La justice serait-elle le nouveau champ de bataille entre haririens et aounistes ? La question s’est posée hier dans les cercles politiques suite à une affaire impliquant le général Imad Osman, directeur des Forces de sécurité intérieure, réputé proche du courant du Futur. De retour à son poste de premier juge d’instruction par intérim près le tribunal militaire, le juge Fadi Sawan, récemment dessaisi de l’enquête sur la tragédie du 4 août, a remis au ministère de l’Intérieur une demande pour interroger le général Osman, dans le cadre d’une plainte déposée contre lui par un ancien juge. Une demande que le ministre Mohammad Fahmi entendrait rejeter.
Les milieux du Futur et plusieurs médias locaux pointent du doigt l’ancien commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, Peter Germanos, qui serait l’auteur de cette plainte. Mais alors que celui-ci assure à L’Orient-Le Jour qu’il n’en est rien, une source proche du dossier confirme que c’est bien le cas. Selon cette source, cette affaire remonte à mars 2019 : le juge Germanos, réputé comme gravitant dans l’orbite aouniste, aurait intenté un procès contre Imad Osman pour avoir cassé une décision judiciaire qu’il avait émise.
C’est surtout le timing de la remise sur le tapis de ce dossier qui a poussé le courant du Futur à conférer à la polémique une dimension éminemment politique liée au bras de fer entre le chef de l’État, Michel Aoun, et le Premier ministre désigné, Saad Hariri, au sujet de la formation du gouvernement.
Le nouveau round de l’affaire intervient un an après la démission de Peter Germanos du tribunal militaire, ce que d’aucuns avaient interprété comme un abandon de ce juge par les partis au pouvoir. Le dossier Osman cacherait ainsi une volonté de vengeance à l’encontre du courant du Futur, selon le communiqué publié mardi par le parti haririen. Dans ce texte, le parti a déploré le fait qu’« un juge porte plainte contre le directeur des FSI, suite au comportement d’un autre juge dont la corruption a été révélée au grand jour », faisant référence à des accusations liées à un courtier qui aurait agi comme intermédiaire entre le juge Germanos et certains accusés (voir L’OLJ du 11 février 2020). Le parti s’est également dit « désolé de constater que les décisions de certains magistrats répondent à des demandes politiques, suivant les besoins ». Une façon d’accuser Fadi Sawan d’opter pour des comportements vindicatifs.
commentaires (5)
Ce n'est plus une republique bananiere, mais plutot un CIRQUE!
IMB a SPO
17 h 03, le 04 mars 2021