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Société - L’après-4 août

Quand commerçants et militants redonnent vie à Mar Mikhaël

« Les fêtes arrivent dans un contexte difficile cette année. Il faut redonner espoir aux gens », affirme une des organisatrices de Heart to Heart, une initiative visant à ramener les clients dans ce secteur sinistré.

Quand commerçants et militants redonnent vie à Mar Mikhaël

Un spectacle gratuit pour enfants organisé hier soir. Photo Zeina Antonios

Ils étaient nombreux hier à se balader dans le quartier de Mar Mikhaël, à Beyrouth, insufflant un peu de vie à ce secteur sinistré par la catastrophe du 4 août dernier. Clients et commerçants ont répondu présents à l’initiative From Heart to Heart, organisée par Beyrouth Madinati, parti politique de la société civile, et par plusieurs ONG. Activités pour les enfants, bars et restaurants en plein air et vendeurs de rue ont contribué à ramener les promeneurs. Quatre mois après les explosions du port, ce quartier, qui est une des pierres angulaires de la vie nocturne beyrouthine, reprend ainsi peu à peu ses activités grâce à plusieurs initiatives similaires de la société civile et de particuliers.

Neemat, 33 ans, est venue prendre un verre avec une de ses amies dans son bar préféré, qui vient de rouvrir il y a une semaine à peine. « Cet endroit est notre lieu de sortie habituel. Cela fait du bien de voir du monde à nouveau dans cette rue », confie-t-elle à L’Orient-Le Jour. « Nous n’avons d’autres options que de continuer à vivre. Nous avons connu pire et nous connaîtrons sans doute d’autres moments difficiles dans le futur, mais nous ne pouvons pas baisser les bras, souligne Neemat. La vie reprend petit à petit, c’est un bon début », ajoute-t-elle.

Bars et restaurants ont accueilli les clients, la rue ayant été interdite aux voitures. Photo Zeina Antonios

Victor Kreidi, propriétaire du bar, est content de reprendre le travail après des mois d’arrêt forcé. « Cela fait six mois que mon établissement est fermé. D’abord à cause du Covid-19 et du confinement, puis à cause des explosions du port », soupire Victor. « Les gens du quartier se sont soutenus pour pouvoir effectuer des réparations à des prix raisonnables. Certaines associations nous ont également apporté leur aide. Nous essayons de redonner vie à cette rue », lance ce restaurateur qui reconnaît par ailleurs que la situation économique n’est pas des plus favorables. « Les gens n’arrivent pas beaucoup à suivre malheureusement, tout a renchéri, l’alcool est cher et nous avons dû augmenter les prix », souligne-t-il.

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Charles, caricaturiste, tente à travers ses dessins de redonner le sourire aux enfants traumatisés par les explosions. Photo Zeina Antonios

« L’humain est important »

Pour Sally Hammoud, une des organisatrices de l’initiative From Heart to Heart, ce genre d’événements mise avant tout sur l’humain. « Les fêtes arrivent dans un contexte difficile cette année, reconnaît la jeune femme. Il faut redonner espoir aux gens. La reconstruction est certes primordiale, mais l’humain est tout aussi important », ajoute-t-elle. « Certains n’ont pas pu réparer leurs habitations et vivent aujourd’hui dans des conditions déplorables. Quant aux commerçants, ils ont été affectés par les explosions ainsi que par la crise économique. Beaucoup de magasins n’ont pas rouvert, car ils n’ont pas pu entreprendre de réparations », déplore Sally. « Beaucoup de Libanais évitent ce quartier depuis le 4 août, car il leur rappelle de mauvais souvenirs. Certains ont des amis qui ont été blessés ou qui sont morts ici. Nous voulons faire en sorte que cette appréhension soit dépassée », explique-t-elle.

Quant aux commerces qui ont repris leurs activités et qui profitent de cette initiative, « ils sont satisfaits et heureux de voir qu’il y a à nouveau du monde ici ». « Nous faisons le travail des autorités », soupire cette militante.

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Aren Pekian, tanneur et habitant du quartier, a décidé d’exposer ses créations sur le trottoir, ainsi que des produits confectionnés par des membres de sa famille, tous artisans du cuir. « Tout est fait à la main. Nous sommes des industriels du cuir à Bourj Hammoud, raconte Aren. J’ai décidé de montrer notre travail ici pour dire que nous sommes là, que nous résistons », explique cet artisan. « Les gens n’ont pas les moyens d’acheter quoi que ce soit, mais nous essayons de leur redonner le sourire. L’important n’est pas de vendre maintenant, mais de reprendre espoir », lance-t-il.

Sarah, la vingtaine, est venue avec sa sœur et ses neveux pour profiter des activités offertes aux plus jeunes dont des ateliers de peinture ou des spectacles. « Nous sommes là pour que les enfants s’amusent un peu. Nous ne sortons pas beaucoup dernièrement », dit cette Beyrouthine. Charles, caricaturiste, essaie « de rendre le sourire aux enfants » avec ses dessins. « On essaie d’oublier ce par quoi on est passés et ce genre d’initiatives est bénéfique. Évidemment qu’il faut beaucoup plus que cela pour améliorer la situation, mais on se distrait au moins. On cherche à sourire, on veut que les gens reprennent une vie normale », confie-t-il.

Ils étaient nombreux hier à se balader dans le quartier de Mar Mikhaël, à Beyrouth, insufflant un peu de vie à ce secteur sinistré par la catastrophe du 4 août dernier. Clients et commerçants ont répondu présents à l’initiative From Heart to Heart, organisée par Beyrouth Madinati, parti politique de la société civile, et par plusieurs ONG. Activités pour les enfants, bars et...

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