Des partisans d'Amal agressent un activiste pour une publication sur les réseaux sociaux

Des partisans du mouvement chiite Amal du président du Parlement libanais Nabih Berry ont agressé physiquement dimanche un jeune habitant de Adloun (Liban-Sud), pour des propos que ce dernier avait écrit sur les réseaux sociaux, accusant indirectement le chef du Législatif de corruption, rapportent différents sites locaux. L'activiste Abbas Hayek, qui serait affilié au parti de gauche laïc de l'Union de la jeunesse démocratique libanaise, est actuellement hospitalisé. 

Au cours du week-end écoulé, il avait publié une photo de lui dans le port de plaisance de Adloun, petite ville côtière située entre Tyr et Saïda, qu'il avait commentée : "Quand tu te souviens que le port de Adloun a été construit avec ton propre argent...", en référence à une éventuelle utilisation de fonds publics pour le développement de cette infrastructure, appelée "port Nabih Berry". 

Selon le site d'informations al-Modon, les auteurs de l'agression ont publié un communiqué justifiant leur action contre des personnes "qui piétinent sans cesse les symboles du mouvement". Dans ce texte, ils précisent qu'ils ne sont pas "affiliés, mais partisans" du mouvement de Nabih Berry. Le mouvement Amal n'a pour l'heure pas réagi. "L'agression contre le camarade Abbas Hayek, membre du Conseil national de l'Union de la jeunesse démocratique libanaise, est une atteinte flagrante et barbare aux libertés publiques garanties par la Constitution libanaise et s'inscrit dans la continuité d'une série de tentatives visant à réprimer les voix dissidentes", a pour sa part réagi dans un communiqué le parti auquel est affiliée la victime.

Nabih Berry, président du Parlement depuis 1992, est une des figures les plus conspuées par les contestataires de la révolte du 17 octobre 2019. M. Berry et sa femme, Randa, sont régulièrement accusés de trafic d'influence et de détournement de fonds public, entre autres actes de corruption. Les tensions sont régulières entre certains fidèles au tandem chiite Amal-Hezbollah et des éléments de gauche à tendance révolutionnaire. Lors du soulèvement du 17 octobre, les partisans du mouvement Amal ont à plusieurs reprises agressé des manifestants, notamment dans les régions de Nabatiyé et de Tyr.