C’est aujourd’hui que le juge d’instruction près la Cour de justice, Fadi Sawan, est supposé interroger le Premier ministre démissionnaire, Hassane Diab, et les trois anciens ministres, Ali Hassan Khalil, Youssef Fenianos et Ghazi Zeaïter, inculpés jeudi pour négligence et manquement ayant conduit à la mort de centaines de personnes, dans l’affaire de la double explosion meurtrière au port de Beyrouth.
À moins d’un rebondissement de dernière minute dans un dossier qui a immédiatement entraîné une polarisation politique et communautaire et qui a envenimé de nouveau les relations entre la Maison du Centre et Baabda, les quatre n’ont pas l’intention de se soumettre à un interrogatoire dont ils contestent le bien-fondé. Ils pourraient faire paraître aujourd’hui une position commune à ce sujet, selon notre chroniqueur politique Philippe Abi-Akl.
Depuis hier, Hassane Diab n’est plus au Sérail. Il a regagné son appartement pour ne pas avoir à accueillir au siège de la présidence du Conseil Fadi Sawan, dont la mission devient ainsi de plus en plus en difficile avec l’entrée en jeu, et en force, des deux facteurs politique et communautaire qui risquent de compromettre sérieusement la suite de l’enquête.
La polarisation sunnite et chiite induite par l’inculpation des quatre responsables est en train de s’exacerber au point de prendre des proportions qui risquent de déclencher une véritable guerre politique, comme l’a montré hier l’attaque frontale du bloc parlementaire du courant du Futur contre le président Michel Aoun. Ce dernier a été accusé sans ambages par le parti du Premier ministre désigné, Saad Hariri, de « bloquer la formation du gouvernement », de « chercher à isoler et à affaiblir la communauté sunnite » et de « mener un coup d’État contre l’accord de Taëf qui avait institué une participation de tous au pouvoir et mis fin au monopole de la gestion des institutions étatiques ». Dans un communiqué, le bloc réclame « la poursuite de l’enquête pour que les coupables soient sanctionnés du plus haut au plus bas de la pyramide ».
La veille, c’était au tour du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, de se déchaîner contre Michel Aoun, l’accusant d’avoir « menti pendant trente ans aux Libanais ». Si Samir Geagea a jugé que c’est l’ensemble des dirigeants étatiques qui assument la responsabilité de la double explosion au port et réclamé la mise en place d’une commission internationale d’enquête, le bloc du Futur a concentré sa diatribe sur le volet politique. Il s’est servi de la procédure judiciaire, qu’il a jugée « suspecte et motivée par des politiques vindicatives », pour tirer à boulets rouges sur le chef de l’État, mais sans le nommer, l’accusant de « faire de la provocation et de dénigrer la communauté sunnite ». « Ils s’arrogent le droit de défendre leurs postes, leurs communautés et leurs entités, de paralyser le pays pendant des années (…) afin de hisser le plus fort au sein de sa communauté à la tête de l’État, de bloquer aussi la formation des gouvernements pour faire plaisir au gendre (en allusion au chef du CPL, Gebran Bassil) et pour imposer leurs propres critères (…). Ils n’hésitent pas à mobiliser les foules devant le palais présidentiel pour protéger la première magistrature et fixent des lignes rouges aux mouvements populaires qui contestent pacifiquement les politiques supérieures », a grondé le bloc de Saad Hariri qui a accusé le président et son parti de « (…) violer la Constitution et de couvrir les interventions militaires dans des guerres extérieures », en allusion à l’intervention du Hezbollah dans les conflits et les guerres de la région.
C’est aussi Michel Aoun et son parti que le bloc du Futur a accusés d’être derrière les inculpations, « dans lesquelles ils ont trouvé l’occasion pour cibler plusieurs personnalités gouvernementales d’un seul coup ».
Quelle marge de manœuvre reste-t-il à Fady Sawan dans ce contexte de crise pour soutirer son enquête à une politisation à outrance ? Pour l’heure, celle-ci se limite à zéro. Des rumeurs circulent d’ailleurs sur une éventuelle récusation du magistrat.
Mais au-delà de la querelle provoquée par la décision du juge, il faut voir dans l’attaque du bloc du Futur contre Michel Aoun une réponse indirecte de Saad Hariri à la formule gouvernementale que le président lui avait remise mercredi dernier et qui incluait une répartition des portefeuilles ministériels. Dans son communiqué, le groupe parlementaire du Premier ministre désigné a accusé Baabda de « bloquer la formation du cabinet » et relevé que la mouture de son chef « transcende les questions de partage des lots partisans et propose une formule qui répond aux vœux des Libanais ».
commentaires (8)
Quand on lit les journaux en France, on sait poutqoio le président Sarkozy, ou le ministre de l,intérieur Drarmanin sont inculpés, leurs contact,s ,la nature de leurs actes répréhensibles Selon la LOI leurs complices avec une transparence CLAIRE. Ces hommes se soumettent et se rendent chez le juge avec leurs avocats. Au Liban il y a une forme d’autpcensure, il faut savoir lire entre les lignes pour connaitre les tenants et les aboutissants.,,,,,sur un autre volet celui du gouvernement cëst pareil on n’arrive pas à savoir le vrai responsable du blocage, tous les hommes politique de tout bords déclarent vouloir faciliter sa formation messieurs les journalistes soyez clairs et informez nous avec argumentation du pourquoi c°est votre devoir
Élie Aoun
11 h 06, le 15 décembre 2020