Le Liban entièrement bouclé à partir de jeudi

À partir de jeudi et jusqu’au 1er février, le Liban entamera son troisième bouclage total pour tenter de freiner une épidémie qui bat des records sans précédent. Au lendemain d’une semaine festive marquée par des rassemblements lors desquels aucune précaution n’a été prise – ni par le gouvernement qui, sous la pression des secteurs économique et touristique, a joué la carte de l’allègement des mesures de prévention ni par la population dont la majorité continue de mener une vie normale dans un déni total de la pandémie –, les chiffres ont sans surprise rebondi au compteur du Covid-19, avec un pic de 3 507 cas enregistrés la semaine dernière. Ces chiffres sont appelés à augmenter pendant au moins une semaine encore, selon les spécialistes. Hier, 2 861 nouvelles contaminations et treize décès ont été signalés, ce qui fait grimper à 192 139 le nombre total des personnes testées positives depuis le premier cas annoncé le 21 février dernier, selon le bilan quotidien du ministère de la Santé. Au nombre de ces cas, 1 499 décès et 134 377 guérisons. Sur les cas toujours actifs, 1 189 patients sont hospitalisés dont 466 en soins intensifs. Parmi eux, 141 patients sont sous ventilation mécanique.

Hier donc, au terme de deux longues réunions de la commission interministérielle chargée de lutter contre la pandémie, marquées par des divergences d’opinion, il a été décidé d’imposer un nouveau confinement de 25 jours, avec un retour à la circulation alternée et à un couvre-feu de 18h à 5h. Les véhicules portant une plaque d’immatriculation se terminant par un chiffre impair pourront ainsi circuler les lundis, mercredis et vendredis, et ceux avec une plaque d’immatriculation se terminant par un chiffre pair (dont le zéro) les mardis, jeudis et samedis. Tous les véhicules seront interdits de circuler les dimanches.

Informations préliminaires

Le ministère de l’Intérieur devrait publier aujourd’hui les circulaires détaillant l’ensemble des mesures préconisées. Selon des informations préliminaires toutefois, certains secteurs seront exemptés de ce bouclage et d’autres pourront fonctionner à temps partiel. Dans la première catégorie figurent les industries pharmaceutiques et les sociétés de médicaments et d’équipements médicaux, les industries de détergents et de désinfectants, les médias, les sociétés de sécurité, les hôtels et appartements meublés, les stations-service, les équipes de maintenance de l’internet et les générateurs.

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Toujours d’après les informations préliminaires, fonctionneront à temps partiel et à effectif réduit : les industries agroalimentaires, les usines de fourrage et d’engrais, les usines d’emballages, les imprimeries, les marchés de gros (fruits, légumes, poisson, volaille et viande), les distributeurs d’équipements médicaux et de médicaments, les supermarchés, les boulangeries, les laiteries, les poissonneries et les boucheries, les restaurateurs (uniquement pour les livraisons), les cliniques, les kiosques à journaux, les pépinières, l’inspection mécanique, les changeurs, les sociétés de transfert d’argent, LibanPost, les opticiens, les teintureries, les sociétés de gaz et les banques. De plus, l’activité aérienne à l’aéroport de Beyrouth serait limitée à 20 % de la capacité quotidienne. Tous les passagers devront être munis d’un test PCR négatif et effectueront un second test à leur arrivée. Les frontières terrestres seront ouvertes pour deux jours seulement (qui seront définis par la Sûreté générale), sachant que 1 000 personnes pourront entrer dans le territoire à travers le poste-frontière de Abboudié et 150 à travers celui de Masnaa.

Augmenter les lits en unités de soins intensifs

Par ailleurs, durant cette période, les hôpitaux privés sont appelés à augmenter le nombre de lits dans les unités de soins intensifs dédiées au Covid-19. Le ministre sortant de la Santé, Hamad Hassan, a ainsi déclaré à l’issue de la réunion du comité interministériel que selon la catégorie à laquelle ils appartiennent, les établissements hospitaliers doivent augmenter la capacité de ces unités de quatre à douze lits. En ce qui concerne les hôpitaux universitaires, ils doivent les augmenter d’au moins douze lits. Une réunion devrait se tenir aujourd’hui au ministère de la Défense avec des représentants des tiers payants pour décider de la démarche à suivre avec les établissements hospitaliers privés qui rechignent à se doter d’unités de Covid-19.

Cette fois-ci, le gouvernement semble déterminé à faire réussir le bouclage. M. Hassan a ainsi affirmé qu’« en plus des amendes, il y aura des poursuites judiciaires à l’encontre des contrevenants ». De son côté, le ministre sortant de l’Intérieur, Mohammad Fahmi, a mis l’accent sur le rôle des citoyens dans ce cadre. Il a appelé « la population à mettre en œuvre les mesures imposées et aider les forces de sécurité à appliquer les instructions pour faire face à la flambée de l’épidémie ».

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Au début de la première réunion de la commission interministérielle, le Premier ministre sortant Hassane Diab avait critiqué « la non-application des mesures préventives par la population ». « Malheureusement, jusqu’à présent, certains citoyens ne sont toujours pas convaincus des risques du virus », a-t-il regretté. Il a souligné que pour lutter contre la pandémie, l’État peut « imposer un confinement et un couvre-feu, mais il n’a pas la capacité de suivre chaque personne » pour s’assurer qu’elle respecte les règles, appelant à une « prise de conscience collective ».

Dans la matinée également, le directeur de l’hôpital universitaire gouvernemental Rafic Hariri, Firas Abiad, avait souligné qu’au-delà de la décision d’un nouveau confinement, il était important que les autorités s’attaquent à la situation du nombre de lits disponibles aux unités de soins intensifs et à la stratégie concernant les vaccins et la sortie du confinement.

Peu après l’annonce du confinement, des voix dissonantes se sont élevées contre cette mesure. Les commerçants de Marjeyoun ont ainsi, et par exemple, affirmé qu’ils ne se conformeront pas à cette décision et qu’ils ouvriront leurs portes comme à l’accoutumée…