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La France a des responsabilités vis-à-vis des enfants détenus en Syrie, affirme l'ONU

La France a des responsabilités vis-à-vis des enfants détenus en Syrie, affirme l'ONU

Le siège des Nations Unies, à New York. Photo d'archives AFP

La France a des responsabilités vis-à-vis des enfants de jihadistes français détenus en Syrie et ne prend pas les mesures nécessaires pour les protéger alors qu'ils y sont en grand danger, a estimé un comité de l'ONU.

Dans un avis rendu le 2 novembre et dévoilé jeudi par Libération, le Comité des droits de l'Enfant de l'ONU juge que la France, contrairement à ce qu'elle affirme, "exerce une juridiction sur ces enfants" et doit donc s'assurer qu'ils sont traités et protégés conformément aux conventions internationales qu'elle a signées.

Or, les plus de 200 enfants français détenus dans les camps de tentes du nord-est syrien y sont en danger "immédiat", souligne le comité, qui évoque des "risques de dommages irréparables pour leurs vies, leur intégrité physique et mentale et leur développement", dans cet avis dont l'AFP a obtenu copie. Ces enfants, dont beaucoup sont âgés de moins de 6 ans, "survivent à peine dans des conditions sanitaires inhumaines", "confinés dans des tentes" où ils manquent des denrées "les plus basiques (eau, nourriture, soins)", note le comité.

La France, au vu notamment de ses relations avec les autorités kurdes locales, "a la capacité et le pouvoir de protéger les droits de ces enfants, en les rapatriant ou en prenant d'autres mesures" de protection, poursuit-il. La France estime elle qu'il n'est pas de son ressort de juger les adultes, qui doivent selon elle l'être en Irak et en Syrie.

Le comité avait été saisi en 2019 par les avocats de familles d'une dizaine d'enfants français détenus en Syrie, qui les estiment détenus "dans des conditions dégradantes et contraires aux droits de l'Homme", et réclament leur rapatriement.

Son avis reconnaît que la France a "compétence concernant ces enfants détenus de manière illégale" dans le nord-est syrien, se sont réjouis auprès de l'AFP deux avocats des familles, Me Marc Bailly et Me Martin Pradel. Il montre que la "convention internationale sur les droits de l'enfant est opposable à la France" dans cette région, ajoutent les avocats, qui estiment que cette décision "va imposer à la France d'être courageuse" et d'aller vers le rapatriement.

Ils espèrent que cet avis sera repris par la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), également saisie sur ce dossier par des familles. Et que cette dernière, en condamnant la France, la poussera à envisager un rapatriement massif.

Quelque 150 adultes et plus de 200 enfant sont détenus en Syrie pour avoir rejoint ces dernières années le groupe Etat islamique (EI), défait militairement en 2019.

La France a jusqu'ici refusé de les rapatrier en masse, affichant une politique au "cas par cas". Elle a jusqu'ici rapatrié 28 enfants, surtout des orphelins et quelques enfants confiés par les rares mères ayant accepté de s'en séparer.

Au début 2019, Paris avait envisagé un rapatriement massif des adultes et enfants, comme l'avait révélé un document de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) publié par Libération.

Une partie de l'administration plaidait pour cette option qu'elle jugeait préférable pour la sécurité du pays, en raison notamment des risques (évasion, radicalisation soutenue voire supérieure) persistants dans le huis clos des camps. Mais l'Elysée avait finalement abandonné cette idée, selon des sources proches du dossier, des sondages ayant indiqué que l'opinion publique y était très hostile.

Certaines des familles s'apprêtent à passer un troisième hiver sur les plaines glaciales du nord-est syrien. Selon l'Organisation mondiale de la Santé, lors de l'hiver 2018-2019, au moins 29 enfant étaient morts de froid à Al-Hol, l'un des trois camps où sont détenus des étrangers.

La France a des responsabilités vis-à-vis des enfants de jihadistes français détenus en Syrie et ne prend pas les mesures nécessaires pour les protéger alors qu'ils y sont en grand danger, a estimé un comité de l'ONU.Dans un avis rendu le 2 novembre et dévoilé jeudi par Libération, le Comité des droits de l'Enfant de l'ONU juge que la France, contrairement à ce qu'elle affirme,...