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Économie - Conjoncture

L’activité dans le secteur privé en baisse de 45 % en 2020, s’inquiète l’Escwa

L’organisation a également constaté une baisse de la main-d’œuvre active dans les entreprises libanaises qui exportent.

L’activité dans le secteur privé en baisse de 45 % en 2020, s’inquiète l’Escwa

L’Escwa estime que le PIB libanais s’est contracté de 20 % en 2020, en raison de la crise économique, de la pandémie de Covid-19 et de l’explosion au port de Beyrouth. Photo M.A.

Alors que quasiment toutes les filières de l’économie libanaise sont remontées contre le bouclage total imposé depuis le 14 janvier, lequel devrait en principe prendre fin la semaine prochaine, la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale (Escwa) a publié hier un rapport constatant le piètre état du secteur privé, à l’issue d’une année 2020 marquée par la crise, le coronavirus et la double explosion du 4 août qui a ravagé de nombreux quartiers de Beyrouth.

Sous le titre « Le secteur privé formel : l’amère réalité de 2020 », le rapport fait état d’une baisse de 45 % de l’activité du secteur privé sur cet exercice, en glissement annuel, et d’une diminution de 23 % du nombre des employés de ce secteur. Dans son communiqué de presse, l’agence onusienne décrit une économie « en chute libre » depuis 2019, période au cours de laquelle la monnaie nationale a perdu plus de 80 % de sa valeur. Elle estime que le PIB libanais s’est contracté de 20 % en 2020, un pronostic aligné sur celui de la Banque mondiale (-19,2 %) mais plus optimiste que celui du Fonds monétaire international (-25 %) ou de l’Institut de la finance internationale (-26,9 %). Cette contraction de l’économie va naturellement s’accompagner d’une baisse des recettes fiscales du pays de l’ordre de 17 % en 2020.

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L’Escwa anticipe une nouvelle baisse du PIB cette année, si les vaccins contre le Covid-19 ne sont pas distribués à temps, et si les réformes politiques et économiques « nécessaires » ne sont pas mises en place, conditions sine qua non pour l’obtention de financements internationaux, que ce soit le programme CEDRE datant d’avril 2018, ou encore l’assistance financière que le Liban pourrait demander au FMI, démarché en mai 2020 à cette fin.

Commerces et transports

Selon le rapport, les secteurs les plus affectés sont les commerces de gros comme de détail (-47,8 % entre octobre 2019 et la moyenne des ventes estimées en 2020), suivis par les transports (-46,6 %), la construction (-45,2 %), l’industrie (-44,7 %) et enfin les hôtels et les restaurants (-41,2 %).

Au niveau des destructions d’emplois, les secteurs les plus impactés sont la construction (-40,2 % entre octobre 2019 et la moyenne estimée en 2020), suivie par les hôtels et restaurants (-30,89 %), l’industrie (-26,29 %) et les commerces en gros et de détail (-23,89 %). Fait étonnant, le secteur du transport a connu une faible augmentation de ses effectifs (+0,92 %), une tendance qui pourrait s’expliquer par la hausse des livraisons à cause du confinement, selon Salim Araji, économiste à l’Escwa, interrogé par L’Orient-Le Jour.

À noter, pour relativiser ces données, que la part des salariés dans le secteur informel est très élevée. Une étude de l’Administration centrale de la statistique (ACS) publiée en janvier 2020 et se basant sur un sondage réalisé entre avril 2018 et mars 2019 l’a en effet estimée à 64 %, ce qui fausse les estimations concernant le chômage dans le pays, qui a été évalué à 30 % à fin juin 2020 par une étude réalisée par la société Infopro.

Endettement

Toujours selon l’Escwa, la pandémie a réduit les offres d’emploi de la part des entreprises, en particulier dans les petites et moyennes (PME), ainsi que dans les microcompagnies qui constituent 91 % de l’emploi formel à temps plein, mais dont 45 % des travailleurs sont pauvres de manière « multidimensionnelle » (la personne doit cocher au moins un tiers des indicateurs de la pauvreté pris en compte, tels qu’une mauvaise santé, un manque d’éducation, un niveau de vie inadéquat, une mauvaise qualité du travail, des menaces de violence, etc.). Le nombre d’emplois a en outre diminué de moitié dans les microentreprises et d’un cinquième dans les petites entreprises. L’explosion au port de Beyrouth a également impacté négativement l’emploi demandé par les entreprises. En effet, le nombre des travailleurs dans ces firmes a diminué, en particulier le nombre de femmes (-21,2 % dans des compagnies ayant subi des dégâts contre -16,86 % pour les autres).

Un autre problème auquel font face les entreprises libanaises est l’endettement : plus de la moitié des firmes doivent rembourser des dettes en dollar, alors que le billet vert s’échange sur le marché noir contre près de 9 000 livres. Dans ce cas aussi, les sociétés qui ont subi des dégâts lors de l’explosion sont les plus endettées (80,21 % contre 61,49 % pour les autres). Les entreprises exportatrices, qui ont donc des revenus en monnaie forte, ne sont pas épargnées par le marasme économique ambiant, les offres d’emploi ayant aussi baissé (14 % pour les entreprises exportatrices contre 30 % pour celles qui se focalisent sur le marché libanais).

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Rappelant que 55 % de la population libanaise vivait déjà en mai 2020 sous le seuil de pauvreté, la secrétaire exécutive de la Commission, Rola Dashti, a appelé les autorités à développer un « plan national de sauvetage des microentreprises et des PME » afin de limiter le chômage, en proposant par exemple des réductions fiscales ou encore des prêts concessionnels (avec des taux d’intérêt plus bas que ceux du marché). Elle a également appelé le gouvernement sortant à mettre en place des mesures de protection sociale, pour réduire l’impact de la pandémie sur le chômage, et insisté sur la nécessité d’apporter des aides aux entreprises exportatrices afin d’augmenter la productivité et l’emploi. « Vu la faible capacité budgétaire libanaise, les programmes sociaux et d’emploi ont besoin d’un financement international et régional pour réduire les risques d’augmenter le taux de pauvreté », explique-t-elle, avant de préciser que « l’aide internationale doit être bien dépensée pour cibler les groupes les plus vulnérables ».

Alors que quasiment toutes les filières de l’économie libanaise sont remontées contre le bouclage total imposé depuis le 14 janvier, lequel devrait en principe prendre fin la semaine prochaine, la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale (Escwa) a publié hier un rapport constatant le piètre état du secteur privé, à l’issue d’une année 2020...

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