontés actuellement, commente pour L’OLJ Shiraz Akl, directrice du service social de l’USJ. Les fins de mois sont de plus en plus difficiles, surtout si le salaire n’est pas entièrement payé ou si le chômage s’est installé durablement. » « Jamais nos assistantes sociales n’ont recueilli autant de témoignages de jeunes en détresse, ajoute Mme Akl. Ils parlent de mémoires et de vies brisés à la suite de l’explosion du 4 août, et des centaines d’entre eux s’en trouvent amèrement affectés. »

« La proportion d’étudiants en difficulté est troublante, s’inquiète en effet Shiraz Akl qui est aussi mère de famille. L’aide financière sur critères sociaux a presque atteint cette année 17 millions de dollars, mais reste pourtant insuffisante vu le nombre élevé d’étudiants toujours en retard dans le payement de leur scolarité de l’année passée. » « Un nombre élevé de jeunes de 18-24 ans vivent même sous le seuil de pauvreté, s’alarme-t-elle, certains ayant perdu l’activité rémunérée qui leur permettait de subvenir à leurs besoins pendants leurs études. Des aides ponctuelles, cumulables avec les aides en bourse, ont été parfois nécessaires pour répondre à la demande croissante d’étudiants en graves difficultés financières. »

« Nos étudiants sont précieux et ils sont notre avenir. Ils font des études pour prendre leur destin en main et comptent sur leur diplôme pour devenir rapidement un soutien nécessaire à leurs parents. Les soutenir est une responsabilité humaine, mais surtout nationale. Ils feront vivre le Liban de demain », conclut la directrice du service social de l’USJ.

L’Université Saint-Joseph (USJ) vient de lancer dans l’urgence, par les soins de la Fondation USJ et en collaboration avec la Fédération des anciens, un appel aux dons pour les Fonds de bourses dans le cadre de la campagne « Donner pour éduquer ». Cette campagne a pour objectif de lever des fonds pour soutenir les étudiants rendus financièrement vulnérables par les effets...

commentaires (9)

Que voulez-vous que la jeunesse reste faire dans un pays vendu au diable ? Chaque jour qui passe tue le peu d'espoir qui habite encore certains.

Robert Malek

10 h 40, le 07 mars 2021

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Commentaires (9)

  • Que voulez-vous que la jeunesse reste faire dans un pays vendu au diable ? Chaque jour qui passe tue le peu d'espoir qui habite encore certains.

    Robert Malek

    10 h 40, le 07 mars 2021

  • Que voulez-vous que la jeunesse reste faire dans un pays vendu au diable ? Chaque jour qui passe tue le peu d'espoir qui habite encore chez certains.

    Robert Malek

    02 h 54, le 07 mars 2021

  • Oui, c’est vrai, on veut éduquer, donner des diplômes universitaires à toute notre jeunesse..... et là, on réalise que beaucoup de ces jeunes n’ont plus de quoi payer leurs études, vont être obligés d’emigrer, hypothéquant l’avenir du pays.....Non mais, que d’hypocrisie, de langue de bois et d’absurdité de la part de ces responsables: comme si le problème est tout nouveau!....Mais ça fait des années que le Liban est en train de perdre le fleuron de sa jeunesse éduquée: les universités foisonnent, distribuent les diplômes à gogo et puis?.... Aucun débouché local, où salaires de misère et ces jeunes quittent simplement le pays pour de meilleurs cieux, s’y installent et jurent qu’ils n’y remettront plus les pieds...J’en connais une bonne quinzaine dans cette situation et même leurs parents s’en accommodent en disant qu’ils sont en sécurité, gagnent bien leur vie, et envoient de l’argent à leurs familles....C’était bien « le père de tous » qui avait dit au début de la révolution d’Octobre au peuple, que celui qui n’est pas content quitte le pays..... en s’imaginant que les Libanais de la diaspora qui réussissent vont continuer à investir au pays....qu’on arrête donc ces jérémiades universitaires, messieurs!

    Saliba Nouhad

    18 h 11, le 06 mars 2021

  • La jeunesse souffrent surtout de l’horizon bouché que leur offre ce pays. Les diplômes sont partis vers d’autres horizons où jeunesse rime avec richesse. Intellectuelle, professionnelle et personnelle. On leur ouvre grand les portes du savoir pour s’enrichir et profiter de leur savoir et leur envie de progresser et de se servir du diplôme chèrement empoché, lorsqu’au Liban on leur coupe les vivres, on les séquestre dans le noir et on les empêche d’occuper des postes répondants à leurs compétences dans tous les domaines leur préférant des vendus incultes qui occupent des postes volés pour servir les fossoyeurs de la nation. C’est ça couper l’herbe sous les pieds et encourager l’exil, une forme comme une autre de faire la guerre aux citoyens honnêtes pour les dégoûter. Ils sont allés jusqu’à propager des rumeurs sur la fermeture de certaines universités pour faire paniquer et vider le Liban de sa jeunesse utile au pays.

    Sissi zayyat

    16 h 33, le 06 mars 2021

  • Pas grave pas besoin de sonner l'alarme!! On remettra gibran aux affaires étrangères, ou même à la présidence, et il ramènera tout le monde au bercail dans quelques années où décennies...ya pas la panique, voyons! A leur retour on fera, bien sûr, des soirées de "math pour les idiots" et "d' endoctrinement pour les c--s!!

    Wlek Sanferlou

    16 h 26, le 06 mars 2021

  • La culture au Liban a toujours été le talon d’Achille des obscurantistes qui nous font la guerre et veulent réduire le Liban à un pays où règne l’ignorance pour pouvoir le dominer. Avec des esprits libres et éclairés ils perdent à tous les coups. Battons nous et allons chercher notre argent la où il se trouve et cessons la mendicité insaturée par tous pouvoirs qui se sont succédés et qui est devenue un mode de vie au Liban d’où l’influence de certains pays donateurs pour ne pas dire l’ingérence dans nos affaires intérieures et les exigences de ces derniers depuis des décennies. Pour être libre il faut être autosuffisant et nous avons toute la possibilité de l’être en dégageant les voleurs traitres qui sucent le sang de ce pays et comme ça n’est pas suffisant , ils continuent de nous humilier en quémandant.

    Sissi zayyat

    16 h 12, le 06 mars 2021

  • Je trouve aussi que L’OLJ censure à outrance. Il va falloir remettre dans la charte les nouvelles conditions parce que là nous sommes dans le flou cher au pouvoir. Est ce que les responsables du journal ont un certain contrôle sur le modérateur (trice) qui se relayent où c’est en fonction de ses ou leurs penchants politiques que nos commentaires sont censurés? Il est important de savoir parce qu’à la base nous nous sommes abonnés à un journal libre qui prône la liberté d’expression.

    Sissi zayyat

    16 h 03, le 06 mars 2021

  • OLJ, VOUS ETES LES FOSSOYEURS DE LA LIBRE EXPRESSION QUE VOUS ETOUFFEZ DONC ASSASSINEZ SUR LE FORUM.

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 12, le 06 mars 2021

  • A MON HUMBLE CONNAISSANCE MON COMMENTAIRE EST FRANC ET N,INSULTE PERSONNE. IL DIT CE QUI VRAIMENT SE PASSE. POURQUOI LE CENSURER DEMOCRATES ET DEFENSEURS DE LA LIBRE EXPRESSION DE L,OLJ ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 59, le 06 mars 2021

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