
Le palais de l'Elysée, à Paris. Photo d'archives AFP
Selon l'agence Reuters, la présidence française a exprimé mercredi ses doutes quant à l'efficacité de la politique de sanctions pratiquée par Washington sur un éventuel déblocage de la formation du gouvernement libanais. Un nouveau cabinet est attendu depuis près de quatre mois et demeure crucial pour la mise en œuvre de réformes pouvant, à terme déverrouiller des aides internationales substantielles pour sortir le Liban de la crise. Ces propos interviennent alors que Paris organise dans la soirée une conférence internationale de soutien à la population libanaise.
Les "puissances mondiales continueront à mener une campagne de pressions politiques publiques, tout en soutenant la population", a affirmé un officiel de l'Elysée cité par Reuters en marge de la conférence d'aide. Il a estimé que la politique de sanctions observée par les Etats-Unis, et visant la classe politique libanaise, n'ont jusque là "rien changé sur le terrain" s'est dit "peu convaincu" de leur impact sur la formation d'un "gouvernement crédible et capable de mettre en œuvre les réformes qui débloqueraient l'aide financière internationale".
Le 6 novembre, le Trésor américain avait lourdement sanctionné le député libanais, Gebran Bassil, accusé de corruption et de soutien au Hezbollah. M. Bassil, qui est le chef du Courant patriotique libre (CPL, fondé par le chef de l'Etat, Michel Aoun) et ancien ministre de l'Energie et des Affaires étrangères, est régulièrement accusé par la presse d'entraver la formation du futur cabinet, ce qu'il dément. Ces sanctions font suite à une première salve, quelques mois plus tôt, contre les anciens ministres Youssef Fenianos (du courant des Marada) et Ali Hassan Khalil (du mouvement Amal du président de la Chambre, Nabih Berry).
"Des problèmes encore plus grands"
"Pour donner ou prêter de l'argent, il faut de la confiance et, pour l'instant, la confiance n'existe pas. On va rester dans cette situation tant qu'il n'y aura pas de gouvernement pour mettre en place les reformes évoquées et attendues", a en outre déclaré ce haut responsable, membre de l'équipe d'Emmanuel Macron. "Les informations dont nous disposons montrent que la situation continue à empirer, qu'on va vers des problèmes encore plus grands, et ça rend d'autant plus urgent un véritable audit (de la Banque centrale). On n'échappera pas à ce type d'audit si le Liban veut pouvoir engager des négociations sérieuses avec le FMI, sinon ce sera la banqueroute", a-t-il poursuivi.
Par ailleurs, le président de la République française doit retourner au Liban aux alentours du 20 décembre pour rendre visite aux troupes de la mission de maintien de la paix de l'ONU (Finul), a appris Reuters auprès de diplomates.
La conférence internationale humanitaire en soutien à la population libanaise aura lieu ce soir, à 19h30 heure de Beyrouth à l'initiative de la France, en coopération avec l’ONU. Elle ambitionne de réunir des aides financières pour les Libanais, frappés de plein fouet par la crise économique et financière, et qui peinent à se remettre des conséquences de l'explosion du port de Beyrouth. Elle ne devrait toutefois pas permettre de débloquer des injections de fonds visant à redresser l'économie, qui sont conditionnées par la communauté internationale à la mise en œuvre de réformes. Le 1er septembre, lors d'une seconde visite à Beyrouth en l'espace d'un mois, le chef de l'Etat français, Emmanuel Macron, avait présenté une feuille de route, reprenant toutes les réformes essentielles à la sortie de crise en tête desquelles figure l'audit juricomptable de la BDL. Mais vendredi dernier, le cabinet international chargé de mener à bien cette mission s'était désisté, estimant qu'il ne recevrait pas "dans un futur proche" les documents et informations nécessaires. Par ailleurs, la majorité des réformes prévues dans l'initiative française requiert la formation d'un nouveau gouvernement, mais le Premier ministre désigné, Saad Hariri, n'a toujours pas réussi, plus d'un mois après sa désignation, à venir à bout des tiraillements politiques pour mettre sur pied son équipe.
Un diplomate occidental a, à ce sujet, souligné que la situation au pays du Cèdre ne devrait guère évoluer avant l'investiture de Joe Biden à la présidence des Etats-Unis, le 20 janvier.
Selon l'agence Reuters, la présidence française a exprimé mercredi ses doutes quant à l'efficacité de la politique de sanctions pratiquée par Washington sur un éventuel déblocage de la formation du gouvernement libanais. Un nouveau cabinet est attendu depuis près de quatre mois et demeure crucial pour la mise en œuvre de réformes pouvant, à terme déverrouiller des aides...
commentaires (7)
Je ne comprends pas en quoi ce n'est pas efficace, déjà sur notre moral ça l'est. S'il veut dire qu'il faut lever les sanctions sur les premiers voyous atteints cela veut dire qu'ils veulent négocier avec les voyous et mettre un gouvernement sur pied avec eux ... Ceci dit il ne reste plus dans l'arène politique que les mafieux et il semble s'en contenter.
Zeidan
18 h 45, le 02 décembre 2020