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Politique - Frontière maritime

Washington prêt à poursuivre sa médiation alors que les pourparlers sont gelés

Le Liban et Israël mettent à profit ce « temps perdu » pour faire campagne.

Washington prêt à poursuivre sa médiation alors que les pourparlers sont gelés

Des véhicules de la Finul en patrouille à Naqoura, au Liban-Sud, où se déroulent les négociations entre le Liban et Israël, le 11 novembre 2020. Mahmoud Zayyat/AFP

Les États-Unis ont déploré hier l’impasse dans les négociations entre le Liban et Israël sur la démarcation de leur frontière maritime, moins de trois mois après leur lancement historique sous médiation américaine et de l’ONU. Depuis la suspension des négociations le 2 décembre sur fond d’une « guerre de cartes » que menaient les deux parties, aucune percée n’a pu être marquée.

Hier le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a relancé l’affaire, en indiquant que son pays était prêt à poursuivre son rôle de médiateur. Une prise de position que les experts mettent sur le compte d’un coup médiatique alors que le mandat de Donald Trump approche à sa fin, plutôt que d’une volonté réelle de faire avancer le dossier.

« Auparavant cette année, les gouvernements israélien et libanais ont recherché l’assistance des États-Unis afin de jouer les médiateurs en vue d’un accord sur leur frontière maritime », a rappelé le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo dans un communiqué.

« Malheureusement, malgré la bonne volonté des deux côtés, les parties restent très éloignées », a déploré M. Pompeo assurant que Washington demeurait « prêt à servir de médiateur dans des discussions constructives ».

Pour Marc Ayoub, expert de l’Institut Issam Farès (AUB), M. Pompeo cherche tout simplement à marquer le point et à engranger une réalisation, quoique incomplète, au crédit de l’administration sortante.

« À mon avis, c’est une preuve que les Américains n’ont pas rempli leur rôle de médiateur comme il se doit », dit l’expert qui estime que l’administration américaine n’est pas tant intéressée par l’aboutissement du processus que « par sa portée politique ». C’est ce qui lui fait dire que les pourparlers ne reprendront qu’à partir de février prochain, une fois la nouvelle administration Biden en place.

Après un lancement accompagné d’un grand optimisme américain début octobre, les négociations entre les deux voisins ont buté quand la dernière séance du 2 décembre a dû être reportée.

Le 20 novembre, Israël avait en effet accusé le Liban d’avoir changé sa position à plusieurs reprises sur la démarcation de la frontière maritime, avertissant que cela pourrait mener à une impasse et ainsi freiner la prospection d’hydrocarbures offshore dans la région.

Les tractations portent sur une zone maritime contestée de 860 kilomètres carrés selon une carte enregistrée auprès de l’ONU en 2011 mais que le Liban juge aujourd’hui erronée. D’après l’analyste libanaise Laury Haytayan, le Liban avait demandé une zone supplémentaire de 1 430 km2 plus au sud, s’étendant dans une partie du champ gazier de Karish qu’Israël a confié à la société Energean.

Le secrétaire d’État a « exhorté les deux parties à négocier sur la base de leurs revendications maritimes respectives précédemment communiquées aux Nations unies ». Comprendre que M. Pompeo propose un retour aux pourparlers autour de la région disputée des 860 km2, ce que le Liban aujourd’hui refuse complètement estimant que ce lot est de toute manière déjà acquis pour lui.

Marc Ayoub affirme pour sa part qu’aucune avancée n’a pu être marquée sur ce plan depuis la dernière visite du diplomate américain John Desrocher, le 4 décembre dernier.

Pour mémoire

Pourquoi les négociations sur les frontières maritimes sont reportées

C’est, dit l’expert, un temps perdu en attendant l’avènement de la nouvelle administration. Entre-temps, les deux camps libanais et israélien cherchent chacun de son côté à améliorer sa position dans les négociations lorsqu’elles reprendront, indique M. Ayoub.

C’est ce que fait Tel-Aviv en multipliant les campagnes médiatiques et les conférences régionales (en webinaire) pour faire valoir son point de vue. C’est notamment le cas avec la publication par Frederick Hof, le diplomate américain qui avait entamé, sous le mandat de Barack Obama, la médiation, entre 2010 et 2012, d’un article qui va dans le sens souhaité par Israël. Publié le 4 décembre dernier sur le site Newlines Magazine, l’article de M. Hof (« Parting the Seas ») défend la proposition qu’il avait faite à l’époque et qui consistait à diviser la bande des 860 km2 entre le Liban et Israël (500 km2 pour le Liban 360 km2 pour Israël). Un deal bien plus avantageux pour l’État hébreu que les 2 290 km2 que réclament aujourd’hui le Liban. C’est ce qui fera dire à Marc Ayoub que la publication de l’article de Hof et son timing « n’est pas anodin » et qu’Israël a probablement poussé à sa publication dans le cadre de la campagne de lobbying qu’il mène actuellement.

Le Liban a fait de même. Depuis la suspension des pourparlers, les autorités ont eu également recours à une politique de communication et de contre-pression pour faire la promotion de la requête libanaise et en expliquer les raisons, vidéos à l’appui.

Pour rappel, le Liban a signé en 2018 son premier contrat d’exploration avec un consortium international formé des groupes français Total, italien ENI et russe Novatek. Problème : une partie d’un des deux blocs concernés, le numéro 9, déborde sur la zone disputée avec Israël.

Les États-Unis ont déploré hier l’impasse dans les négociations entre le Liban et Israël sur la démarcation de leur frontière maritime, moins de trois mois après leur lancement historique sous médiation américaine et de l’ONU. Depuis la suspension des négociations le 2 décembre sur fond d’une « guerre de cartes » que menaient les deux parties, aucune percée n’a pu...

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LE MALHEUR C,EST QUE LES NOTRES SONT INCOMPETENTS EN TOUT ET NOUS VERRONS LE GAZ ET LE PETROLE A LA SAINTE GLINGLIN ! ILS CHANGENT CHAQUE JOUR ET NE PEUVENT PAS S,ENTENDRE ENTRE EUX, POURRONT-ILS S,ENTENDRE AVEC ISRAEL ?

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 19, le 23 décembre 2020

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  • LE MALHEUR C,EST QUE LES NOTRES SONT INCOMPETENTS EN TOUT ET NOUS VERRONS LE GAZ ET LE PETROLE A LA SAINTE GLINGLIN ! ILS CHANGENT CHAQUE JOUR ET NE PEUVENT PAS S,ENTENDRE ENTRE EUX, POURRONT-ILS S,ENTENDRE AVEC ISRAEL ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 19, le 23 décembre 2020

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