Le président de la République, Michel Aoun, a estimé jeudi que la conférence humanitaire de soutien au Liban, qui s'est tenue la veille à Paris, témoigne "encore une fois de l'intérêt de la communauté internationale" pour le pays du Cèdre, englué dans une grave crise économique et politique depuis un an, à laquelle s'est greffée la catastrophe de l'explosion du 4 août au port de Beyrouth.
Lors de cette conférence co-présidée par visioconférence par Emmanuel Macron et le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, le chef de l'Etat français a assuré qu'il ne "lâchera rien" sur ses exigences faites aux autorités libanaises au sujet des réformes que leur réclame la communauté internationale pour débloquer une aide financière. Le président Aoun avait de son côté demandé la communauté internationale de "ne pas abandonner" le pays du Cèdre.
"Que la communauté internationale soit rassurée"
Le président de la République, Michel Aoun, qui a reçu jeudi le ministre d'Etat britannique pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, James Cleverly, a estimé que "la participation d’une quarantaine de pays et d’institutions financières internationales à la conférence de soutien au Liban, a prouvé une nouvelle fois l'intérêt que montre la communauté internationale pour le Liban ainsi que son souci d'aider le pays dans les circonstances difficiles qu'il traverse".
"Que la communauté internationale qui suit le parcours des réformes soit rassurée, car les réformes sont au centre de mon combat depuis 2005 et 2009, et l'attachement à l'audit juricomptable est un point de départ important et essentiel pour la mise en œuvre de ces réformes", a affirmé le président libanais.
Le Parlement libanais s'est déclaré vendredi dernier en faveur d'un audit qui engloberait la Banque du Liban (BDL), ainsi que toutes les institutions étatiques, y compris les ministères, indépendamment du secret bancaire, après le retrait du cabinet de conseil international Alvarez & Marsal, en charge de l'audit juricomptable de la BDL, après le refus de la Banque centrale de communiquer toutes les informations requises, sous prétexte du secret bancaire. La décision du Parlement, qui n'a pas de portée légale, constituait une réponse à une lettre qui lui avait été adressée par le président Aoun pour réclamer la tenue de l'audit de la BDL.
"Tsunami silencieux"
M. Aoun a profité de son entretien avec M. Cleverly pour saluer la participation de la Grande-Bretagne à la conférence de Paris, jugeant que celle-ci "constitue une incitation pour l'État libanais à assumer ses responsabilités et pour témoigner de sa volonté d'entreprendre les réformes économiques nécessaires, qui est une demande libanaise d'abord, et ensuite internationale". Le chef de l'Etat a en outre "exprimé sa gratitude pour l'assistance fournie par la Grande-Bretagne au Liban dans divers domaines, notamment militaire, humanitaire et économique, et notamment après l'explosion du le port de Beyrouth".
Le ministre britannique a souligné de son côté que "son pays est aux côtés des Libanais dans les circonstances difficiles dans lesquelles ils vivent et le soutien continu de la Grande-Bretagne dans tous les domaines est la raison de la participation de son pays à la conférence de Paris", rapporte le palais de Baabda dans son communiqué. M. Cleverly a également publié un communiqué intitulé "Quatre mois plus tard, le Liban est menacé par un tsunami silencieux. Les dirigeants libanais doivent agir". Selon lui, ce "tsunami silencieux" est la crise de sécurité alimentaire auquel le Liban fait face. Le ministre britannique a également été reçu par le Premier ministre démissionnaire, Hassane Diab, le Premier ministre désigné, Saad Hariri, et le président du Parlement, Nabih Berry. Ce dernier a appelé, lors de son entretien avec le responsable britannique, à "former un gouvernement de sauvetage qui empêche une chute encore plus grave du Liban".
Lors de la conférence de Paris, le président français et les représentants de la communauté internationale ont renouvelé leur volonté d'aider le Liban en crise, mais ont aussi constaté le défaut des conditions d'une aide massive et structurelle, dont la création d'un gouvernement.
M. Macron a malgré tout annoncé qu'il se rendra à Beyrouth ce mois-ci, ce qui signerait sa troisième visite au Liban depuis l'explosion du 4 août. Le pays est englué depuis plus d'un an dans une profonde crise économique, sociale et politique. En plus d'une dépréciation historique de sa monnaie et d'une hyperinflation, le pays est toujours sans gouvernement plus de trois mois après la démission du Premier ministre, Hassane Diab. Le Premier ministre désigné, Saad Hariri, n'a toujours pas réussi à surmonter les divergences politiques entre les partis qui tentent de se répartir les portefeuilles ministériels.
commentaires (19)
Pour arriver à aider le Liban il faut que les pays aidants puissent se débarrasser de tous ces parrains mafieux et pouvoir les inculper de crime au moins dans la dernière explosion meurtrière qui a ravagé la ville et tué plusieurs citoyens. Pour cela les pays qui ont perdu un ou plusieurs de leurs ressortissants peuvent s’inviter dans les enquêtes légitimement et démasquer les coupables sans que l’on puisse attenter à leurs vies. Ici des crimes continuent sans grand bruit pour réduire au silence toute voix qui apporterait des preuves à leur culpabilité. N.B: Parmi les pays concernés, la France et le Canada. A vous de prouver votre volonté de sauver notre pays vous avez le motif et le droit le plus absolu de le faire sans être accuser d’ingérence.
Sissi zayyat
11 h 57, le 04 décembre 2020