Une petite phrase lancée dimanche soir par le ministre libanais sortant de la Santé, Hamad Hassan, dans laquelle il comparaît entre les personnes décédées du Covid-19 et celles qui ont perdu la vie dans la double explosion au port de Beyrouth, a été largement dénoncée sur les réseaux sociaux. Interviewé sur la chaîne locale al-Jadeed, M. Hassan a déclaré que "pour les personnes qui sont décédées dans l'explosion, on peut dire que c'était leur destin. Alors que dans le cas des personnes qui meurent du coronavirus, cela relève, selon moi, de leur propre responsabilité".
Les explosions au port de Beyrouth ont fait plus de 200 morts et des milliers de blessés. Elles ont été provoquées par la présence dans un hangar depuis des années de 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium, stockées sans mesure de précaution, une situation connue par de nombreux responsables politiques, sécuritaires et judiciaires. Pour beaucoup de Libanais, les autorités sont responsables de la catastrophe du 4 août en raison de leur négligence. La déclaration du ministre sortant n'a donc pas tardé à provoquer une polémique.
Sarah Copland, diplomate australienne auprès des Nations unies dont le fils de deux ans, Isaac Oehlers, est décédé dans la double explosion, a notamment réagi aux déclarations du ministre Hassan. "La mort de mon fils n'est pas une question de destin. Elle est le résultat de la négligence et de la corruption et ceux qui sont responsables d'avoir pris la vie de mon fils doivent rendre des comptes", a-t-elle écrit sur Twitter.
My son's death was not fate, it was the result of negligence and corruption and those responsible must be held accountable for cutting his life short #BeirutBlast #beirutexplosion https://t.co/J8MyjmNDWQ
— Sarah Copland (@sas_yvonne) January 4, 2021
Les victimes de l'explosion au port "ne sont pas mortes à cause du destin, elles sont mortes à cause de votre négligence collective", a dénoncé le journaliste Salman Andary, qui a qualifié "les propos et le langage corporel" du ministre Hassan de "provocateurs". "L'explosion de Beyrouth a eu lieu à cause de votre négligence et les contaminations au coronavirus augmentent à cause de vos décisions", a-t-il ajouté.
De son côté, le réalisateur et activiste Lucien Abou Rjeily a condamné des propos "honteux", taxant Hamad Hassan d'"immoralité". Pour lui, les personnes tuées par les explosions ont été "victimes d'un meurtre prémédité, qui aurait pu être évité n'était-ce le mépris et la corruption des responsables". Il a estimé que "lorsque l'État rouvre le pays et autorise les fêtes et les grands rassemblements, à l'inverse de tous les autres pays du monde, la responsabilité directe du pouvoir est directement engagée et les dirigeants exposent la population à une bombe sanitaire".
Alors que le taux de contamination restait élevé au Liban, les autorités avaient décidé de rouvrir tous les secteurs économiques pour les fêtes de fin d'année. Cette réouverture, assortie d'un couvre-feu limité à deux heures par nuit, ainsi que le manque de respect des mesures de prévention par les citoyens, ont provoqué une nouvelle hausse des contaminations et des hospitalisations, provoquant la saturation des unités Covid dans de nombreux hôpitaux.
A force de débiter des âneries certains libanais trouvent leurs propos tout à fait sains et se sont habitués à recevoir les claques sans trouver ça humiliant ou choquant. Pauvre libanais. Dire qu’il y a encore certains qui leur trouvent des excuses et font semblant de ne pas comprendre leurs insultes et leurs mensonges est encore plus grave que les propos tenus.
10 h 55, le 05 janvier 2021