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Société - Humanitaire

« Solidarity » part en guerre contre l’insécurité alimentaire

Depuis vendredi et jusqu’au 23 décembre, un village de Noël a été monté en plein cœur de Mar Mikhaël.

« Solidarity » part en guerre contre l’insécurité alimentaire

Parade dans le « Village de Noël » à Mar Mikhaël. Photo DR

À Michmich (Jbeil), c’est un début de panique. Charbel M. s’alarme : avec deux enfants en bas âge, un père qui n’est plus en âge de travailler et une mère asthmatique, dont les médicaments sont hors de prix, ce soldat ne sait plus comment faire pour répondre aux besoins de sa famille et de ses parents, malgré le coup de pouce qu’il reçoit de l’armée. Comme tous les Libanais qui continuent de toucher leurs salaires en livres (85 % des salariés, selon les statistiques), il s’interroge sur l’avenir et commence à voir les choses en noir. Jusqu’à présent, ça allait. Il avait fait quelques provisions et, heureusement, il travaille encore. Mais il n’est pas sûr que si ça continue « comme ça », il pourra encore faire face. Entendre, si la politique de subvention des prix des denrées alimentaires de base, de l’essence et des médicaments usuels est abolie.

La tente du « Village de Noël » : redessiner le sourire sur les visages des enfants. Photo DR

Des « Charbel », il y en a par milliers au Liban, et certains sont bien moins fortunés que lui. Mais la plus grande menace à laquelle ils doivent tous faire face est l’insécurité alimentaire. C’est pour eux que l’ONG Solidarity a été créée. Solidarity, c’est un effort conjoint de la Fondation maronite dans le monde, de la Fondation Gilbert et Rose-Marie Chagoury et de l’Ordre libanais maronite pour remédier à l’insécurité alimentaire qui affecte désormais près de la moitié de la population libanaise, qui vit depuis des mois à la limite du seuil d’extrême pauvreté. Et redoute ce qui l’attend. Sans attendre les cartes de rationnement aux plus démunis que l’appareil administratif libanais envisage, et coordonnant son action avec l’Ordre libanais maronite, dont les couvents lui servent de relais régionaux, l’ONG a commencé, tout de suite après l’effondrement du pouvoir d’achat de la livre (qui a perdu quelque 80 % de sa valeur), par la distribution de colis alimentaires. Chacun de ces colis assure une alimentation de base à une famille de quatre personnes pendant 15 jours. « Solidarity » en est aujourd’hui à distribuer 15 000 colis alimentaires par mois.

Parallèlement, l’ONG a fourni à certains hôpitaux des respirateurs pour les malades du Covid-19 admis aux soins intensifs, ainsi que des outils de protection pour le personnel médical.

Chargement des colis alimentaire Solidarity au centre d’emmagasinage de Dekwané. Photo FN

Prendre l’hiver de vitesse

Puis vint l’explosion catastrophique au port de Beyrouth, le 4 août dernier. Solidarity a alors décidé de contribuer aussi à la réparation des logements endommagés ou détruits par l’explosion, compte tenu de l’insuffisance des aides locales et internationales fournies. Il fallait prendre de vitesse la saison d’hiver. Dans un premier temps, l’ONG s’est engagée à réparer 300 foyers touchés, grâce à la coopération exécutive de Dar el-Handassa et de l’entreprise MAN. Ce chiffre est ensuite passé à 1 000 logements. Objectif non pas d’en réparer seulement les portes ou l’enveloppe de pierre, mais aussi de les rendre à nouveau habitables, afin de garantir le retour effectif de leurs habitants et de les protéger des rigueurs de l’hiver.

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Pour la saison des fêtes, Solidarity s’emploie depuis vendredi à dérider les visages les plus fermés, en organisant une fête de Noël sur un terrain vague que l’entreprise MAN a mis à sa disposition à Mar Mikhaël. Le « Village de Noël » s’est animé vendredi soir, aux sons de la chorale des anciens de l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK), qui a improvisé des riffs instrumentaux sur des mélodies de Noël, narguant une explosion qui, le 4 août dernier, a soufflé un vent d’enfer sur les quartiers de Mar Mikhaël et fait des milliers de victimes, morts ou blessés.

L’ONG a tenu à organiser cette célébration malgré les circonstances économiques et sociales difficiles que traverse le Liban, et malgré les deuils qui ont frappé des milliers de familles, pour dire qu’il ne faut pas « baisser les bras devant le malheur, aussi immense soit-il, mais relever la tête et espérer, fût-ce contre toute espérance, qu’un nouveau jour se lèvera avec le sourire de chaque enfant », a affirmé son président Charles G. Hage, qui est aussi président de la Fondation maronite dans le monde. Ce festival se poursuivra jusqu’au 23 décembre (entre 17h et 22h) et comprendra des programmes de divertissement et de chants pour enfants, des jeux de Noël et des parades. L’entrée au village est gratuite et l’accès des visiteurs à la nourriture, aux boissons et aux sucreries sera gratuit.

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Pour le président de Solidarity, la fête est un « petit cadeau aux habitants de Beyrouth et aux Libanais à l’occasion de Noël ». « Il se renouvellera tous les ans », a-t-il promis, tout en admettant « qu’on ne sait ce que nous réserve l’avenir ».

Solidarity peut être joint au numéro suivant : 05/453 444.

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