
Le pays devrait commencer la première étape de son déconfinement progressif lundi, malgré un nombre de décès alarmant. Photo Houssam Chebaro
Si le reconfinement strict va prendre fin dimanche soir, « lundi ne sera pas un jour ordinaire » pour autant, a annoncé hier le Premier ministre sortant, Hassane Diab, précisant que la réouverture du Liban se fera par étapes malgré la propagation alarmante du Covid-19. Le pays affichait en effet hier soir un bien triste record de 98 décès, le plus élevé depuis l’apparition du coronavirus au Liban.
Sauf que dès lundi, supermarchés et banques seront autorisés à reprendre le travail sous conditions. Pour cette première étape, le couvre-feu total restera en vigueur, et les personnes désirant se déplacer devront continuer à demander une autorisation sur la plateforme Impact dédiée à cet effet. « Le bouclage strict du Liban visait à prévenir un effondrement total de la situation sanitaire, surtout que le nombre de personnes contaminées admises en soins intensifs avait atteint de tels niveaux que le secteur sanitaire n’était plus en mesure de gérer la situation », a rappelé M. Diab au début d’une réunion hier du Comité interministériel en charge du suivi de la pandémie. « Nous étions obligés de boucler le pays car beaucoup de personnes n’ont pas respecté les mesures de protection (…) Nous continuerons à mettre en œuvre des mesures qui empêchent un retour à la situation précédant le bouclage généralisé », a encore dit le Premier ministre sortant. Il a en outre remercié le personnel médical, et tous ceux qui travaillaient et affrontaient au quotidien la pandémie, « au service de leur pays », ainsi que les Libanais qui ont enduré la période de bouclage et les « difficultés sociales et psychologiques » qui l’ont accompagnée.
Quant au déconfinement, « il aura lieu en quatre étapes », explique à L’Orient-Le Jour le général Mahmoud Asmar, secrétaire général du Conseil supérieur de la défense. « Chaque étape durera 15 jours et à chaque fois, de nouveaux secteurs seront autorisés à reprendre leurs activités », indique le général Asmar. « Le pays restera confiné, mais certains secteurs jugés nécessaires seront autorisés à rouvrir dès lundi. La circulation continuera d’être interdite durant la première étape. Tout le monde devra demander une autorisation pour sortir », ajoute le militaire.
Le déconfinement, étape par étape
Lundi, ce seront donc les supermarchés, les minimarkets et les banques qui seront autorisés à accueillir les clients, à condition de travailler à 20 % de leur capacité, selon des informations fournies par notre correspondante, Hoda Chedid. Les personnes souhaitant se rendre dans ces établissements devront effectuer une demande sur la plateforme Impact. Il sera interdit aux plus de 60 ans de se rendre au travail.
Les industries agricoles, les industries qui fabriquent des produits dérivés des volailles et bovins, et les usines de produits laitiers pourront également reprendre leurs activités aux mêmes conditions. Les employés de l’ensemble de ces secteurs devront se faire tester de manière obligatoire tous les 14 jours. La Banque du Liban a annoncé pour sa part que la chambre de compensation des chèques ouvrira mercredi pour que les banques puissent encaisser leurs chèques.
Toujours selon notre correspondante, la deuxième étape sera marquée par la réouverture des agences automobiles, garages, teintureries, et par une reprise de l’activité pour les taxis, bus, chantiers de construction et industries de toutes sortes. Ces secteurs seront toutefois autorisés à reprendre leurs activités à condition de travailler à 40 % de leur capacité. Les employés devront passer un test PCR tous les 30 jours. Il sera toujours interdit, lors de cette phase, aux plus de 60 ans de se rendre sur leur lieu de travail.
La troisième phase sera celle de la réouverture de l’ensemble des commerces qui n’étaient pas inclus dans les deux phases précédentes. Banques et industries pourront travailler à 50 % de leur capacité, et le PCR sera obligatoire tous les 30 jours pour les employés. Quant aux plus de 60 ans, ils ne seront toujours pas autorisés à se rendre au travail.
Lors de la quatrième et dernière phase, les restaurants, le Casino du Liban, les lieux touristiques et historiques, les piscines, les plages, les salles de gym et les salles de jeux devraient pouvoir accueillir à nouveau les clients. Les plus de 60 ans seront autorisés à reprendre leurs activités professionnelles à ce moment-là, selon notre correspondante.
Quant au secteur de l’éducation, le comité scientifique recommande de garder les écoles, les universités et les garderies fermées, au moins durant la première phase de déconfinement. À noter que le passage d’une étape à l’autre restera tributaire de la situation sanitaire et du nombre de places disponibles dans les unités de soins intensifs.
Deux cent mille vaccins russes
Commentant le record macabre de 98 décès enregistré hier, le ministre sortant de la Santé, Hamad Hassan, a averti que la situation épidémiologique dans le pays était « toujours préoccupante ». M. Hassan a précisé que des décès ont été signalés dans des maisons de retraite. « Le plan d’accroissement des capacités progresse à plein régime dans les hôpitaux publics, et il y aura 60 lits supplémentaires d’ici à la semaine prochaine », a en outre promis le ministre sortant.
Abdel Rahman Bizri, président de la Commission nationale pour le vaccin anti-Covid-19, a révélé pour sa part que le Liban recevra 200 000 doses du vaccin russe Spoutnik V offertes par l’ambassade de Russie à Beyrouth, sans donner d’indications sur la date de réception de ce vaccin. Il a également indiqué lors d’une tournée d’inspection à Saïda que le vaccin d’AstraZeneca arrivera au Liban début mars. Le Liban attend par ailleurs son premier lot de doses du vaccin développé par Pfizer/BioNTech entre le 13 et le 17 février. La priorité est donnée au personnel soignant et aux personnes de plus de 75 ans, Libanais et ressortissants étrangers confondus. Les autorités sanitaires visent une immunisation collective de 80 % d’ici à douze mois.
« Nous ne pourrons pas protéger les Libanais du Covid-19 sans vaccin. Le monde entier se dirige vers la vaccination, et il y a des signes encourageants dans de nombreux pays, dont l’Angleterre et les États-Unis, où des millions de personnes se sont fait vacciner et où les écoles ont commencé à rouvrir », a indiqué le Dr Bizri.
Record macabre de 98 décès vendredi
Le Liban a enregistré hier un bien triste record de 98 décès ainsi que 3 071 nouveaux cas de contamination au coronavirus au cours des dernières 24 heures, selon le dernier bilan officiel du ministère de la Santé publié dans la soirée. Le taux de contamination par rapport au nombre de tests effectués au cours des 14 derniers jours s’élève, lui, à 22,3 %. Ces chiffres font grimper à 315 340 le nombre des personnes ayant contracté le virus depuis février 2020, au nombre desquelles 3 495 sont décédées et 196 430 guéries. Parmi les cas toujours actifs, 2 287 personnes sont hospitalisées, dont 920 en soins intensifs.
Nouvelle manifestation à Saïda contre la détérioration des conditions de vie
Plusieurs protestataires se sont rassemblés hier pour la quatrième fois cette semaine au niveau du rond-point Élia, à Saïda (Liban-Sud), afin de protester contre la hausse des prix et la détérioration de leurs conditions de vie, dénonçant l’absence d’aide de la part de l’État durant le confinement strict imposé depuis mi-janvier pour enrayer la propagation du coronavirus. Les manifestants ont incendié des pneus et bloqué les routes menant à la place, et l’armée libanaise est intervenue pour les rouvrir.
Au dessous de tout.....
15 h 18, le 06 février 2021