Le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé a assuré mardi être en faveur de l'audit juricomptable de la BDL et affirmé avoir remis les comptes nécessaires à cet audit, alors que le cabinet en charge de ce contrôle, Alvarez & Marsal a jeté l'éponge récemment.
"Nous sommes pour l’audit juricomptable et nous avons remis nos comptes", a déclaré M. Salamé lors d'un entretien accordé à la chaîne saoudienne al-Hadath. "Nous allons remettre aussi les comptes du gouvernement, a-t-il ajouté. Nous les remettons au ministère des Finances parce que c’est lui qui coopère avec les cabinets (en charge de l'audit)". Interrogé pour savoir s'il remettra également les comptes des banques libanaises, il a répondu qu'il fallait une loi pour cela en invoquant le secret bancaire.
L'audit juricomptable de la Banque du Liban est posé comme l'une des conditions à toute aide internationale. Le cabinet en charge de ce contrôle, Alvarez & Marsal, a jeté l'éponge dernièrement en raison selon lui du refus de la Banque du Liban, de lui fournir les documents requis pour mener à bien sa mission, sous prétexte de respect du secret bancaire. Suite à une lettre adressée par le président Michel Aoun au Parlement, la Chambre s’est déclarée en faveur d’un audit juricomptable qui engloberait la BDL, ainsi que toutes les institutions publiques, y compris les ministères, "sans aucun obstacle ni aucun recours au secret bancaire pour justifier une obstruction". La décision n'a cependant aucune valeur légale.
Au début de l'interview, M. Salamé a rejeté les accusations de corruption lancées à son encontre, et assuré "faire son devoir pour servir les Libanais". "Je pense qu’en tant que gouverneur de la Banque centrale je fais mon devoir afin de servir les Libanais et les accusations à mon encontre ne sont pas fondées", a-t-il assuré. Il est honteux de dire que je fais partie d’un système corrompu, et honte à ceux qui disent que je couvre les corrompus", a encore dit le gouverneur de la BDL affirmant "être indépendant"
A la question de savoir "où sont les avoirs des Libanais", M. Salamé a souligné qu'ils "se trouvent dans les banques". "Au cours des 12 derniers mois, 30 milliards de dollars ont été retirés, 20 milliards ont été utilisés pour acheter de l’immobilier, a-t-il détaillé. Chaque mois, au moins 600 millions de dollars sont retirés pour répondre aux besoins des Libanais". Le gouverneur a aussi indiqué que "les dépôts sont dans les banques et non à la BDL", notant qu'"aucune banque n’a annoncé avoir fait faillite". "Les banques libanaises gèrent les risques, nous ne faisons que définir les politiques", a-t-il encore dit.
Deux mois de subventions
Concernant les limites de retraits imposées aux Libanais et l'impossibilité pour eux de retirer des dollars, M. Salamé a affirmé que "tous les pays du monde mettent des limites pour les retraits en espèces" et que dans toutes les banques à l'étranger les retraits se font dans la monnaie locale et non en devises.
"Jusqu'à fin septembre 2020, la BDL a restitué tous les dollars aux banques", a-t-il poursuivi, soulignant qu'il s'agit de plus de 13 milliards de dollars. "Le déficit dans les finances de l’État libanais ne concerne pas la BDL", a ajouté M. Salamé.
Le gouverneur a également promis que le secteur bancaire fonctionnera a nouveau normalement en mars 2021. Celles qui n'auront pas augmenté à la fin de cette année leur capital de 20 % par rapport à leur niveau en 2018 seront restructurées par la Banque centrale tout en préservant les avoirs des gens.
M. Salamé a aussi évoqué la question des subventions des biens de première nécessité - pain, carburant, médicaments - par la BDL, au taux de 1.507 livres libanaises pour un dollar (le taux officiel). Interrogé à ce sujet, il a indiqué que les subventions pouvaient encore "durer deux mois" mais que l'État devrait préparer un plan. "La BDL aujourd'hui assure tout ce dont l’État a besoin parce que nous voulons que le peuple continue de vivre comme il se doit", a-t-il noté.
Riad Salamé a enfin affirmé que les propos selon lesquels des sanctions américaines pourraient être imposées contre la BDL sont inexacts.
Selon des sources citées par le Wall Street Journal (WSJ) lundi, les autorités américaines soupçonnent la BDL "de blanchiment d’argent, de corruption et de liens avec le Hezbollah". L’article avait cité le nom d’Ahmad Ibrahim Safa, ancien membre de la commission de contrôle des banques, qui selon des sources du journal aurait joué le rôle de "facilitateur" pour le parti soutenu par l’Iran. À noter que douze banques libanaises sont actuellement jugées pour avoir pris part au financement du Hezbollah, après que des poursuites ont été engagées à leur encontre par des proches de victimes de l’armée américaine en Irak, ce que l’Association des banques du Liban réfute.
commentaires (15)
Je precise a Monsieur Salame que ceux qui ont depose des Dollars par virement bancaire de lEtranger doivent pouvoir en retirer et c est ds tous les pays Travailler pendant 60 ans en dehors et envoyer son argent par Virement banquaire et voir cet argent bloquer ca rends malade
Nassour Georges
22 h 13, le 02 décembre 2020