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Nos Lecteurs ont la Parole

Déstructuration de l’État libanais

On se demande à chaque instant, depuis le 17 octobre 2019, à partir de quel degré de déliquescence de l’État libanais les dirigeants des milices chiites illégales (Hezbollah et Amal) et ceux du aounisme décadent vont réaliser que le Liban est sur la voie de l’extinction massive.

La réponse est très claire : jusqu’à ce que le pays soit devenu une zone géographique entièrement soumise économiquement, militairement et politiquement au projet d’hégémonie iranienne.

Le plus dramatique, c’est que les responsables aounistes le savent, mais ont fait le pari suicidaire de la soumission pseudo conditionnelle au Hezbollah sous l’ombre et la protection duquel ils espèrent conserver la prédominance du « Courant patriotique libre » qui n’a de libre que le nom et de patriotique que la propagande mensongère inhérente au aounisme.

En observant les microdéveloppements politiques de ces quinze dernières années, depuis l’assassinat par la milice iranienne de nombreux dirigeants à la tête du mouvement indépendantiste libanais qui a marqué l’histoire du pays en obligeant l’armée syrienne à retourner là où elle était censée être depuis deux décennies, en Syrie, on ne peut que constater que le Hezbollah a patiemment et méthodiquement mené à bien le « phagocytage » scientifique de l’État libanais.

L’expulsion de l’armée syrienne du Liban a représenté un énorme contretemps dans le projet iranien, car, brutalement, le Baas syrien n’était plus le tampon entre le peuple libanais et le conquérant sournois qu’a toujours été le Hezbollah, créé et nourri au sein iranien.

Le Hezbollah devenait l’interlocuteur direct à travers toutes les formes de répression qu’il allait devoir utiliser sur une place où seule sa milice ferait la loi sans utiliser la terreur syrienne comme paravent.

Le Hezbollah, qui se vantait de représenter la tête armée de la résistance, devait alors ouvrir un second front, en plus de celui présumé de la frontière sud : le front contre le peuple libanais.

Il fallait donc que le Hezbollah reprenne à son profit d’une manière ostentatoire le flambeau de la résistance contre Israël que revendiquaient et partageaient avec lui le régime syrien et la République des mollahs.

Il était désormais seul sur la place libanaise, alors il devait conquérir tout l’espace, car cela répondait et répond toujours aux exigences de ce nouvel impérialisme chiite qui a la prétention de créer son empire de Téhéran à Gaza.

La guerre inattendue et imprévisible de 2006 contre Israël a été la stratégie élaborée par les chefs iraniens (Khamenei et Soleimani...), Bachar el-Assad et les chefs du Hezbollah (Nasrallah, Imad Moghniyé, Safa...) pour marquer définitivement le fait que le Hezbollah est invincible (comme Israël après la guerre des Six-Jours) et qu’il représente le nouveau rempart du Liban, en lieu et place de la Syrie que nous venions de chasser au grand dam de Nasrallah et Naïm Kassem.

Les mots d’ordre de la région en étaient d’autant modifiés.

Le Hezbollah passait de « choucran souriya » (merci la Syrie) à « wilayet al-faqih awwalan » (ou, si l’on veut : Iran d’abord). Alors que le mouvement indépendantiste du 14 Mars optait par la force des choses pour le slogan « Liban d’abord ».

La ligne de démarcation était ainsi tracée entre le vecteur de la conquête iranienne, le Hezbollah, et le mouvement indépendantiste et souverainiste.

La guerre politique était déclarée, et le Hezbollah en a faussé le jeu car au jeu de la démocratie et des traditions locales, il serait nécessairement perdant.

Il a donc fait appel à ce pourquoi il a toujours été formé par les pasdaran, c’est à dire à la force persuasive de ses armes.

Il y avait ainsi, de part et d’autre de cette nouvelle ligne de démarcation, les armes du Hezbollah contre le pacifisme et le légalisme du mouvement du 14 Mars.

Nous étions nécessairement condamnés à l’échec.

Et c’est ce qui arriva. L’Iran et le Hezbollah se sont donné les moyens d’une demi-victoire dans le plus grand secret (comme le fit Sadate en 1973). Israël a été surpris par les nouvelles armes sophistiquées du Hezbollah comme il avait été surpris par les fusées SAM de Sadate qui ont aboli momentanément la suprématie aérienne à Israël et entraîné la demi-victoire égyptienne.

Le Hezbollah a même été en possession de missiles sous-marins capables de détruire une frégate israélienne.

Secret, surprise et technologie ont été les trois clés de la guerre de juillet 2006.

Du coup, le Hezbollah devenait un héros arabe, et son créateur perse une puissance tombée dans la région comme un météorite.

Il a fallu du temps pour que le monde reprenne ses esprits et comprenne que le projet iranien n’avait pas pour but la chute d’Israël, mais plutôt l’expansion de l’empire perse.

Ainsi, depuis 2005, ont été assassinés tous ceux qui pouvaient mettre des bâtons dans les roues du projet commandité de Nasrallah.

Une fois cette tâche accomplie, le Hezbollah s’est peu à peu accaparé tous les rouages de l’État : infrastructures portuaires, aéroportuaires et téléphoniques, la surveillance des frontières par lesquelles il a en quinze ans distillé d’énormes richesses appartenant au peuple libanais sous forme de produits subventionnés et de trafic juteux de tout genre, de drogue, d’armes, de nitrate d’ammonium,...

Le Hezbollah est devenu la seule entreprise rentable du pays.

Mais devant les contraintes bancaires américaines et pour pouvoir réussir une intégration économique parfaite au marché chiite iranien, il devait aussi miner le secteur bancaire libanais et créer le sien propre.

C’est ce qu’il a réalisé à petits coups ou à coups de bombes convaincantes (agences bancaires qui explosent...).

Tout notre argent, sous forme de dépôts ou comptes courants, a été siphonné principalement par la ruine que le Hezbollah a occasionnée en vidant nos richesses par les frontières, en remplaçant l’État pour la collecte des taxes au port et à l’aéroport, la totalité étant estimée par diverses sources à environ trente à quarante milliards de dollars sur les quinze dernières années.

Amal et quelques affiliés ont dû recevoir leur part.

En y ajoutant les quarante milliards de Bassil, imperator perpétuel d’EDL, le compte y est.

Les autres partis sont presque à plaindre, car ils n’ont reçu que des miettes comparativement.

Il faudrait penser à leur lever une souscription humanitaire.

Le pillage sans vergogne se poursuit sous nos yeux, chaque jour, à chaque contrat faussement soumis à appel d’offres, à chaque ministère réclamé comme une condition sine qua non, à chaque emprunt ou aide internationaux, à chaque financement basé sur des emprunts,...

Ce n’est pas pour rien que le Hezbollah exige le ministère de la Santé, car les aides internationales et les produits pharmaceutiques iraniens pourraient ainsi être redirigés comme il se doit.

Il suffit d’écouter les critiques acerbes sur le détournement du financement des hôpitaux du Hezbollah avec les montants destinés aux hôpitaux détruits et dans le besoin. Le Hezbollah a bien étudié les budgets de la santé et compris que ce secteur est une banque rentable qui ne dit pas son nom.

Il a farci le ministère de ses hommes de main pour toujours être à la pointe du « combat de la santé ».

De même, le Hezbollah veut le ministère des Transports car il veut garder la mainmise totale sur le port, l’aéroport et les routes frontalières qu’il a déjà conquis.

Les attaques programmées contre toutes les succursales bancaires et contre Riad Salamé font partie du projet du Hezbollah d’instaurer une banque parallèle et même un secteur bancaire (cinq banques ?) propre à ses activités.

Le fameux nouveau et « miraculeux » service bancaire de mise en gage « al-Qard al-hassan » de la banlieue sud de Beyrouth est une première graine plantée qui devrait se développer.

En effet, vous donnez en gage vos bijoux en or et on vous remet un montant en dollars. Dans un dépôt en gage, le montant remis n’a jamais la valeur de l’objet ou de l’or déposé.

Avec la crise grandissante, combien de personnes seront capables de rembourser le prêt et récupérer leur gage ?

Parions que bientôt, nous verrons les mêmes services offerts à Beyrouth et Jounieh.

Cela permettra-t-il au Hezbollah de se constituer une première réserve d’or pour un futur secteur bancaire voué au wilayet al-faqih ?

Pour mener à bien une telle entreprise, il faut s’accaparer la justice dans tous ses rouages. C’est ce qui a été fait.

Même le Parlement libanais se donne les moyens de débouter la justice lorsqu’il apparaît qu’un juge fait du zèle.

Le ministre de l’Intérieur avait bien préparé le terrain en disant que 95 % des juges étaient corrompus. Le résultat, c’est que le Parlement « non corrompu » fait œuvre de justice et cherche à démettre celui que tout le pays s’est mis à encourager : le juge Fadi Sawan.

Le grand aouniste avait lui aussi préparé le terrain en mettant les nominations judiciaires au fond d’un tiroir sans fond où disparaissent tous les dossiers qui pourraient gêner le Hezbollah ou le CPL.

Les huit-marsistes ne font jamais rien pour rien. Ils ont toujours une longueur d’avance dans le détournement d’opinion, la déformation des faits et le mensonge stratégique.

Les négociations sur les frontières maritime et terrestre sont en réalité la quintessence de l’aboutissement du projet iranien.

C’est bien parce que ce projet est en voie d’aboutir que l’ordre a été donné à Nasrallah de lancer les négociations bloquées depuis dix années par le donneur d’ordre iranien.

C’est parce que l’Iran considère que le Liban est pratiquement conquis que la décision a été prise d’en tracer les frontières finales avec Israël pour pouvoir profiter de la manne gazière qui permettrait d’instaurer une dictature islamique chiite à perpétuité au Liban.

La paix avec Israël serait la suite logique, d’autant que l’on a toujours affirmé que le Liban serait le dernier à signer la paix.

Eh bien, le Hezbollah pourra se référer à ce mot d’ordre pour contourner la gêne qu’il aurait pu avoir de traiter avec Israël.

Le Hezbollah a tout pris et il a assez d’imagination pour continuer à nous extorquer jusqu’à notre raison de vivre.

Nasrallah ne veut ni gouvernement ni institutions qui fonctionnent avant qu’il n’ait définitivement mis la main sur tout le pays et intégré le Liban dans l’espace économique perse. Il n’attend pas seulement Biden. Il veut être le remplaçant de Soleimani et le pendant de Khamenei dans l’axe Téhéran-Gaza.

Le bienheureux Bassil suit les yeux fermés et la langue pendante.

Mais tout n’est pas perdu. Car nous sommes là. Nous leur ferons comprendre qu’il nous ont sous-estimés, nous peuple du Liban neutre, souverain et indépendant.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

On se demande à chaque instant, depuis le 17 octobre 2019, à partir de quel degré de déliquescence de l’État libanais les dirigeants des milices chiites illégales (Hezbollah et Amal) et ceux du aounisme décadent vont réaliser que le Liban est sur la voie de l’extinction massive.La réponse est très claire : jusqu’à ce que le pays soit devenu une zone géographique...

commentaires (1)

fallait pas oublier les CV de Kellon : Hezb? des les annees 80 commence ses assassinats"politiques"-tres drole- pour se debarrasser de la RESISTANCE LIBANAISE- non fallait parvenir a l'exclusivite de CELLE ISLAMIQUE. Aoun? ET MOI ET MOI ET MOI ... chef de gouv interimaire a chef de guerre generalisee Geagea et amal ? n'en parlons pas. Joumblat? celui-la alors le renard passe passe et lui reste ce qu'il est .

Gaby SIOUFI

12 h 21, le 13 février 2021

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Commentaires (1)

  • fallait pas oublier les CV de Kellon : Hezb? des les annees 80 commence ses assassinats"politiques"-tres drole- pour se debarrasser de la RESISTANCE LIBANAISE- non fallait parvenir a l'exclusivite de CELLE ISLAMIQUE. Aoun? ET MOI ET MOI ET MOI ... chef de gouv interimaire a chef de guerre generalisee Geagea et amal ? n'en parlons pas. Joumblat? celui-la alors le renard passe passe et lui reste ce qu'il est .

    Gaby SIOUFI

    12 h 21, le 13 février 2021

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