Le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, ne s'est pas présenté jeudi devant le bureau de la procureure générale près la cour de cassation du Mont-Liban, qui devait l'interroger dans le cadre des poursuites lancées à son encontre pour la distribution controversée de dollars aux changeurs agréés.
Depuis le début de la crise financière et économique au Liban, à l'été 2019, la monnaie nationale, indexée sur le dollar, a connu une forte dévaluation. Il faut dernièrement plus de 8 000 livres pour un dollar au taux du marché noir. Toutefois, le taux de change officiel, en vigueur avant la crise, n'a pas bougé et demeure de 1 515 livres pour un dollar. Des dollars, distribués par la BDL, sont par ailleurs disponibles au taux de 3 900 livres auprès de changeurs agréés, mais seulement à certaines conditions très limitées.
M. Salamé a fait parvenir à la juge Aoun, via son avocat, une lettre dans laquelle il s'excuse de son absence devant la justice "pour des raisons de sécurité", selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Il affirme être prêt à se présenter et témoigner lors d'une séance dont la date n'aura pas été communiquée aux médias.
Malgré son absence à l'audition, quelques activistes du groupe d'avocats Mouttahidoun, à l'origine d'une plainte contre le gouverneur, ont manifesté devant le palais de Justice de Baabda. Ces activistes auraient voulu prendre M. Salamé à partie concernant le "gaspillage" des réserves en devises de la BDL, qui ont été utilisées pour subventionner des denrées alimentaires et du pétrole qui ont ensuite été envoyés à l'étranger via des réseaux de contrebande.
Riad Salamé est accusé par la rue d'avoir couvert pendant des années la corruption des responsables libanais, corruption qui est pointée du doigt comme étant une des causes de l'effondrement économique et financier du Liban. La semaine dernière, alors qu'il avait été annoncé qu'il était présent à l'Ecole supérieure des affaires, à Beyrouth, des militants s'étaient rassemblés devant cette institution, où ils avaient lancé des slogans et insultes à l'encontre du gouverneur.
La procureure a en revanche pu longuement interroger le directeur des opérations monétaires de la BDL, Mazen Hamdane, concernant cette affaire. En mai, M. Hamdane avait été placé en détention, sur l'ordre du procureur général financier Ali Ibrahim, dans le cadre d'une affaire relative à la manipulation du taux de change.
commentaires (2)
En bon économiste Riad se soucie d'assurances et de sécurités!
Wlek Sanferlou
13 h 17, le 11 décembre 2020