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Culture - Entretien

Ibrahim Maalouf, pour un souffle d’espoir, trompette à l’appui

Ce soir, à 18h, le trompettiste et compositeur franco-libanais occupera la scène du festival Beirut Chants dans les Souks de Beyrouth dévastés par l’explosion du 4 août. Un « concert de soutien, plus symbolique que fondamentalement musical », précise l’artiste à « L’OLJ ».

Ibrahim Maalouf, pour un souffle d’espoir, trompette à l’appui

Ibrahim Maalouf ou l’importance du geste. Photo DR

Césarisé, couronné par quatre Victoires de la musique, il triomphe sur toutes les scènes, amadoue tous les publics. Ibrahim Maalouf, le trompettiste et compositeur franco-libanais, également compositeur – notamment de musiques de films –, arrangeur, producteur et professeur d’improvisation et de trompette a répondu présent sans hésiter à l’invitation du festival Beirut Chants placé cette année sous le label/mantra de « Will of Life » ou « Volonté de vie ». Une affirmation à la manière de la méthode Coué (en autosuggestion) pour insuffler un peu de vie au centre-ville de Beyrouth, dans ses églises en ce mois festif et béni, mais aussi dans les souks, détruits par l’explosion du 4 août.

« Ce concert est un concert de soutien. Il est plus symbolique que fondamentalement musical », insiste Ibrahim Maalouf dans un entretien avec L’Orient-Le Jour. « Il y a plus de spiritualité dans cette présence-là, dans cette action, que de nécessité musicologique et je crois qu’il n’y a pas forcément un message mais il y a juste besoin, aujourd’hui, d’une présence, d’une action », poursuit-il. « Une présence, même symbolique, reprend-il, est importante. Elle doit se manifester à travers toutes les formes d’expression et toutes ces libertés que nous chérissons tellement au Liban et pour moi, la liberté de l’art, de le faire vivre, de faire sonner des notes dans un endroit où on entend trop de bruits, trop d’explosions, trop de souffrances, que la musique vienne apporter quelque chose de symbolique, ce n’est pas anodin », indique le musicien. « Quoi qu’il se passe, tant que la vie continue et tant qu’il y a quelque chose de fort, la résistance, elle est là. »

Pour Maalouf, il très important que le discours artistique au Liban persiste et résiste. « Là où l’art passe, il y a toujours des fleurs qui renaissent et des arbres qui bourgeonnent. »

« Je vis le Liban comme tout le monde ici »

Il vit en France depuis son enfance, mais il n’a jamais vraiment quitté son pays natal. Les escales libanaises durant les vacances se sont succédé à un rythme régulier et jamais interrompu pour cet enfant de musiciens très attachés à leurs racines. Devenues dernièrement plus fréquentes, les visites d’Ibrahim Maalouf, Ibé pour les intimes, se font toujours dans la discrétion. Il vient se ressourcer, voir sa famille, ses amis. « J’ai vécu les drames du pays en même temps que tous les Libanais. Je vis le Liban comme tout le monde ici, affirme-t-il de sa voix à l’accent chantant. Je n’ai pas le regard extérieur de celui qui vient de l’étranger. J’ai le regard de celui qui vit toutes les difficultés des Libanais en même temps qu’eux, même si je suis, évidemment, protégé par mon travail et par le fait que je sois français et que je vive en France. Mais je vis tous ces drames et ces difficultés au même rythme que tous les Libanais. »

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Le 4 août, étant sur le sol libanais, Ibrahim Maalouf a vécu, en direct, le choc, le traumatisme et l’horreur de la double explosion. Le soir même, sa tête carbure à 100 à l’heure, il réfléchit déjà à un moyen d’aider, de panser les blessures, à sa façon. « Le lendemain matin, j’ai commencé à passer des coups de fil, à lancer des invitations pour monter un concert caritatif. Tout le monde m’a suivi. Ainsi est née l’initiative “Unis pour le Liban” le jeudi 1er octobre, un grand concert à l’Olympia où des interprètes français et libanais ont témoigné de l’amour de la France pour le pays du Cèdre et montré que le Liban n’est pas seul dans sa tourmente. »

« Une aventure incroyable, toute cette énergie que les gens ont déployée pour aider le Liban. Tous ces artistes qui ont accepté, France Télévision, l’Élysée, Radio France, les partenaires », énumère-t-il. « Nous avons pu lever pas loin de 2 millions d’euros et il s’est passé quelque chose de très beau, de très fort, entre les artistes libanais et français sur scène et cela a été communicatif », indique celui qui espère avoir pu contribuer à soutenir le Liban dans ses épreuves. L’artiste, qui avait accompli en 2017 son œuvre défi sans doute la plus ambitieuse, la Levantine Symphony n° 1 qui, à travers ses sept mouvements et thèmes, opérait une fusion entre le jazz et la musique orientale, avec la participation d’un grand orchestre et de chœurs, vient de signer un album à l’occasion de son quarantième anniversaire. Intitulé sobrement 40 Mélodies, il s’agit d’une relecture collaborative de son répertoire, comprenant entre autres des duos avec Sting, M, Marcus Miller, Richard Bona, Arturo Sandoval, Jon Batiste, Alfredo Rodriguez, Trilok Gurtu, Kronos Quartet et Jowee Omicil.

Si, à l’aune de son concert aux Souks, Ibrahim Maalouf ne s’attarde pas sur les morceaux qu’il va jouer, préférant à l’évidence souligner le caractère symbolique et spirituel du geste, gageons toutefois que son fameux titre Beyrouth, composé à l’âge de 13 ans, figurera en tête de sa setlist. Trompette à l’appui !

Césarisé, couronné par quatre Victoires de la musique, il triomphe sur toutes les scènes, amadoue tous les publics. Ibrahim Maalouf, le trompettiste et compositeur franco-libanais, également compositeur – notamment de musiques de films –, arrangeur, producteur et professeur d’improvisation et de trompette a répondu présent sans hésiter à l’invitation du festival Beirut Chants...

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