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Société - Sécurité sanitaire des aliments

Les saisies de produits avariés appelées à se multiplier

« Le Liban est connu pour le recyclage de produits dont la date de péremption est dépassée », avertit Zouhair Berro, président de l’Association de protection des consommateurs.

Les saisies de produits avariés appelées à se multiplier

De la viande avariée a été saisie lundi à Sabra, lors d’une perquisition initiée par le ministère de l’Économie.Photo Mohammad Abou Haïdar

Après le sushi avarié et le hamburger périmé, les autorités ont saisi lundi de la viande impropre à la consommation dans deux boucheries du quartier populaire de Sabra, à Beyrouth. Dans un pays en pleine crise économique et sociale, il semblerait que ce genre de situations soit appelé à se répéter durant les semaines et les mois à venir. En cause, les difficultés financières dans un pays qui importe la plupart des produits qu’il consomme, ainsi que le stockage par les commerçants d’une marchandise qu’ils n’arrivent plus à écouler.

« Nous avons retrouvé des produits dont la date de péremption avait expiré dans une boucherie de Sabra. Nous avons également effectué des saisies dans une autre boucherie du quartier qui travaillait dans de mauvaises conditions sanitaires », a indiqué à L’Orient-Le Jour Mohammad Abou Haïdar, directeur général du ministère de l’Économie. « Plus la crise se poursuit, plus on verra des dérapages et de la corruption au niveau de la sécurité sanitaire des aliments. La situation est délicate puisqu’il en va de la santé des consommateurs. Les mauvaises conditions de stockage y sont pour beaucoup. De plus, certains fournisseurs tentent d’importer des produis moins chers, sauf qu’ils lésinent sur la qualité en faisant cela », alerte ce responsable, qui confie ne pas avoir de chiffres précis sur les quantités d’aliments avariés saisis dernièrement.

Graines infestées, fromage moisi...

Selon M. Abou Haïdar, le ministère accorde aujourd’hui « la priorité à la sécurité sanitaire et à la qualité des produits vendus sur le marché », après les nombreuses saisies de produits périmés dernièrement. Il y a une semaine, les autorités avaient détruit une tonne de viande avariée destinée à la confection de hamburgers. En début de mois, le service des douanes avait perquisitionné un entrepôt d’aliments dans la région de Aramoun (caza de Aley) où étaient stockées 28 catégories de produits périmés, utilisés dans l’industrie du sushi. « La viande de hamburger n’avait heureusement pas encore été distribuée sur le marché lorsque nous l’avons saisie, explique M. Abou Haïdar. Pour le sushi avarié, nous avons obtenu la liste des restaurants qui achètent auprès du fournisseur en question. Ce qui nous a aidés, c’est qu’avec le confinement, la plupart des restaurants sont fermés et n’ont pas eu accès à cette marchandise. Par ailleurs, nous avons détruit les produits que nous avons trouvés chez les restaurateurs qui s’étaient approvisionnés auprès de ce fournisseur », ajoute-t-il.

Mohammad Abou Haïdar révèle qu’outre la viande avariée, le ministère saisit souvent des détergents et des antiseptiques frelatés. Il appelle les consommateurs à avertir le ministère de toute marchandise suspecte sur l’application Consumer Protection Lebanon.

Zouhair Berro, président de l’Association de protection des consommateurs, dresse pour sa part un tableau sombre de la situation et déclare que les Libanais « mangent beaucoup de produits impropres à la consommation ». « Le Liban est connu pour la revente et le recyclage de produits dont la date de péremption est dépassée et avec la paupérisation, on ne jettera plus rien du tout », soupire-t-il. « On reçoit un grand nombre de plaintes concernant des graines infestées par les insectes, du fromage moisi ou de la viande avariée. On nous signale également de nombreuses intoxications alimentaires. Cette tendance va augmenter dans les mois à venir », met-il en garde.

Des produits dont la date de péremption est dépassée ont été trouvés dans une boucherie du quartier populaire de Sabra. Photo Mohammad Abou Haïdar

Du jamais-vu

« C’est du jamais-vu, en termes de quantité de produits périmés retrouvés ces derniers mois », confie pour sa part un responsable des douanes, sous le couvert de l’anonymat. Il rappelle que les autorités avaient détruit 350 tonnes de poulet avarié en juillet dernier. Pour ce responsable, il ne fait pas de doute que la plupart des saisies effectuées dernièrement sont en lien avec la crise économique. « La présence de sushi avarié, par exemple, est certainement liée de manière directe à la crise. Ces produits sont chers et n’ont pas été écoulés à cause du confinement et de la chute des ventes », explique ce haut fonctionnaire, tout en dénonçant des « mafias » qui n’hésitent pas à vendre des produits alimentaires dont la date de péremption est arrivée à terme. « Ce genre d’agissements va sûrement augmenter avec la crise », assure-t-il. Pour Zouhair Berro, le problème de la sécurité sanitaire des aliments serait également à liée au « stockage incroyable » de produits auxquels les commerçants ont commencé à se livrer dès fin 2019, après le début du soulèvement populaire. « Les petits et moyens commerçants ont d’énormes stocks qu’ils n’arrivent pas à écouler et qui pourrissent entre-temps, explique le président de l’Association de protection des consommateurs. Les subventions accordées dernièrement par les autorités ont profité aux grands importateurs qui ont inondé le marché. Ils ont présenté des factures dont les trois quarts étaient fausses ou gonflées pour prendre autant de dollars que possible » de la Banque du Liban, qui subventionne une partie du montant des importations. « Ils ont fait cela, au lieu de vendre ce qui était déjà stocké. Je connais même des particuliers qui ont amassé des centaines de kilos de produits alimentaires chez eux. Naturellement, tous ces produits seront bientôt périmés », lance M. Berro qui appelle à la « mise en place de nouvelles politiques pour la gestion de la sécurité sanitaire ». M. Berro rappelle qu’une loi pour la protection du consommateur a été votée en 2015 mais qu’elle n’a jamais été appliquée, « en raison des pressions exercées par les importateurs et les commerçants sur la classe politique ». « Si cette loi est appliquée, les commerçants auront de grosses pertes car il faudra jeter une grande partie de leurs produits. Ils devront alors perdre 20 % de leurs profits pour être à la hauteur des conditions sanitaires requises », explique-t-il.

Après le sushi avarié et le hamburger périmé, les autorités ont saisi lundi de la viande impropre à la consommation dans deux boucheries du quartier populaire de Sabra, à Beyrouth. Dans un pays en pleine crise économique et sociale, il semblerait que ce genre de situations soit appelé à se répéter durant les semaines et les mois à venir. En cause, les difficultés financières dans...

commentaires (3)

C’est vraiment une monnaie courante au Liban de vendre des aliments avariés. Tant que les responsables ne seront jamais punis d’une manière sévère, cette porte restera ouverte à ces criminels. Il faut les faire payer et les mettre en prison.

Elias

21 h 28, le 27 janvier 2021

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Commentaires (3)

  • C’est vraiment une monnaie courante au Liban de vendre des aliments avariés. Tant que les responsables ne seront jamais punis d’une manière sévère, cette porte restera ouverte à ces criminels. Il faut les faire payer et les mettre en prison.

    Elias

    21 h 28, le 27 janvier 2021

  • Y RESTE-T-IL DES PRODUITS NON AVARIES UN PEU BONS POUR LA CONSOMMATION DES ESTOMACS AFFAMES DANS CE PAYS... DES VIANDES, AUX POISSONS, AUX AGRUMES, TOUTES GRAINES ET LEGUMES ARROSES AVEC LES EAUX POLLUEES CHIMIQUEMENT PAR LES ECERVELES PRODUCTEURS ET COMMERCANTS DU M,ENFOUTISME ET LES RESPONSABLES INCOMPETENTS ? LE MANDAT AOUN RESTERA DANS L,HISTOIRE DU PAYS LA PIRE MALEDICTION SUBIE PAR LE PEUPLE LIBANAIS ET LE LIBAN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 01, le 27 janvier 2021

  • S'ils commençaient déjà à rouvrir les supermarchés afins que les gens puissent s'acheter à manger, mais non! Trop futé pour ces bœufs.....

    Christine KHALIL

    09 h 40, le 27 janvier 2021

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