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Culture - Cimaises

L’art libanais défie le confinement et s’expose « Beyond Borders »

À défaut de pouvoir ouvrir ses portes au public à Beyrouth, la LT Gallery présente une sélection d’œuvres de ses artistes à Paris, au sein de la Yellow Cube Gallery.

L’art libanais défie le confinement et s’expose « Beyond Borders »

Les œuvres d’Annie Kurkdjian interrogent les notions de territoires intimes et identitaires dans l’acte II de l’exposition « Beyond Borders.Paris-Beyrouth ». Photo DR

Cela va faire bientôt deux ans qu’entre multicrises et strictes mesures sanitaires, les galeries beyrouthines sont en souffrance. Comme pratiquement tous les secteurs au Liban. De nombreux galeristes se battent néanmoins pour continuer à assurer un minimum de visibilité à leurs artistes. Certains organisent, à cet effet, des expositions physiques entre deux épisodes de confinement total (Agial, Saleh Barakat, galerie Janine Rubeiz), d’autres ont recours aux plateformes numériques (Tanit et Janine Rubeiz également) et d’autres encore essayent d’exporter leurs écuries de talents à l’étranger (Marfa’, Mark Hachem, Sfeir-Semler).

C’est dans cette dernière veine que s’inscrit l’initiative de Simon Mehanna, jeune directeur de la non moins jeune LT Gallery à Beyrouth. Un espace d’exposition dédié aux talents émergents ainsi qu’aux œuvres petit format d’artistes contemporains établis, et dont l’ambition déclarée est de « promouvoir un art libanais plus abordable, accessible à toutes les bourses et pas seulement aux grands collectionneurs », indique son fondateur. Malheureusement, quelques mois à peine après que la LT Gallery eut ouvert ses portes à Saïfi (côté Ring) fin 2018, la déferlante de crises multiformes s’est abattue sur le pays, poussant son directeur à tenter d’« ouvrir des fenêtres vers l’international » en engageant un échange artistique avec des galeries européennes. La première étant la Yellow Cube Gallery à Paris qui accueille depuis le 15 janvier une sélection d’œuvres de ses artistes consacrés. À l’instar de Jean-Marc Nahas, Charles Khoury, Shawki Youssef, Mansour el-Habre ou encore Annie Kurkdjian…

Les peintures explorant le corps humain de Shawki Youssef dialoguent avec la figure de l’humain perdu dans l’espace d’Emmanuel Mousset. Photo DR

Une rencontre entre galeristes engagés

Située dans le 13e arrondissement de Paris, la Yellow Cube Gallery est un espace d’art pluridisciplinaire qui privilégie « les représentants des dynamismes culturels actuels, et fait preuve d’engagement et d’idéologie humanistes à travers les pièces qu’elle expose », indique sa responsable, Roxane Hemery. Laquelle a dans cet esprit élaboré une collaboration avec la galerie beyrouthine LT sous forme d’exposition collective d’œuvres d’artistes libanais et français.

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Baptisée « Beyond Borders.Paris-Beyrouth » (Au-delà des frontières), cette exposition, qui s’est ouverte à la mi-janvier et se tient jusqu’au 12 mars, donne l’opportunité au public de la galerie parisienne de découvrir et de soutenir des talents du pays du Cèdre qui vivent des moments difficiles.

« Cette initiative est née de la rencontre avec Simon Mehanna et de notre désir de collaborer. L’envie était partagée de créer un lien entre artistes français et libanais, et de proposer un regard croisé entre la scène artistique parisienne et celle de Beyrouth, explique à L’Orient-Le Jour la commissaire d’exposition de la galerie parisienne. Nous nous sommes longuement interrogés sur le thème à développer, et la notion de territoire s’est imposée à nous tout naturellement. »

L’affiche de l’acte 2 de la collaboration franco-libanaise. Photo DR

La territorialité déclinée par 20 artistes

Une thématique plus que jamais d’actualité au vu des cloisonnements dus à la pandémie mondiale. « Auxquels vient s’ajouter, côté libanais, l’impact de la cataclysmique double explosion survenue le 4 août 2020 à Beyrouth », rappelle le galeriste beyrouthin. Autant d’événements qui font écho aux rapports entre l’individu, l’espace, le territoire et sa liberté. Et qui nourrissent les diverses déclinaisons et interprétations de la territorialité présentées par une

vingtaine d’artistes libanais et français (peintres, photographes, sculpteurs ou plasticiens) au cours de cette exposition séquencée en 5 actes qui durent chacun deux semaines.

« Pour l’acte 1, “Beyond Borders.Paris-Beyrouth”, nous avions fait dialoguer autour de cette notion de territoire le travail de trois artistes pour qui le corps est la source d’inspiration principale, signale Roxane Hemery. Il s’agissait de la photographe Valérie Evrard à travers sa série “Géographie de l’intime”, de Shawki Youssef aux peintures explorant le corps humain dans ses différentes conditions et d’Emmanuel Mousset qui, lui, s’est penché sur la figure de l’humain perdu dans l’espace et abandonnée de tout repère. »

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« Nous sommes actuellement et jusqu’à fin février à l’acte II », poursuit la commissaire de l’exposition. Un second groupe d’œuvres qui met en écho les interprétations du territoire à travers les questionnements identitaires et la visualisation des frontières abordés par la peintre libano-arménienne Annie Kurkdjian, les Libanais Mansour el-Habre et Fatima Mortada, ainsi que par le duo d’artistes français (une historienne et un exilé kurde), ciseleurs de cartes géo-poétiques, qui se cachent sous l’appellation AM Shar.

Se succéderont également au fil des trois actes restants à la Yellow Cube Gallery, côté libanais, Jean-Marc Nahas, Charles Khoury et Simon Mehanna qui est également artiste.

Ce dernier précise que l’initiative devrait aussi se développer dans le temps et déboucher sur un calendrier d’expositions croisées similaires accompagnées d’activités favorisant l’interaction entre les artistes français et libanais.

Ce que confirme sa collègue parisienne : « Notre objectif est de mettre en lumière des artistes français et libanais. Et par la suite, quand la situation sanitaire le permettra, d’organiser des rencontres, des conférences ainsi que des résidences artistiques en France pour les artistes libanais. »

« Beyond Borders.Paris-Beyrouth » à la Yellow Cube Gallery : 78 rue du Dessous des berges, 75013 Paris, jusqu’au 12 mars. www.theltgallery.com

Cela va faire bientôt deux ans qu’entre multicrises et strictes mesures sanitaires, les galeries beyrouthines sont en souffrance. Comme pratiquement tous les secteurs au Liban. De nombreux galeristes se battent néanmoins pour continuer à assurer un minimum de visibilité à leurs artistes. Certains organisent, à cet effet, des expositions physiques entre deux épisodes de confinement total...

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