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Lifestyle - SOLIDARITÉ

Kanz, le trésor de Beit el-Baraka

En à peine deux ans d’existence, la jeune ONG libanaise Beit el-Baraka a traversé un ouragan. Son admirable organisation l’a projetée en première ligne sur le front de la crise économique et de la double explosion du port. Les aides ont plu, mais l’autarcie est restée l’obsession première.

Kanz, le trésor de Beit el-Baraka

Les quatre chefs, de gauche à droite : Hussein Hadid, Rouba Khalil, Youssef Akiki et Pierre Abi Haïla. Photos DR

Aujourd’hui, en plus d’exploiter des domaines agricoles, entre plantations et élevages, Beit el-Baraka lance sa propre ligne de mouné, conserves raffinées, sélectionnées ou préparées par quatre grands chefs libanais. Ces produits oubliés ou réinventés ressuscitent un savoir-faire qui fut aussi savoir-vivre et survivre, un art d’affronter la famine en resserrant les liens. Et comme ils représentent un trésor, ils sont regroupés sous le nom de Kanz.

Au départ, Maya Chams Ibrahimchah voulait sauver les maisons patrimoniales de Beyrouth. Pour leur beau passé, pour les vies qu’elles ont abritées, pour les jardins ébouriffés qui les entourent et qui ont connu des jours meilleurs. C’est en elles qu’elle voyait la baraka de Beyrouth. Elle rêvait de les transformer en lieux communautaires pour les personnes âgées délaissées, des personnes qui ont pu vivre à l’abri du besoin avec un salaire décent, mais qui, la retraite venue, se retrouvent avec des indemnités leur permettant à peine une année de visibilité en se serrant la ceinture. La suite est une descente aux enfers, déménagements de cloaque en cloaque et impossibilité de payer un loyer, de subvenir aux besoins les plus élémentaires, nourriture ou médicaments. Elle était dans cet état d’esprit, se battant pour redonner vie, ne serait-ce que le temps d’une soirée d’hiver, à l’une de ces demeures en déshérence, quand, au détour d’une rue, une rencontre lui ouvre une autre perspective.


Les produits Kanz de Beit el-Baraka.


La nécessité se déguise en hasard

Elle ne croit pas au hasard, Maya Ibrahimchah. Elle répond à ce qui l’interpelle et va jusqu’au bout de son engagement, sans s’inquiéter de ce que l’aventure lui réserve. Dès lors, elle va mobiliser le ban et l’arrière-ban de ses amis et de ses proches. Elle va répertorier des personnes dans l’urgence, 300 au départ, et créer un supermarché gratuit où ses protégés vont pouvoir s’approvisionner en payant avec une carte à points. Elle renonce à son projet de maison de retraite et s’attelle plutôt à faire restaurer les habitations insalubres, rafraîchir un secteur entier où la vie redevient plus légère, où de vrais sourires commencent à se dessiner.

https://www.lorientlejour.com/article/1246371/comment-les-ong-libanaises-ont-fait-face-a-la-tempete-du-4-aout.html

Son action suscite un enthousiasme à la hauteur de l’organisation qui la sous-tend. On y voit la réalisation de ce qu’on aurait attendu d’un gouvernement éternellement défaillant, sinon indifférent. Commerçants et industriels prennent le relais des particuliers et fournissent en vrac aliments ou matériel de construction. Les jeunes bénévoles affluent, motivés par les résultats spectaculaires de l’un des rares projets transparents, réfléchis et concrets qui aient vu le jour dans la capitale depuis bien longtemps. Mais Beit el-Baraka va vite se trouver débordée, tant par son succès que par la crise économique qui s’envenime. La double explosion au port va déposer sa cerise sur ce gâteau qui chancelle. Maya Ibrahimchah n’est pas femme à baisser les bras.


Les produits Kanz de Beit el-Baraka. Photo DR


La thaoura commence à envisager la famine. Le mot est donné pour planter le moindre carré de terrain vague. Beit el-Baraka va se voir prêter des terrains agricoles où vont se planter des arbres fruitiers et des potagers. Le supermarché a désormais son coin primeurs. Maya Ibrahimchah va même s’atteler à l’élevage. Elle sait que les donateurs, eux-mêmes effarés par le volume des besoins, pourraient se lasser. Il s’agit à présent pour Beit el-Baraka de conquérir son autonomie.


Les produits Kanz de Beit el-Baraka. Photo DR


Le meilleur d’un pays qui a encore beaucoup à offrir

C’est ainsi que la ligne d’épicerie fine Kanz est venue s’ajouter aux multiples entreprises de l’ONG. Le dernier-né de Beit el-Baraka célèbre le goût traditionnel du Liban avec des produits du terroir, accommodés par des artisans locaux selon des recettes authentiques de huit villages libanais et spécialement sélectionnés par quatre grands chefs : Youssef Akiki, Hussein Hadid, Rouba Khalil et Pierre Abi Haïla. Proposés en deux packs (avec ou sans les préparations des chefs) et élégamment présentés dans des sacs en tissu blanc illustrés d’une maison libanaise, ce ne sont pas moins de 17 articles qui vont ainsi contribuer à l’esprit festif de la saison et apporter dans chaque foyer le meilleur d’un pays qui a encore beaucoup à offrir : l’eau de sauge de Baklush, Kesrouan ; le miel blond de Tannourine ; l’huile d’olive vierge aux herbes sauvages de Bkarzla, Akkar ; la mélasse de pomme de Kfarniss, Chouf ; le makdous d’aubergine aux noix de Qaa, Békaa ; le zaatar et pistache de Abbassiyé, Tyr ; la fleur de sel à la lavande d’Enfeh ; le bourghoul préparé en kammounet el-banadoura de Qana, Liban-Sud. À ces produits bruts s’ajoutent les préparations exclusives des chefs : les biscuits à la lavande de Youssef Akiki, le chutney d’oignons fruités de Hussein Hadid, le pop-corn au caramel de Rouba Khalil, les meringues au chocolat de Pierre Abi Haïla. Et parce qu’il ne faut jamais arrêter de parler de Beyrouth, on trouvera au fond de chaque sac une bougie parfumée coulée par les artisans de Beit Chabab dans un contenant en verre provenant des débris de la double explosion ainsi qu’un beau soliflore de la même matière.

Appelez le 81-361304, toute la générosité du monde vous y attend.

Aujourd’hui, en plus d’exploiter des domaines agricoles, entre plantations et élevages, Beit el-Baraka lance sa propre ligne de mouné, conserves raffinées, sélectionnées ou préparées par quatre grands chefs libanais. Ces produits oubliés ou réinventés ressuscitent un savoir-faire qui fut aussi savoir-vivre et survivre, un art d’affronter la famine en resserrant les liens. Et comme...

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