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Politique - Formation du gouvernement

Joumblatt : Hariri pensait pouvoir éloigner Bassil de Aoun, mais c'est impossible

"Personne ne veut d'une enquête" sur la double explosion meurtrière du 4 août au port de Beyrouth, estime le leader druze.

Joumblatt : Hariri pensait pouvoir éloigner Bassil de Aoun, mais c'est impossible

Le chef du Parti Socialiste Progressiste (PSP), Walid Joumblatt en conférence de presse le 21 janvier 2011, à Beyrouth. Photo d'archives Anwar Amro AFP

Le chef du Parti Socialiste Progressiste (PSP), Walid Joumblatt, a estimé lundi que le Premier ministre désigné Saad Hariri avait eu tort de penser que former un gouvernement serait "une chose facile" et d'avoir cru qu'il pourrait éloigner le chef de l'Etat, Michel Aoun, de son gendre, le leader du Courant Patriotique Libre Gebran Bassil. 

Les propos de M. Joumblatt, dans une déclaration au site al-Anbaa, organe du PSP, interviennent alors que le Premier ministre désigné tente depuis deux mois, sans succès, de former un gouvernement "de mission" composé d'experts non partisans, capables de mettre en œuvre les réformes demandées par la communauté internationale, préalable au déblocage de l'aide économique pour un Liban en grave crise.

"Saad Hariri a commis des erreurs"

"Sur le plan local, je tiens les forces politiques (Michel Aoun, Saad Hariri et le Hezbollah) pour responsables" du blocage du processus de formation du gouvernement, "et je n'oublie pas que le Courant Patriotique Libre (aouniste, ndlr) est un parti essentiel", a affirmé Walid Joumblatt. "Saad Hariri a commis des erreurs en voulant imposer des noms (de ministrables, ndlr) à Michel Aoun et il y a un désaccord sur ces noms apparemment, comme sur les portefeuilles" a-t-il concédé.

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Lors de sa désignation, le 22 octobre, Saad Hariri s'était engagé à former un cabinet de spécialistes indépendants. Mais ayant préalablement promis au tandem chiite Amal-Hezbollah de pouvoir nommer leurs ministrables, le CPL et le chef de l'État lui reprochent d'appliquer une politique des "deux poids deux mesures" et réclament donc de pouvoir également choisir leurs candidats.

"Résidus de Gebran Bassil"

"Pour ce qui est du ministère de l'Energie, peut-on désigner un ministrable sans nettoyer le ministère des résidus de Gebran Bassil et ses successeurs au sujet du dossier du fuel et des navires-centrales turcs ?", s'est interrogé M. Joumblatt. Gebran Bassil a été à la tête du ministère de l'Energie de 2009 à 2014 et est accusé d'avoir fait de la solution temporaire des navires centrales de la société turque Karadeniz, une solution chronique.

Et M. Joumblatt de lancer une seconde pique directe à Gebran Bassil et Saad Hariri à la fois : "Nous voulons quelqu'un qui sache s'imposer, il en va de même en ce qui concerne la Justice et l'Intérieur. Saad Hariri pensait pouvoir éloigner Gebran Bassil de Michel Aoun, mais c'est impossible", a regretté le leader druze. Et M. Joumblatt de critiquer encore le PM désigné : "Cheikh Saad a cru au départ que former un gouvernement était une tâche facile, comme il a cru pouvoir amener des experts, mais être un spécialiste, en étant peu familier avec la politique n'est pas chose aisée au Liban".

Le leader druze a également estimé que "la principale force au Liban, c'est à dire l'Iran représenté par le Hezbollah, attend que le nouveau président élu, Joe Biden, négocie avec elle, sur le dossier libanais, les missiles, l'Irak, la Syrie, le Yémen. Ils sont tranquilles et ont le temps. En attendant, nous voyons comment ils profitent du vide."

La volonté de former un gouvernement d'indépendants se base sur l'initiative française, qui avait été annoncée le 1er septembre lors de la visite du président français Emmanuel Macron à Beyrouth. En effet, la mise sur pied d'un cabinet "de mission" était la première étape d'une feuille de route reprenant les réformes cruciales attendues par la communauté internationale pour débloquer des fonds visant à sortir le Liban de la crise financière et économique aiguë qu'il traverse. M. Macron était attendu le 22 décembre pour une troisième visite au Liban depuis août, mais il a dû annuler son séjour après avoir contracté le coronavirus. Son initiative est plus que jamais dans une impasse, voir enterrée, selon certains observateurs et le gouvernement démissionnaire de Hassane Diab est chargé de la gestion des affaires courantes depuis le 10 août dernier.

"Personne ne veut d'une enquête"

Au sujet de la double explosion meurtrière du 4 août au port de Beyrouth, Walid Joumblatt a affirmé que "personne ne veut d'une enquête", au moment où celle-ci est diligentée par le juge Fadi Sawan. "Le pouvoir judiciaire doit d'abord être respecté. Le juge Fadi Sawan a demandé à ce que l'enquête soit menée auprès des Premiers ministres. Mais pourquoi l'a-t-il limitée à ces derniers sans étendre sa demande au président de la République ? C'est douteux…", a-t-il concédé. "Même dans cette affaire, la réaction de Saad Hariri était mal placée, lorsqu'il a rencontré Hassane Diab pour exprimer sa solidarité à son égard en tant que Premier ministre, comme manière de jouer sur la fibre communautaire. C'était une grave erreur", a-poursuivi M. Joumblatt. 

Près de cinq mois après la gigantesque déflagration qui a fait plus de 200 morts et 6.500 blessés, l'enquête n'a abouti à aucun résultat convaincant, malgré une série d'arrestations parmi les responsables sécuritaires et portuaires. Dernièrement, ce sont le Premier ministre démissionnaire, Hassane Diab, et trois anciens ministres qui ont été inculpés été convoqués par la justice. Mais aucun d'eux n'a été entendu, la plupart d'entre eux ayant refusé de se présenter devant le juge.  Cette convocation, qui constitue une première, a été freinée par la classe politique qui a contre-attaqué et cherche à limiter le champ de l'enquête aux seuls éléments techniques. L'enquête a entre temps été temporairement suspendue par le juge Sawan afin qu'il réponde à un recours présenté contre lui par les anciens ministres inculpés, Ghazi Zeaïter et Ali Hassan Khalil.

"Tous les fonctionnaires qui sont passés sont responsables d'une manière ou d'une autre de ces matériaux qui étaient présents au port, pourquoi une enquête les concernant n'a pas été ouverte ? Tout le monde doit faire l'objet d'une enquête", a ajouté M. Joumblatt. "Le juge Fadi Sawan est dans une impasse, soit il continue (son enquête), soit il sera invité à démissionner", a conclu M. Joumblatt.

Le chef du Parti Socialiste Progressiste (PSP), Walid Joumblatt, a estimé lundi que le Premier ministre désigné Saad Hariri avait eu tort de penser que former un gouvernement serait "une chose facile" et d'avoir cru qu'il pourrait éloigner le chef de l'Etat, Michel Aoun, de son gendre, le leader du Courant Patriotique Libre Gebran Bassil. Les propos de M. Joumblatt, dans une déclaration...

commentaires (3)

Hariri a atteint ses limites en matière de politique et d’autorité. Il serait temps qu’il cède sa place à une personne qui a tous les atouts pour tenir tête à ces renards qui puisent leur force de la faiblesse et du manque d’expérience de leurs interlocuteurs. Les expériences nous ont montré qu’il ne suffit pas d’être le fils ou le gendre ou un proche d’un politicien ou d’être parachuté par les forces incultes pour s’improviser chef d’état, premier ministre ou ministre. Bye bye Saad.

Sissi zayyat

11 h 14, le 29 décembre 2020

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Commentaires (3)

  • Hariri a atteint ses limites en matière de politique et d’autorité. Il serait temps qu’il cède sa place à une personne qui a tous les atouts pour tenir tête à ces renards qui puisent leur force de la faiblesse et du manque d’expérience de leurs interlocuteurs. Les expériences nous ont montré qu’il ne suffit pas d’être le fils ou le gendre ou un proche d’un politicien ou d’être parachuté par les forces incultes pour s’improviser chef d’état, premier ministre ou ministre. Bye bye Saad.

    Sissi zayyat

    11 h 14, le 29 décembre 2020

  • Le Hezbollah attend que Biden soit dans tous les effets président mais Biden ne va rien changer de politique pour le moyen orient peut être il va etre plus dur que l'autre

    Eleni Caridopoulou

    18 h 41, le 28 décembre 2020

  • Monsieur Saad Hariri prouve tous les jours s'il le faut qu'il est un naif en politique. Il n'est pas fait pour la politique. En baissant culotte devant le hezbollash, il pensait ceci. En faisant elire Aoun a la presidence, il pensait cela. C'EST DU PUR AMATEURISME. Il vaut mieux qu'il degage.

    sancrainte

    16 h 44, le 28 décembre 2020

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