Entre eux, tout avait pourtant (si) bien commencé. Le Hezbollah accueille avec soulagement la démission du patriarche Nasrallah Sfeir en 2011 et l’élection de Béchara Raï. Contrairement à son prédécesseur, qui était l’un des fers de lance de la bataille pour le rétablissement de la souveraineté libanaise et contre les armes illégales, le nouveau patriarche paraît moins marqué politiquement et plus à même d’adopter une politique de compromis avec le parti chiite. Le Hezbollah est alors convaincu que la démission de Mgr Sfeir est le fruit d’un grand changement au niveau de la politique du Vatican à l’égard d’une région qui vient d’entrer dans une zone de hautes turbulences, avec l’éclatement des printemps arabes. Aussi, le parti de Hassan Nasrallah s’efforce-t-il de se rapprocher de Bkerké et de consolider les rapports entre les deux communautés chiite et maronite, avec l’idée qu’elles affrontent ensemble la déferlante jihadiste dans la région. La relation se construit ainsi au cours des années, au gré de la guerre syrienne et de l’évolution du contexte régional.
En 2013, le Hezbollah justifie son intervention en Syrie aux côtés des forces du régime par une volonté de protéger le Liban et notamment les chrétiens face aux jihadistes sunnites. Naïm Kassem, le numéro deux du parti, va jusqu’à affirmer à l’époque que sans le Hezbollah, l’État islamique (EI) se serait emparé de Jounieh et du Kesrouan. La formation de Hassan Nasrallah ne lésine sur aucun moyen pour mener une offensive de charme en direction des chrétiens : les photos de ses combattants agenouillés devant des icônes de la Sainte Vierge dans les villages syriaques du Qalamoun font le tour des réseaux sociaux. Cette politique s’avère payante, alors que les jihadistes s’infiltrent en territoire libanais, et contribue à rapprocher Bkerké du Hezbollah, avec comme point d’orgue la visite de Béchara Raï en Syrie, en 2013. L’euphorie est toutefois de courte durée, puisque le premier couac intervient seulement un an plus tard.
Point de non-retour
Le patriarche se rend à Jérusalem en mai 2014, à la faveur d’une visite pontificale officielle en Terre sainte. Si le déplacement du prélat ne revêt pas de signification politique, le Hezbollah le perçoit comme une manière pour l’Église maronite de faire l’équilibre entre Damas et Jérusalem. Les relations se détériorent mais la formation chiite tient à sauver les apparences et maintient des rapports courtois avec Bkerké, en envoyant notamment ses délégations présenter leurs vœux au patriarche à l’occasion des fêtes chrétiennes.
Le véritable tournant a lieu au lendemain du soulèvement populaire du 17 octobre 2019. Le patriarche multiplie les diatribes contre le pouvoir, alors que le Hezbollah s’impose comme l’une des principales forces du statu quo. Quelques mois plus tard, Mgr Raï rappelle avec insistance la position traditionnelle de Bkerké en faveur de la neutralité du Liban, au moment où la formation chiite est engagée en Syrie, en Irak et dans une moindre mesure au Yémen. Mais Béchara Raï ne s’arrête pas là. Tout récemment, il évoque la nécessité d’une conférence internationale pour régler les contentieux de fond qui menacent la pérennité du Liban. Une initiative perçue comme un péril par le Hezbollah. Dans son intervention télévisée du 16 février dernier, le secrétaire général du parti estime que cet appel est l’équivalent d’une « déclaration de guerre », une façon de menacer ses adversaires, mais sans jamais citer Bkerké. Jamais, depuis 2011, les deux parties n’avaient été aussi proches du point de non-retour.
S’il s’est jusque-là gardé de réagir directement aux propos du patriarche, tout en laissant les chefs religieux chiites le faire à sa place, le Hezbollah risque cependant de rompre avec cet engagement au cas où ce dernier continuerait d’insister sur la tenue d’une conférence internationale. Un pas qu’il ne franchira néanmoins qu’en désespoir de cause, parce que pour l’heure, « il veut donner leur chance aux tentatives de dialogue entre les deux », assure un proche de la formation chiite. Le Hezbollah est embarrassé par le fait d’adopter une position frontale à l’égard de la principale institution maronite du pays, alors même qu’une partie de sa rhétorique repose sur l’idée d’un partenariat entre les deux communautés pour contrer la menace de la majorité, à l’échelle de la région, sunnite. Dans le même temps, une conférence internationale mettrait nécessairement la question de la souveraineté libanaise au cœur des débats et renforcerait la pression contre le parti chiite. Le Hezbollah redoute de revivre l’épisode de la résolution 1559 du Conseil de sécurité, qui ordonne le retrait des troupes étrangères et le désarmement des milices, qui a pu voir le jour en 2004 grâce à une conjoncture internationale favorable, consécutive à l’appel des évêques maronites qui avaient réclamé solennellement en 2001 le départ des troupes syriennes du Liban. À l’époque, une bataille féroce s’était engagée entre Bkerké et les forces politiques ralliées autour de lui et le régime syrien et ses alliés locaux. Le Hezbollah ne veut surtout pas que ce scénario se répète. Il ne veut pas être acculé à une confrontation directe avec Bkerké et risquer ainsi d’écorner sa couverture chrétienne, en mettant son allié, le Courant patriotique libre, dans une situation embarrassante.
« Nous ne laisserons pas le Hezbollah nous intimider »
Pour ménager la chèvre et le chou, la formation chiite compte sur les efforts de médiations menées ces derniers jours par le CPL et le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, qui étaient tous les deux hier à Bkerké. « Le Hezbollah examine l’idée d’une visite au siège patriarcal afin de discuter de vive voix avec le patriarche de son appel à une conférence internationale », explique la source précitée.
Du côté de Bkerké, on assure toutefois que le patriarche ne cédera sur aucun des deux points : la neutralité et la conférence internationale. Il est convaincu, selon une source informée à Bkerké, que la situation actuelle va aboutir à terme sur la tenue d’une Constituante au détriment des chrétiens si le principe du partage du pouvoir en trois tiers est retenu en lieu et place de la parité islamo-chrétienne. C’est ce que le prélat assure devant ses visiteurs, tout en prenant soin de préciser qu’il ne cible personne. Dans ce cadre, le chef de l’Église maronite ne ménage pas le Hezbollah de ses critiques. Selon un responsable politique qui l’a récemment rencontré, Mgr Raï aurait dit devant lui : « Nous ne laisserons pas le Hezbollah nous intimider. Je maintiendrai mon discours. »
ben maintenant nous connaissons le nom a donner au conflit DE RAI LE LIBANAIS AVEC HEZB LE NON LIBANAIS. CELUI DE NOTRE SURVIE,MALGRE HEZB, A CAUSE DE HEZB & ne l'oublions jamais-MALGRE SES ALLIES
11 h 05, le 28 février 2021