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Culture - Archéologie

Au Levant, nous avons aussi des dolmens !

Le site de Menjez, au Akkar, qui abrite la plus grande nécropole mégalithique du Liban, va être restauré par des archéologues dirigés par la Suissesse Tara Steimer-Herbet.

Le site de Menjez, au Akkar, qui abrite la plus grande nécropole mégalithique du Liban, va être restauré par des archéologues dirigés par la Suissesse Tara Steimer-Herbet.

Alors qu’au néolithique, les morts sont enterrés sous les habitations, aux IVe et IIIe millénaires avant l’ère chrétienne, les populations nomades ou semi-nomades érigent des dolmens et des tombes-tours pour abriter les dépouilles mortelles de leurs proches.

À l’invitation de la conservatrice du Musée de la préhistoire Maya Haïdar Boustani, l’archéologue suisse Tara Steimer-Herbet a donné un aperçu des monuments mégalithiques implantés par milliers sur une vaste zone géographique allant de la Syrie au Yémen, en passant par l’Arabie et Oman. Si la tombe-tour est caractéristique des premières oasis en Arabie, le dolmen domine dans les pays du Levant, a expliqué l’ancienne pensionnaire de l’Institut français du Proche-Orient (IFPO) de Damas, chargée d’enseignement à l’Université de Genève. Constitué d’une grosse dalle de couverture posée sur des pierres verticales qui lui servent de pieds, il fait penser à une gigantesque table. Les dalles de couverture peuvent atteindre deux mètres de diamètre et peser plusieurs tonnes. Ces monuments à plan simple auxquels on accède par le toit, ou qui s’ouvrent sur l’intérieur par un couloir desservant des chambres, de forme carrée, triangulaire ou rectangulaire, construites en pierre sèche, marquent le paysage du plateau du Léja, dans le sud de la Syrie, et celui du Golan, qui offre « un énorme ensemble de plus de 1 500 tombes ».

Le village de Menjez, au Akkar, en abrite des centaines, datant de 3 000 ans avant l’ère chrétienne. « C’est la plus grande nécropole mégalithique au Liban », signale l’archéologue. Elle rappelle que les fouilles menées dans les années soixante, par le père Tallon, avaient livré un matériel remontant au chalcolithique, bronze ancien et bronze récent. En 1995, ayant à son tour effectué des prospections sur les lieux, et étudié la céramique, la conférencière signale que les tombes, de formes variées, ont été pillées ; certaines ont perdu leur dalle de couverture, et leur tumulus a été éparpillé.

Un projet, financé par le fonds Small Grants for the Cultural Protection du British Council, va permettre « la restauration et la valorisation du site ». Tara Steimer-Herbet dirigera l’opération avec Marie Besse, responsable du laboratoire d’archéologie préhistorique et d’anthropologie à l’Université de Genève, en collaboration avec des chercheurs ayant des compétences en muséographie et en tracéologie (Université de Rennes et association MégaNéo qui regroupe des spécialistes du patrimoine mégalithique et des sociétés néolithiques), ainsi que des partenaires locaux (Musée de la préhistoire libanaise, Département général des Antiquités). « L’équipe fera une étude approfondie de l’architecture par des observations scientifiques préliminaires et des relevés 3D. » De même, « des consolidations seront effectuées afin de restituer l’histoire de ce site à intérêt patrimonial. L’initiative sera accompagnée d’un espace maison du patrimoine et d’un parcours archéologique ».

Tombes-tours détectées par Google Earth
Les tombes-tours se trouvent dans les zones désertiques et semi-désertiques de l’Arabie et du Levant. Situés près de points d’eau et sur des proéminences rocheuses visibles de loin, « ces monuments, détaille la conférencière, se plient à une architecture codifiée, qui comporte une chambre circulaire, une voûte en encorbellement, des orthostates contre une paroi en pierre sèche et une toiture plate. Leur hauteur est d’un à deux mètres, et leur diamètre varie entre trois et douze mètres ». Dix mille tombes-tours ont été inventoriées dans le Levant, dont un ensemble important de 1 500 dans la région de Hebariyeh, au nord du Herra syro-jordanien. De 200 à 300 dans le Sinaï ; et plusieurs milliers en Arabie (dans le désert du Sabaatayn) et au Yemen (Jabal Ruwaïk et Jabal Jidran). Parfois associés à des kites (pièges à pigeons) ou à des murs, ou encore à un alignement de caissons et de piles, allant de cinq mètres à plusieurs kilomètres, ces vestiges sont appelés tombes-tours à traîne.

L’archéologue suisse souligne toutefois qu’il est souvent difficile de distinguer les vestiges, d’autant plus que l’amas de pierres et de tumulus qui les recouvrait et les protégeait à l’origine a été dispersé et s’est fondu dans le paysage désertique. Mais « la mise en ligne des images satellites par le site web Google Earth a permis de séparer les monuments du substrat rocheux, offrant ainsi la possibilité d’étudier de manière cohérente l’architecture de ces monuments mégalithiques et leur implantation à l’échelle régionale ». Elle indique également que « l’absence de dépôts sédimentaires dans les zones arides et semi-arides a permis aux archéologues de faire de la prospection simplement avec un GPS. Cependant, il est toujours difficile de reconstituer l’histoire des tombes en raison des pillages qui remontent à des milliers d’années, probablement depuis leur construction ». Aussi le mobilier funéraire recueilli est-il rare. Selon la conférencière, il se limite à du lithique, des ossements humains et des tessons de céramiques. « Au Yémen, toutefois, conclut Steimer-Herbet, la fouille des nécropoles de Jabal Ruwaïk et Jabal Jidran par des équipes d’archéologues français a livré des vases et jarres en terre cuite, ainsi qu’un bon nombre d’éléments de parures en cornaline, en pierre gravée, en os, en céramique et en coquillages. »


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commentaires (4)

AU LIBAN OUTRE LES DOLMENS NOUS AVONS AUSSI LES DOLMAS CORROMPUS ET ALIBABIENS QUI FONT HONTE A NOTRE SOCIETE !

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 23, le 21 mai 2018

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Commentaires (4)

  • AU LIBAN OUTRE LES DOLMENS NOUS AVONS AUSSI LES DOLMAS CORROMPUS ET ALIBABIENS QUI FONT HONTE A NOTRE SOCIETE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 23, le 21 mai 2018

  • Le ministère de tourisme fait bon travail car sur leur site web, Menjez dans l'Akkar (frontière avec la Syrie) est indiqué de point d'interêt pour son temple romain. Voir aussi https://www.lorientlejour.com/article/283753/. Je sais qu'il y a aussi un monastère à Menjez mais je ne savais pas qu'il y avait une nécropole mégalithique. C'est typique pour le Liban, très petit, mais chaque kilomètre carré est rempli de vestiges et d'histoire.

    Stes David

    09 h 57, le 21 mai 2018

  • Bravo notre Liban est riche les dolmens le prouvent...

    Soeur Yvette

    09 h 14, le 21 mai 2018

  • Bravo. Les dolmens prouvent encore une fois que le Liban est super riche toujours en monuments historiques .

    Antoine Sabbagha

    09 h 04, le 21 mai 2018

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