Bien malin est celui qui peut prétendre avoir compris ce qu’a voulu dire Gebran Bassil hier. À l’inverse de son allié Hassan Nasrallah qui, pour être le champion des sophismes, n’en construit pas moins des discours limpides, le chef du CPL a servi à ses auditeurs une tambouille plus informe que jamais, de laquelle ne ressort qu’un seul ingrédient, au goût très amer : la surenchère confessionnelle.
« Si nous voulions le tiers de blocage, nous nous battrions pour l’obtenir parce que c’est notre droit, mais nous ne le demandons pas parce que le gouvernement doit être formé de technocrates non partisans », entend-on M. Bassil clamer lors de sa conférence de presse. Puis plus loin : « Nous ne voulons pas participer au gouvernement. On ne peut pas nous forcer de le faire. » Avant d’ajouter, tout de même : « Nous ne demandons pas un nombre déterminé (de ministres)… Nous voulons simplement ce qui s’applique aux autres, selon le principe de l’unité des critères... » Et ainsi de suite jusqu’au bout, tant et si bien qu’au terme de la conférence de presse, l’auditeur lambda ne sait pas si le chef du CPL veut entrer au gouvernement ou en sortir, être dedans en étant dehors ou dehors en étant dedans.
L’observateur plus averti verrait certes dans cette confusion délibérément entretenue une volonté de se sortir d’une situation embarrassante avec le moins d’engagements possibles. Car Gebran Bassil est désormais cerné de toutes parts, y compris par ceux qui furent ses proches alliés et qui, à présent, le désignent clairement, à l’instar de tous les autres, comme étant le principal obstacle à la formation du gouvernement.
En réalité, l’éloquence du chef du CPL se manifeste le plus souvent dans ce qu’il ne dit pas plutôt que dans ce qu’il dit. Il en est ainsi, par exemple, de cette fameuse « unité des critères », un slogan que les aounistes répètent tel un leitmotiv depuis le début de la gestation du gouvernement. Ce que M. Bassil ne dit pas à ce sujet, c’est que « ce qui s’applique aux autres » – sunnites, chiites et druzes –, c’est-à-dire en l’occurrence un droit de regard sur les noms de leurs ministrables respectifs, débouche forcément chez les chrétiens sur l’octroi du tiers de blocage à une seule partie. Pourquoi ? Simplement parce qu’en l’absence de ses rivaux chrétiens, le CPL tend à vouloir quasiment monopoliser la représentation chrétienne au sein du cabinet.
Or le problème vient aujourd’hui du fait que le compromis présidentiel de 2016 ayant sauté, tout le monde craint que les prochaines échéances démocratiques, les législatives du printemps 2022 et la présidentielle de l’automne suivant, ne sautent aussi, de sorte que le gouvernement en gestation soit alors l’unique pouvoir légitime dans le pays. Voilà pourquoi personne n’entend permettre à une quelconque partie de disposer en son sein de ce terrible levier de contrôle sur l’exécutif qu’est le tiers de blocage. Même Hassan Nasrallah l’a explicitement signifié à Gebran Bassil, après tous les autres.
Mis au pied du mur, le chef du CPL réagit comme réagissent depuis toujours de nombreux politiciens et chefs de clan libanais de tous bords lorsqu’ils se retrouvent acculés : il secoue la fibre confessionnelle de ses coreligionnaires. Les intérêts et les « droits » supposés des chrétiens se confondent alors avec les intérêts de Gebran Bassil et de sa formation. Quant aux « droits » du Liban et des Libanais dans l’ensemble, nul ne s’en soucie.
En règle générale, ce procédé grossier, réducteur et toujours dangereux prend hélas auprès d’une partie du public, toujours prompt à jeter la pierre à « l’autre », soupçonné de recourir à toutes les diableries pour empiéter sur ses « droits ». Mais avec le spectacle qu’offre le pays à l’heure actuelle, cette fâcheuse manie libanaise devient franchement ridicule.
Heureusement, tout le monde n’est guère dupe et dans le cas précis de Gebran Bassil, il faut reconnaître que la répulsion qu’il suscite chez de nombreux chrétiens libanais joue souvent comme un antidote. Y compris bien sûr dans les rangs des formations rivales. Comme ce militant FL, arborant fièrement une grosse croix et connu dans son entourage comme un défenseur acharné de la chrétienté libanaise. Voici ce qu’il disait hier, après la prestation du chef du CPL : « J’ai tellement entendu le mot “chrétien” dans la bouche de Bassil que ça m’a donné envie de me rendre à la mosquée la plus proche pour me convertir à l’islam... »
commentaires (12)
LES CHRETIENS TOUS CONFONDUS AU LIBAN ONT LEURS RELIGIEUX QUI LES REPRESENTENT ET LES DEFENDENT. LES MUSULMANS SUNNITES ET DRUZES AUSSI ONT LEURS RELIGIEUX QUI LES DEFENDENT SAUF CEUX DES CHIITES QUI FONT TAIRE TOUT CE QUI SE DIT CONTRE HN OU SON PARTI DE LA PART D'AUTRES CHIITES QUITTE A LEUR FAIRE SUBIR LE SORT QUE TOUT LE MONDE CONNAIT LA VERITE LES CHAINES DE TELEVISION DOIVENT ETRE TRES HEUREUSES D'AVOIR CHAQUE DIMANCHE UN PROGRAMME D'UNE HEURE AVEC UNE GRANDE AUDIENCE ET GRATUIT EN PLUS. ( sauf qu'ils ne peuvent pas couper le discours pour une pose publicitaire pendant tout le discours ) LA DEUXIEME VERITE QUAND GEBRAN COMPRENDRA QUE PLUS IL PARLE PLUS IL FABRIQUE DES ANTI AOUN, DES ANTI CPL ET DES ANTI GEBRAN LUI MEME SON DISCOUR EST TELLEMENT GROTESQUE ( quand il dit on ne peut pas l'obliger a rentrer dans le gouvernement ) QU'IL COMMENCE A FAIRE PITIER MEME AUX MEMBRES DU CPL ET DEGOUTE TOUS LES AUTRES LIBANAIS ALLEZ A DIMANCHE PROCHAIN
LA VERITE
02 h 40, le 24 février 2021