Rechercher
Rechercher

Dernières Infos - Enquête sur le drame du port

"Le dossier est entre les mains du Parlement, et il doit agir", disent des familles de victimes


Des silos à grains du port de Beyrouth éventrés, le 5 août 2020, après les explosions de la veille. AFP / STR

Le procureur général près la Cour de justice, Fady Sawan, en charge d'enquêter sur la double explosion du 4 août au port de Beyrouth, a reçu mardi une délégation des proches des membres de la Défense civile qui sont décédés lors du drame. A l'issue de la rencontre, le porte-parole de la délégation a appelé le Parlement à agir affirmant que le dossier était désormais entre ces mains, notamment après que le juge Sawan lui ait demandé l'ouverture d'une enquête sur des ministres au sein du gouvernement sortant et des précédents cabinets.

"Nous avons rencontré le juge Sawan pour savoir où en est l'affaire et il nous a dit qu'il avait envoyé le dossier au Parlement afin qu'il fasse son devoir envers le peuple. Nous disons alors au président (de la Chambre) Nabih Berry que c'est son devoir (...) de suivre le dossier", a déclaré William Noun au nom de la délégation. Selon lui, "le dossier contient des noms importants que le juge Sawan n'a pas voulu mentionner devant nous, et parmi lesquels se trouvent des chefs de gouvernement et des ministres". "D'autre part, il y a une partie du rapport des experts français qui n'est pas encore parvenue au juge Sawan, et c'est la partie portant sur les analyses et les examens ADN, a-t-il ajouté. Le juge Sawan attend que le dossier soit complet pour émettre son acte d'accusation". "Nous avons demandé au juge Sawan d'accélérer le processus, a conclu M. Noun. Le dossier est entre les mains du Parlement, et il doit agir."

Le procureur général près la Cour de justice a demandé au Parlement, dont dépend la Haute Cour de justice chargée des affaires concernant les présidents et ministres, l'ouverture d'une enquête sur trois ministres au sein du gouvernement sortant. Il s'agirait du ministre des Travaux publics et des Transports Michel Najjar ainsi que sur ceux des Finances Ghazi Wazni et de la Justice Marie-Claude Najm, selon une source judiciaire anonyme qui s'était confiée à l'AFP.  Il lui a aussi demandé de se pencher sur le rôle de plusieurs autres personnes ayant occupé les mêmes fonctions ministérielles dans les trois précédents gouvernements. Toutefois, le secrétariat général aurait refusé de la recevoir, estimant que le juge Sawan n’a pas la qualité pour s’adresser au Parlement et que son message doit être envoyé par les voies hiérarchiques et passer par le Conseil supérieur de la magistrature, le ministère de la Justice et enfin le Conseil des ministres. M. Berry avait réagi à l'envoi de cette lettre en précisant que la Chambre avait "fait le nécessaire" après l'explosion du 4 août et y avait répondu. Selon des informations circulant dans les médias, la réponse du président de la Chambre avait été incendiaire à l'encontre du juge, qu'il a accusé de ne pas avoir lu la loi concernant le recours à la Haute Cour de justice.

Les autorités ont reconnu que l’immense déflagration du 4 août a été causée par l’explosion de 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium qui ont pris feu dans un hangar du port où elles étaient stockées depuis 2014, sans mesures de sécurité. Elles ont toutefois refusé l'idée d'une enquête internationale sur cette affaire, malgré les appels au Liban et à l'étranger à des investigations indépendantes. L'enquête locale n'a toujours pas produit de conclusions, près de quatre mois après la catastrophe. Jusqu'à présent, 33 personnes font l'objet de poursuites judiciaires et 25, dont des responsables de second rang, ont été arrêtées.

Le procureur général près la Cour de justice, Fady Sawan, en charge d'enquêter sur la double explosion du 4 août au port de Beyrouth, a reçu mardi une délégation des proches des membres de la Défense civile qui sont décédés lors du drame. A l'issue de la rencontre, le porte-parole de la délégation a appelé le Parlement à agir affirmant que le dossier était désormais entre ces...