Son nom est d’ores et déjà sur toutes les lèvres. Nommé vendredi juge d’instruction près la Cour de justice dans l’affaire de la double explosion au port en remplacement de Fadi Sawan, dessaisi la veille pour suspicion légitime, Tarek Bitar, président de la Cour criminelle de Beyrouth, est devenu en un éclair le centre de toutes les attentions. Et pour cause : il lui incombe la lourde tâche de relancer l’enquête actuellement au point mort, six mois après la tragédie du 4 août. « L’affaire de la double explosion au port de Beyrouth est sacrée. C’est désormais une mission dont je suis le garant. Nous avons un devoir envers les victimes de parvenir à la vérité », déclare-t-il dans un entretien express accordé à L’Orient-Le Jour. « J’irai là où me mèneront la loi et le droit. Rien ne m’arrêtera. Je ne sais pas où me conduira l’enquête mais je ne la laisserai pas dévier », ajoute-t-il, alors que beaucoup craignent que l’enquête ne soit bloquée par les interférences politiques, compte tenu des responsabilités en jeu.
Le nom de Tarek Bitar avait été proposé une première fois par la ministre de la Justice, Marie-Claude Najm, au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) – dont 8 des 10 membres sont nommés par décret en Conseil des ministres – au lendemain de la double explosion. Mais l’organe juridictionnel l’avait refusé, en vertu de son droit discrétionnaire à rejeter la proposition de nomination. Celui-ci n’avait pas motivé sa décision, mais c’est son audition devant le CSM, durant laquelle Tarek Bitar aurait fait part de ses réserves, qui aurait été décisive. « Il s’était montré peu enthousiaste, affirmant néanmoins à ses interlocuteurs que si on voulait lui confier la mission, il s’en chargerait », soutient un magistrat qui a requis l’anonymat. Tandis que des informations de presse ont affirmé qu’il avait alors refusé la mission, Marie-Claude Najm a démenti hier cette information, précisant tout de même qu’il avait eu « des réserves pour des raisons personnelles ».
Le CSM avait rejeté également à l’époque le nom de Samer Younès, un juge réputé pour son intégrité et pour ne pas garder sa langue dans sa poche, et l’a une nouvelle fois écarté vendredi avant de valider la nomination de Tarek Bitar, qui jouit d’une bonne réputation au sein de la Cour criminelle qu’il préside. Son jeune âge (46 ans) a toutefois créé une petite polémique au sein des milieux judiciaires, alors que ce genre d’affaires est traditionnellement confié à un magistrat « plus mature ». Interrogé par L’OLJ, l’ancien ministre de la Justice Salim Jreissati estime au contraire que « son cursus est éloquent ». « S’il n’avait pas les qualités requises, le CSM n’aurait pas approuvé à l’unanimité la proposition de la ministre de la Justice », note-t-il.
Une affaire fondamentalement politique
« Après le dessaisissement de Fadi Sawan, Tarek Bitar s’est montré résolu à prendre les rênes de l’enquête », dit un proche de la ministre. Le nouveau juge d’instruction aura fort à faire, alors que son prédécesseur a entamé un bras de fer avec les responsables politiques qui a sans doute entraîné sa récusation. Son dessaisissement est intervenu le jour même où était prévue l’audience de l’ancien ministre des Travaux publics Youssef Fenianos, mis en cause pour négligence, au même titre que le Premier ministre sortant Hassane Diab et les anciens ministres et députés Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter. Fadi Sawan voulait en outre engager une procédure mettant en cause Georges Haswani et Issam Khouri, deux hommes d’affaires syriens proches du régime de Bachar el-Assad, qui seraient impliqués dans l’importation du nitrate d’ammonium au Liban. Pourquoi, dans ces conditions, Tarek Bitar a-t-il décidé de se jeter dans la gueule du loup ? Selon un de ses proches, il a estimé que les parents des victimes n’allaient pas supporter de voir le poste vacant et le dossier bloqué plus longtemps. Aussi, lorsque l’opportunité de « rechercher la vérité » lui a été offerte, il a jugé « qu’il ne pouvait pas échapper à ses devoirs envers sa conscience et envers l’opinion publique. » Rompu à l’exercice pénal, Tarek Bitar ne devrait pas être dépaysé dans la fonction qui vient de lui être confiée. Mais quelles que soient ses compétences, le périmètre de son enquête pourrait être limité par les interférences politiques, qui semblent avoir tracé des lignes rouges concernant toute démarche impliquant des responsables locaux ou syriens. La nature même de l’affaire – qui consiste à comprendre qui est responsable de l’importation du nitrate d’ammonium dans le port de Beyrouth, de son stockage durant des années dans des conditions qui ne respectent pas les normes de sécurité, et enfin ce qui a été à l’origine de l’explosion – est pourtant fondamentalement politique.
Un style et un rythme
Né à Aydamoun (caza de Akkar) en 1974, ce père de deux enfants, marié à Julie Hakmeh, une pharmacienne également originaire du Liban-Nord (Kobeyyate), a obtenu son diplôme de droit à l’Université libanaise. Il débute son parcours professionnel en exerçant le métier d’avocat pendant quelques mois, avant d’intégrer l’Institut d’études judiciaires où il achève en 1999 sa formation de magistrat. À l’aube de l’année suivante, il est membre du tribunal de première instance du Liban-Nord pour une courte durée, après quoi il entame une carrière dans le pénal. Il devient juge pénal unique du Liban-Nord jusqu’en 2010, puis avocat général près la cour d’appel du Liban-Nord jusqu’en 2017. « C’est un magistrat indépendant sur lequel personne n’a pu exercer de pressions », affirme l’un de ses pairs qui l’a côtoyé pendant la quinzaine d’années où il a travaillé à Tripoli. « Il ne répond à aucune intervention », soutient l’avocat Alexandre Najjar, qui l’a rencontré dans le cadre de son activité.Le nouveau juge d’instruction a dû traiter plusieurs affaires complexes au cours de ces dernières années.
Après son enquête sur l’assassinat en 2012 du caméraman de la chaîne de télévision al-Jadeed Ali Chaabane, à Wadi Khaled, à la frontière avec la Syrie, il avait accusé l’armée syrienne d’être derrière le crime, se basant notamment sur l’examen du véhicule dans lequel se trouvait le photographe ainsi que sur l’orientation des tirs. Lorsqu’il accède en 2017 au poste de président de la Cour criminelle de Beyrouth, il prononce la peine capitale à l’encontre de Tarek Yatim, inculpé pour avoir poignardé à mort Georges el-Rif dans une impasse de Gemmayzé pour une priorité de passage. « C’était une décision très dure à prendre pour lui », explique un de ses pairs, sous couvert d’anonymat. Le président de la Cour criminelle de Beyrouth avait ensuite émis (fin 2018) un jugement similaire contre Mohammad Ahmar, inculpé d’avoir tué par balle Roy Hamouche dans la région de la Quarantaine après un accident de la route. Il finalise actuellement le dossier d’Ella Tannous, qui traînait en longueur depuis 2015 avant qu’il le prenne en charge. Présumée victime d’une erreur médicale, la petite fille avait été amputée de ses membres à sa naissance en raison d’une infection bactérienne. Tarek Bitar ne compte pas renoncer à son poste à la tête de la Cour criminelle et souhaite cumuler les deux fonctions. « Il est passionné par son travail », explique Alexandre Najjar.
Surtout, il semble vouloir imposer son style et son rythme, plus ou moins en rupture avec son prédécesseur. « Il veut aller vite dans son action, s’agissant d’un enjeu aussi grave que l’atteinte à la vie des gens », soutient un de ses proches. Il s’est ainsi rendu samedi au Palais de justice pour réceptionner le dossier et a commencé à le travailler durant le week-end écoulé. « Il sera à la hauteur de la situation », veut croire Alexandre Najjar.
Alors que Fadi Sawan était resté muet durant toute la durée de l’enquête, renforçant ainsi l’opacité qui l’entoure – notamment concernant l’arrestation et la détention de 25 personnes depuis six mois – son successeur veut faire les choses autrement. Tout en étant attaché à l’obligation de réserve et à la préservation du secret de l’instruction, il entend organiser de manière périodique des points de presse ciblés en coordination avec la ministre de la Justice et le CSM. Pour ce qui est de la situation des détenus, l’entourage du jeune magistrat se contente d’indiquer que chaque point du dossier est une priorité pour lui.Tarek Bitar est un parent de Youssef Bitar, un expert en explosifs connu pour avoir œuvré au déminage de bombes et mines lors de la guerre civile. Un détail que commente un confrère du nouveau juge d’instruction en souhaitant que celui-ci sache « comment se déplacer sur un terrain truffé de mines posées par les politiques ».
C'EST QUAND MEME BIZARRE QUE DES QUE SAWAN S'EST APPROCHE DE LA REALITE AVEC LA VOLONTE D'INCULPER DES HOMMES D'AFFAIRES SYRIENS, , ON SE SOIT RAPPELER QUE SA FEMME AVAIT UN APPARTEMENT A ACHRAFIEH ET ON LE DEGOMME POUR CONFLIT D'INTERET LA VERITE CE N'EST MEME PAS SAWAN QUI A TROUVE CECI MAIS UN JOURNALISTE ENQUETEUR QUI A DEVOILE LA REALITE : DES SYRIENS AVEC LEURS CONTATCS EN RUSSIE ONT ACHETE LE NITRATE, ONT UTILISE DES SOCIETES BIDONS POUR L'ENVOYER AU LIBAN PUIS AVEC L'AIDE DE CERTAINS DANS L'ETAT LIBANAIS ,ET DE HB POUR LE DEBARQUER A BEYROUTH PUIS POUR LE LAISSER DURANT DES ANNEES AFIN DE RETIRER LES 2000 TONNES DE NITRATE ET LES UTILISER EN SYRIE OU MEME PAR HB POUR SES FUSEES VOILA CE QUE C 'EST QUE DE METTRE DES PERSONNES VENDUS A LEURS PARTIS ET LEURS ALLIES AU LIEU D'ETRE DE PUR LIBANAIS SANS PEUR NI REPROCHE
16 h 31, le 22 février 2021