C’est une nouvelle qui a créé la surprise. Alors que le pays s’engouffre de plus en plus dans une crise économique sans précédent, doublée d’une crise de change qui complique l’activité des importateurs, le ministre sortant de l’Industrie, Imad Hobballah, a fait part le 6 février de son intention de permettre aux particuliers l’importation de ciment. Trois entreprises libanaises qui se partagent le marché, Holcim-Liban, Ciment de Sibline et Cimenterie nationale, voient donc à travers cette décision leur situation d’oligopole remise en question. Ce serait exactement ce que recherche le ministre, selon une source ministérielle contactée par L’Orient-Le Jour. « Le but est de faire baisser le prix du ciment », explique-t-elle, la tonne devant se vendre à 240 000 livres, plus la TVA, alors qu’il oscillait entre « 1,2 et 1,3 million de livres », selon les prix communiqués par le directeur général du ministère de l’Industrie, Dany Gédéon, et relevés durant le bouclage total du pays entre le 14 janvier et le 7 février, au cours duquel les cimenteries n’étaient pas autorisées à ouvrir leurs portes.
Le ciment importé doit répondre à des critères techniques précis et doit également être moins cher que 240 000 livres la tonne. Le ministère a déjà reçu plusieurs demandes privées pour certains chantiers et s’engage à suivre la commande pour vérifier qu’elle ne sera pas revendue au Liban ou à l’étranger. La source précise que la contrebande de ciment reste toutefois difficile, cette matière étant principalement transportée par voie maritime pour une question de poids.
La quantité qui sera importée n’a pas été fixée, le ministère souhaitant que les règles du marché s’appliquent. Mais la source interrogée estime que la demande qui se tournera vers l’étranger ne sera pas très grande. En effet, la demande de construction est en baisse en raison de la crise économique, rappelle la source. Selon les derniers chiffres publiés par la Banque du Liban (BDL), les managers d’entreprises estiment que le secteur a reculé de 75 % au troisième trimestre 2020 en glissement annuel.
Les trois cimenteries ont toutes indiqué dans un communiqué qu’elles respectent les prix fixés et s’engagent à livrer directement aux clients, qui ne passeront donc plus par des intermédiaires. Ces derniers sont, selon la source précitée, la cause principale de l’augmentation des prix, bien qu’elle conçoive que « certains d’entre eux pourraient travailler selon les besoins des cimenteries ».
Si la stratégie d’importation ne fonctionne pas, la source ministérielle rappelle qu’il existe également d’autres formes de pression qui peuvent s’exercer sur ces usines. L’État peut aisément réduire, voire annuler, les exportations de ces entreprises pour les obliger à respecter le prix fixé par le ministère.
Le secteur des cimenteries se réunit de manière hebdomadaire avec une commission ministérielle composée notamment des représentants des ministères de l’Industrie et de l’Environnement depuis la fin du confinement strict afin de trouver un terrain d’entente concernant l’environnement. C’est cette commission qui est chargée d’octroyer des licences d’exploitation des carrières aux cimenteries, qui doivent respecter des critères environnementaux.
commentaires (3)
Les cimenteries comme les carrières sont une plaie indélébile du paysage libanais. Que des collines défigurées et en plus c’est pour exporter et non pour répondre tout simplement aux besoins du pays...
mokpo
09 h 36, le 21 février 2021