Rechercher
Rechercher

Au creux du vide

Encore plus guignolesque que la stratégie désordonnée contre la pandémie, on retrouve inévitablement ce sketch permanent que Balzac appelait « l’envers de l’histoire contemporaine ». Un gouvernement démissionnaire à long terme et aux moyens ternes, qui en moins de deux semaines opère un virage sur l’aile à 180 degrés, après s’être pris en pleine tronche le glaviot qu’il avait lui-même craché avant les fêtes de fin d’année.

Le tout évidemment déclamé sourcils froncés et index levé, dans un vocabulaire grotesque et niais, issu directement de ce qui se fabrique le mieux dans les casernes du monde arabe : « Mobilisation générale », « état d’urgence sanitaire », « branle-bas de combat anti-Covid… ». Des labels farfelus avec force coups de menton sur des airs aussi koullounesques que clownesques qui se veulent martiaux, jetés en pâture à une population accablée, dans l’espoir de lui tirer quelques plaques éparses de chair de poule.

Aussi, depuis hier, c’est Byzance chez les forces de l’ordre, tout à leur aise enfin de pouvoir exercer leur talent à autre chose qu’à jouer les concierges devant les bâtiments publics ou à servir de plantons aux vieux birbes de la politique. Ainsi, en moins de temps qu’il n’en faut à un ministre pour accoucher d’un bobard, des dizaines de pauvres hères déambulant pendant le bouclage ont été alpagués et jetés au trou. Finesse et élégance ! On attendra bien leur déposition avant de les fusiller ! Il est vrai que les FSI, c’est un peu comme la Sainte Vierge. S’ils n’apparaissent pas de temps en temps, le doute s’installe…

Voilà pourtant une sévérité à laquelle ce gouvernement de peu ne nous avait pas habitués. L’ordinaire c’était plutôt : un, on fronce les sourcils et fait semblant de commander ; deux, si ça foire, on regarde ailleurs en sifflotant ; trois, si ça pète, on se planque et on sacrifie un sous-fifre. Mais cette fois, c’est différent. On s’est soigneusement assuré au préalable que le citoyen mouton se laissera tondre avant de lâcher courageusement les pandores. C’est ce qui s’appelle bichonner son couvre-feu !

Ce qui n’a pas empêché la veille les affamés de dernière minute de se jeter sur les rayons des supermarchés. Certains en scaphandre de pied en cap, d’autres avec un masque pendouillant au bas du menton en train d’éructer et de postillonner leur Covid à tout-va. Montre-moi ton chariot, je te dirai qui tu es ! Le caddie est sans nul doute le reflet fidèle de la condition sociale de celui qui le pousse : pâtes, sucre et riz façon secours humanitaires pour les uns ; charcuterie, fromage, chips et bière en vue d’un navet sur Netflix pour les autres. La vie est dure, mais les stockeurs fous sont grisés.

Tête-à-queue gouvernemental, vociférations populaires et néant mental, on reste quand même dans le vent.

gabynasr@lorientlejour.com

Encore plus guignolesque que la stratégie désordonnée contre la pandémie, on retrouve inévitablement ce sketch permanent que Balzac appelait « l’envers de l’histoire contemporaine ». Un gouvernement démissionnaire à long terme et aux moyens ternes, qui en moins de deux semaines opère un virage sur l’aile à 180 degrés, après s’être pris en pleine tronche le glaviot...

commentaires (1)

Ca fait du bien de rire Excellent

Bardawil dany

10 h 41, le 18 janvier 2021

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Ca fait du bien de rire Excellent

    Bardawil dany

    10 h 41, le 18 janvier 2021

Retour en haut