
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Capture d'écran de la chaîne télévisée al-Manar
Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré dimanche que Téhéran répondra au moment qu'il jugera le plus opportun et "de la manière, militaire ou sécuritaire, la plus appropriée" à l'assassinat de Kassem Soleimani, chef des opérations extérieures des Gardiens de la révolution iranienne, tué il y a tout juste un an dans une frappe américaine à Bagdad. Le leader chiite a par ailleurs insisté sur la capacité de "l'axe de la résistance à transformer des menaces en opportunités". Le numéro un du Hezbollah a tenu ces propos lors d'un discours prononcé à l'occasion du premier anniversaire de l'assassinat du général iranien et d'Abou Mahdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi (paramilitaires irakiens intégrés à l'État).
Tout au long de son discours, l'aviation israélienne a survolé de manière intensive plusieurs régions du Liban, notamment Beyrouth, le Chouf, le Metn et le Kesrouan.
"Toute l'année écoulée et jusqu'à ces derniers jours ont été marqués par une grande inquiétude au Moyen-Orient", a déclaré le dignitaire chiite dans son discours retransmis en direct. "Hier, les Israéliens ont annoncé qu'ils avaient relevé leur niveau d'alerte au niveau maximal à l'occasion de la commémoration et aujourd'hui, la région est dans un état de grande tension. En cas d'incident, nous ne savons pas où cela nous mènera", a-t-il dit. "Certains pensent que l'Iran répondra à l'assassinat de Soleimani via ses agents, mais de mon côté je vous dis que l'Iran ne nous a rien demandé", a-t-il poursuivi, précisant que ce sont les Iraniens qui fourniront une réponse "militaire ou sécuritaire, au moment et de la manière qu'ils jugeront les plus appropriés". Il a ajouté que "si l'Iran avait voulu répondre militairement, il l'aurait fait dès les premiers instants" suivant l'assassinat.
Transformer des menaces en opportunités
Après la frappe, en janvier 2020, l'Iran avait riposté en tirant des missiles sur des bases irakiennes abritant des soldats américains, et en précisant que ces frappes étaient "un avertissement" avant une riposte de plus grande envergure. Celle-ci n'a pour l'instant pas eu lieu, et à l'approche du premier anniversaire de l'assassinat du commandant iranien, les tensions se sont exacerbées entre Washington et Téhéran. Fin novembre, le porte-avions américain USS Nimitz a été déployé dans le Golfe, et deux bombardiers américains B-52 ont survolé la région le 10 décembre dans une démonstration de force. Selon le New York Times, le secrétaire américain à la Défense Christopher Miller a toutefois depuis ordonné le retour du Nimitz, en signe de désescalade.
Des responsables iraniens et libanais avaient déjà fait état d'une prochaine riposte à l'assassinat. Hossein Salami, chef des gardiens de la révolution avait notamment affirmé que Téhéran ripostera à "toute action de l'ennemi", tandis que, quelques jours plus tôt, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif avait accusé le président américain sortant Donald Trump de chercher à fabriquer "un prétexte" pour lancer "une guerre" avant son départ le 20 janvier de la Maison Blanche. Samedi, le cheikh Nabil Kaouk, membre du Conseil central du Hezbollah, avait déclaré qu'une riposte à cet assassinat était "inévitable". Plusieurs commémorations ont été organisées par le parti chiite, au Liban, en hommage à Kassem Soleimani au cours des derniers jours.
Hassan Nasrallah a par ailleurs souligné que la résistance avait réussi à "assimiler la grande perte" causée par la mort du commandant iranien, malgré les prévisions de Washington, insistant sur la capacité de l'axe de la résistance à "transformer les menaces en opportunités". "Tuez-nous et notre peuple se relève toujours", a-t-il déclaré, à l'attention des Américains et des Israéliens, estimant qu'ils ont tort de penser que "les assassinats et les sanctions peuvent affaiblir la résistance". Et d'ajouter que l'assassinat du chef de la force al-Qods avait permis de "mettre les forces américaines sur le chemin de la sortie de l'Irak".
Le propos du commandant iranien Hadji-Zadeh
Le secrétaire général du Hezbollah est par ailleurs revenu sur les déclarations publiées dans la presse locale et attribuées au commandant de la force aérospatiale des Gardiens de la révolution, selon lesquelles Gaza et le Liban sont "des lignes de front" de l'Iran face à Israël. Il a estimé que ces propos avaient été "détournés". Selon lui, le commandant Ali Hadji-Zadeh a affirmé, lors d'un entretien sur la chaîne al-Manar affiliée a Hezbollah, que "le Liban et Gaza sont des lignes de front pour lutter contre l'occupation israélienne", et non "des lignes de front pour l'Iran".
Le leader chiite a également répondu indirectement aux différentes réactions aux propos du commandant des gardiens de la révolution, et notamment au Courant patriotique libre (CPL, aouniste), qui est normalement allié au parti chiite. Le CPL avait dénoncé implicitement les propos du général Hadji-Zadeh en affirmant que "l'aide reçue" de la part de pays tiers "ne doit pas être conditionnée par un abandon de la souveraineté nationale ni par une immersion dans des affaires qui ne concernent pas le Liban". Pour sa part, le chef de l'État Michel Aoun avait affirmé que les Libanais "n'ont besoin d'aucun partenaire" quand il s'agit de "protéger l'indépendance et la souveraineté de leur nation".
"Les aides iraniennes à la résistance ne sont pas du tout conditionnées", a déclaré Hassan Nasrallah. Il a souligné que le Liban devrait plutôt "remercier" le commandant iranien qui "s'est tenu à ses côtés depuis l'invasion israélienne" du pays en 1978" et pendant les différentes étapes du conflit avec l'État hébreu. "C'est la résistance qui a aidé le Liban et a protégé ses droits et sa souveraineté", a-t-il lancé. "On espère qu'un jour, le Liban sera riche grâce aux hydrocarbures, et cela pourra arriver grâce à la résistance et à ses missiles".
Il a enfin annoncé un prochain discours qui abordera différentes questions intérieures libanaises, notamment la formation du nouveau gouvernement, sans toutefois préciser de date.
Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré dimanche que Téhéran répondra au moment qu'il jugera le plus opportun et "de la manière, militaire ou sécuritaire, la plus appropriée" à l'assassinat de Kassem Soleimani, chef des opérations extérieures des Gardiens de la révolution iranienne, tué il y a tout juste un an dans une frappe américaine à Bagdad. Le...
commentaires (15)
Dans les pays civilisés, les agents de pays étrangers sont jugés comme des traitres et emprisonnés. Au Liban, Ils sont considérés comme des héros, des résistants et des sauveurs de la nation.
Achkar Carlos
19 h 49, le 04 janvier 2021