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Société - Enquête sur les explosions de Beyrouth

Les familles des victimes donnent trois semaines au juge Bitar

Les habitants de plus de 17.000 logements détruits ou endommagés ont reçu des compensations financières de la part de l'État, annonce l'armée. 

Les familles des victimes donnent trois semaines au juge Bitar

Des proches de victimes des explosions du 4 août lors d'une veillée de prière devant le port de Beyrouth. Photo Marc Fayad

Les familles des victimes de la double explosion le 4 août au port de Beyrouth ont donné trois semaines au nouveau juge chargé de l'enquête, Tarek Bitar, pour dévoiler les premiers résultats concernant cette affaire. Lors d'une conférence de presse donnée au Club de la presse, ces familles ont par ailleurs dénoncé plusieurs manquements des services publics après le drame.

Prenant la parole au nom du comité des familles des victimes, Ibrahim Hoteit, qui a lui-même perdu son frère dans la catastrophe, a notamment dénoncé la mauvaise gestion de l'État dans le traitement des personnes blessées. Il a notamment critiqué le fait que le ministère de la Santé n'a pas diffusé à tous les hôpitaux du pays la liste complète des blessés. En conséquence, les personnes qui, suite à la double explosion, ont besoin d'être suivies médicalement sur le long terme sont obligées de se rendre dans les hôpitaux où elles ont été soignées pour la première fois lors de l'explosion pour que leurs frais puissent être couverts par le ministère ou la Caisse nationale pour la sécurité sociale (CNSS). Il a également pointé du doigt les ministères de la Défense et des Finances pour leur mauvaise gestion des dossiers des compensations dont peuvent bénéficier les familles des victimes, dans le cadre de la loi adoptée fin novembre assimilant les victimes à des "martyrs" de l'armée. Parmi les reproches adressés à ces deux ministères, M. Hoteit a évoqué le fait que des documents présentés pour bénéficier du statut de "martyr de l'armée" avaient été refusés, sous prétexte que l'heure du décès de la victime n'était pas indiquée de manière précise, et que la Défense et les Finances se rejetaient la responsabilité de cette procédure. "Nous leur demandons d'arrêter immédiatement cette farce", a-t-il lancé. Il a entre autres regretté que cette loi ne prenne pas en compte les droits des personnes qui se sont retrouvées handicapées suite à la déflagration.

Trois semaines
Revenant par ailleurs sur les derniers développements de l'enquête et sur la nomination il y a deux semaines du juge Tarek Bitar en tant que juge d'instruction près la Cour de justice, après la mise à l'écart de Fadi Sawan, le porte-parole a souligné que les familles laissaient trois semaines à M. Bitar pour qu'il dévoile les premiers résultats de son enquête. "Nous ne permettrons pas que se reproduise ce qu'il s'est passé avec Fadi Sawan", a-t-il affirmé, annonçant qu'en cas de nouvelle ingérence politique dans l'enquête, les proches de victimes se rendront directement chez les responsables faisant obstacle à l'instruction. "Nous ne voulons pas que le sang de nos martyrs ait coulé en vain", a-t-il déclaré, appelant la cour de Cassation, dont la chambre pénale avait pris la décision de dessaisir le juge Sawan, à "bien réfléchir" avant de prendre toute décision éventuelle concernant les suites de l'enquête "pour ne pas être considérée comme responsable de la ruine du pays". "Arrêtez vos petits calculs étroits, sinon vous deviendrez la cible de notre révolution", a-t-il menacé. 

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La double explosion meurtrière au port de Beyrouth a fait plus de 200 victimes et 6.500 blessés, ravageant des quartiers entiers de la capitale sans qu'aucun responsable n'ait été jugé jusque-là. Plusieurs responsables sécuritaires et politiques, notamment le Premier ministre sortant Hassane Diab, avaient été inculpés pour négligence par le juge Sawan. Ce dernier avait été écarté de l'instruction il y a plus de deux semaines suite à un recours déposé contre lui par les députés et anciens ministres Ghazi Zeaïter et Ali Hassan Khalil, également mis en accusation, ainsi que l'ancien ministre Youssef Fenianos. 

Compensations pour les sinistrés
Par ailleurs, l'armée libanaise est revenue sur la distribution des compensations financières versées par l'État aux personnes dont les logements ont été endommagés par la déflagration. Un porte-parole militaire a rappelé que 150 milliards de livres libanaises avaient été alloués jusque-là par les autorités. Il a indiqué que les militaires avaient commencé à distribuer ces fonds pour la réparation des logements dits "normaux" et "moyens" (par opposition aux logements dits "luxueux" et "super luxueux") les plus proches du lieu de la déflagration, afin d'effectuer les réparations les plus importantes, comme l'installation de portes et fenêtres, précisant que cet ordre de priorité avait été établi étant donné que le montant de 100 milliards prévu au départ était insuffisant pour compenser tous les sinistrés". 

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Depuis le début de ces distributions et jusqu'à la semaine dernière, les habitants de 17.107 logements ont dès lors reçu des dédommagements. La distribution se poursuivra pour les personnes considérées comme prioritaires, avant que ne puissent en bénéficier les logements considérés comme luxueux et les bâtiments historiques. Lorsque ces versements auront tous été effectués, l'armée entreprendra la distribution de fonds pour compenser les propriétaires de voitures, entreprises et commerces endommagés. 

Selon l'institution militaire, le montant de 150 milliards de livres jusqu'à présent alloué couvre 10% seulement des 1.500 milliards de compensations prévus par la loi adoptée mi-octobre 2020 sur la protection et la reconstruction des quartiers sinistrés.

Les familles des victimes de la double explosion le 4 août au port de Beyrouth ont donné trois semaines au nouveau juge chargé de l'enquête, Tarek Bitar, pour dévoiler les premiers résultats concernant cette affaire. Lors d'une conférence de presse donnée au Club de la presse, ces familles ont par ailleurs dénoncé plusieurs manquements des services publics après le drame.Prenant la...

commentaires (2)

LE JUGE DOIT VOIR QUI DISPOSAIT DE CE NITRATE ET RETIRAIT DES QUANTITES DE TEMPS A AUTRE, TRES FACILE A TROUVER, DONC LE PROPRIETAIRE, ET COMMENCER PAR LA. TOUT COMMENCEMENT PAR LA QUEUE EST UN SIGNE POUR ETOUFFER L,AFFAIRE ET MENAGER LE PROPRIETAIRE/UTILISATEUR POUR DES RAISONS POLITIQUES OU D,INTIMIDATION.

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 16, le 01 mars 2021

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Commentaires (2)

  • LE JUGE DOIT VOIR QUI DISPOSAIT DE CE NITRATE ET RETIRAIT DES QUANTITES DE TEMPS A AUTRE, TRES FACILE A TROUVER, DONC LE PROPRIETAIRE, ET COMMENCER PAR LA. TOUT COMMENCEMENT PAR LA QUEUE EST UN SIGNE POUR ETOUFFER L,AFFAIRE ET MENAGER LE PROPRIETAIRE/UTILISATEUR POUR DES RAISONS POLITIQUES OU D,INTIMIDATION.

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 16, le 01 mars 2021

  • C’est presque une révolution, la prise en compte des revendications des victimes et de leurs proches. Qu’on me corrige, de mémoire, je n’ai jamais observé au Liban un tel ultimatum à la justice. L'esprit du 17 octobre continue.

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    13 h 24, le 01 mars 2021

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