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Politique - Rationalisation des subventions

L'exécutif s'entend sur une série de "critères" et annoncera son plan "d'ici une semaine"

Les ministres concernés conviennent entre autres de ne pas modifier le prix du pain et de continuer à subventionner les médicaments de première nécessité. 

L'exécutif s'entend sur une série de

Le Premier ministre démissionnaire, Hassane Diab, présidant une réunion sur la rationalisation des subventions, au Sérail, le 8 décembre 2020. Photo Dalati et Nohra

L'exécutif s'est entendu mardi en soirée sur une série de "critères" qui devront être pris en compte lors du développement d'un programme complet, qui sera présenté "d'ici une semaine" concernant le maintien ou non des différents mécanismes de subvention des importations de produits stratégiques ou de première nécessité. La question de ces subventions fait l'objet depuis plusieurs jours d'une série de réunions à différents niveaux, alors que les réserves de la Banque du Liban (BDL), d'où proviennent les devises nécessaires à leur financement, atteignent un niveau critique. 

Lors d'une réunion au Sérail regroupant les ministres concernés par une future limitation des subventions, les participants ont convenu de plusieurs critères. Ils se sont entre autres mis d'accord sur le prix du pain qui doit rester inchangé, ainsi que les médicaments de première nécessité et ceux pour les maladies chroniques et incurables qui doivent rester subventionnés, tout comme les denrées alimentaires de base. Ils ont également souligné l'importance de la promotion des secteurs agricole et industriel, ainsi que le développement d'un mécanisme de réduction de la facture pétrolière. Enfin, ils ont convenu de l'importance d'accélérer la mise une œuvre d'une carte de rationnement. 

La "vision" de l'exécutif concernant la rationalisation des subventions sera présentée en détail dans un délai d'une semaine. 

Cette réunion a rassemblé notamment le Premier ministre sortant Hassane Diab, les ministres de la Défense, des Finances, de l'Économie et celui de l'Agriculture. Le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé y a également assisté. 

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Mis en place pour faire face à la dépréciation de la livre, qui a perdu près de 80% de sa valeur en un an, le financement des importations par les réserves de la BDL bénéficie aux importateurs de carburant, de blé, de médicaments, d’équipements médicaux et de matières premières destinées à l’industrie pharmaceutique. Une partie des mécanismes en place leur permet d’acheter à la BDL et au taux officiel de 1.507,5 livres pour un dollar une partie des montants réclamés par leurs fournisseurs, à condition de fournir eux-mêmes la fraction restante. La proportion est de 85% ou 90% de dollars subventionnés pour 15 ou 10% de dollars "frais".

Le dispositif mis en place pour les biens de première nécessité – une liste d’environ 200 biens de consommation – permet quant à lui aux importateurs ciblés d’acheter tous leurs dollars au taux de 3.900 livres. Le taux dollar/livre, qui a commencé à s’effondrer au début de la crise socio-économique sans précédent que traverse le Liban depuis plus d’un an, gravite depuis plusieurs jours autour de 8.000 livres pour un billet vert sur le marché noir.

Réduire le panier alimentaire

Avant cette réunion, le Premier ministre sortant avait reçu, à tour de rôle, les différents ministres concernés par le dossier des subventions. Il avait, lors de ses différents entretiens, annoncé qu'il "tentait de rationaliser le plus possible les subventions" par la Banque du Liban des importations de produits stratégiques ou de première nécessité, "afin de conserver les réserves" de la BDL "le plus longtemps possible". "Notre but est d'augmenter le nombre de familles bénéficiaires de 230.000 à 400.000", a-t-il ajouté. "Certaines personnes ont abusé des subventions", a-t-il ensuite reconnu, avant d'affirmer qu'il "étudiait avec les donateurs l'idée de la mise en place d'une carte sociale pour les subventions".

"Nous cherchons à réduire le panier alimentaire subventionné afin qu'il ne comprenne que des produits qui sont prioritaires et essentiels pour les citoyens", a aussi déclaré Hassane Diab. Il avait par ailleurs ajouté que le cabinet actuel ne pouvait pas prendre de décision en Conseil des ministres, ce dernier n'étant pas constitutionnellement autorisé à se réunir depuis sa démission, précisant toutefois que le rôle des ministères avait été "renforcé" pour faire face aux "défis, délais et à l'accumulation des crises". 

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La question de la rationalisation des subventions a également fait l'objet d'une réunion élargie au ministère des Affaires sociales, rassemblant le ministre Ramzi Moucharrafieh, son collègue de l'Économie Raoul Nehmé, ainsi que des représentants et experts de l'Union européenne, d'Allemagne, de Grande-Bretagne, de la Banque mondiale, de l'Unicef et de l'Organisation internationale du Travail.

"Un tiers des subventions utilisé à bon escient"

Ce dossier a en outre été évoqué lors d'une réunion de la commission parlementaire de l'Administration et de la Justice, à l'issue de laquelle le député Georges Adwan (Forces libanaises) a regretté que sur les 6 à 7 milliards de dollars utilisés pour soutenir les importations depuis la mise en place des différents mécanismes, seul un tiers avait été utilisé à bon escient. "Un deuxième tiers est allé au mauvais endroit et le troisième tiers est sorti du Liban en contrebande", a-t-il souligné, appelant à ce que les aides soient versées directement aux citoyens dans le besoin, via une carte, et non pour subventionner le panier alimentaire. "Cela nécessite une étude objective", a-t-il ajouté.

De leur côté, les députés aounistes ont appelé le gouvernement démissionnaire à "assumer ses responsabilités" dans ce dossier et à "mettre un terme au gaspillage". 

Enfin, sur le terrain, des sit-in ont été organisés à Saïda et dans le Hermel, afin de protester contre toute levée totale des aides à l'importation, alors que la population subit déjà le contrecoup sévère de la crise économique et financière.

L'exécutif s'est entendu mardi en soirée sur une série de "critères" qui devront être pris en compte lors du développement d'un programme complet, qui sera présenté "d'ici une semaine" concernant le maintien ou non des différents mécanismes de subvention des importations de produits stratégiques ou de première nécessité. La question de ces subventions fait l'objet depuis plusieurs...

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