Audi : Le Liban est sur une pente raide dangereuse

Le métropolite Élias Audi a tiré une nouvelle fois la sonnette d’alarme au sujet de la crise dans laquelle est englué le Liban depuis un an, critiquant violemment la classe politique dont il a notamment fustigé le comportement « irresponsable » face aux nombreux problèmes auxquels la population « livrée à elle-même » est confrontée.

« Chaque leader ne se soucie que de voir ses intérêts sauvegardés, alors que la population mendie ses droits auprès des banques, sans que personne ne se soucie », a déploré le dignitaire chrétien lors de son homélie dominicale en la cathédrale Saint-Georges des grecs-orthodoxes au centre-ville. « Le zaïm envoie ses enfants à l’étranger pour leurs études ou pour les mettre à l’abri. Il détient une seconde nationalité, puis nous donne des leçons de patriotisme sur l’importance de rester au pays. Mais ceux (parmi la population) qui ont des enfants à l’étranger ne peuvent pas les aider car leur argent est gelé de force, pour ne pas dire pillé », a encore fustigé le métropolite Audi.

« Le peuple gémit de faim, les cœurs sont brisés et les responsables sont absents, complètement déconnectés de la réalité et se dérobent à leurs responsabilités, comme si ce qui se passe ne les concerne pas », a regretté Mgr Audi. « Le pays et sa population sont livrés à leur sort, l’effondrement frappe de plein fouet les institutions de l’État et la population, et en dépit de cela, il se trouve des personnes qui provoquent des crises et se rejettent les responsabilités », a poursuivi le métropolite, en référence aux formations politiques qui se livrent à un marchandage autour de la formation du gouvernement qu’est censé mettre sur pied Saad Hariri.

« Ces responsables reportent les échéances, dont la dernière est la formation du gouvernement qui doit se charger de faire le nécessaire pour le sauvetage du pays. Nous sommes sur une pente raide dangereuse que le Liban n’a jamais connue auparavant. L’État se délite et attend des miettes d’aides de l’étranger, le comportement de la classe politique est honteux (...) », a affirmé Mgr Audi, qui a déploré que les gens suivent encore aveuglément des leaders. « Lorsqu’un groupe décide de suivre tel ou tel autre leader, des dissensions et des fissures apparaissent dans le tissu national, en même temps que des problèmes qui peuvent conduire à des disputes, de la rancune, voire des guerres et une effusion de sang », a-t-il averti.