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Nos Lecteurs ont la Parole

Lettre ouverte au président : il est temps d’assembler les leaders dans un même gouvernement

Monsieur le Président de la République,

L’heure est si grave, si « incensément » grave, que vous l’avez fortement et dramatiquement soulignée. Fervente adepte du « Livre d’heures » je me retrouve à chercher les mots du requiem.

Mais prier est pour les hommes de religion…

Agir pour les hommes d’action, que devrait être tout homme politique soucieux de sa patrie…

Tergiverser pour les lâches…

La force d’inertie est la plus grande des forces pour construire mais surtout, et dans le cas du Liban, pour détruire : le détruire !

Monsieur le Président,

Vous l’avez vilipendée ainsi que tous ses tenants.

Monsieur le Président de la République, Monsieur le Premier ministre désigné

C’est à VOUS qu’incombe la charge de la formation d’un gouvernement de dernière chance, nous dit-on, tâche qui semble bien impossible !

Aussi permettez-moi de sortir de mon silence et de mon devoir de réserve pour vous interpeller.

Étant née, ayant grandi et servi dans un pays indépendant et souverain, nourrie de ces idées et de cette double appartenance, je m’insurgerais, s’il m’était donné, contre toute ingérence de quelque ordre dans le déroulé de la vie de mon pays... Hélas !

Mais il m’est donné de pouvoir vous dire en toute liberté que j’ai appris et compris que mes plus belles réussites diplomatiques, je les devais au fait d’avoir affronté les hôtes de nos ambassades avec un langage de souveraineté.

Monsieur le Président de la République, Monsieur le Premier ministre désigné,

Il n’y a pas de petite et de grande souveraineté, il y a des hommes et des femmes qui abordent le monde en « souverains » !

Cela étant, merci et profonde gratitude à la France pour nous avoir suggéré un schéma de feuille de route pour aborder la question cruciale du devenir du Liban en ces heures sombres et dangereuses, pour nous aider à sortir de l’abysse où nous a plongés l’incurie généralisée de notre classe dirigeante.

Dès son adoption par tous nos dirigeants officiels et occultes, cette feuille de route devient – ipso facto – une feuille libanaise, ou sinon elle ne saurait être. L’idée en est de servir comme un schéma amenant au plus petit commun dénominateur les forces létales de la politique libanaise : nos hommes politiques, dans une formation de 18 ou 20 ou x experts indépendants.

Indépendants ? Comment ? Et experts en quoi ? Pas en politique; mais, et la France, comme tous les autres amis du Liban, sait que seule une politique juste, propre, nationale souveraine et transparente est salvatrice.

Experts ? Selon la dernière mouture, ils seraient nommés par les dirigeants, ces mêmes dirigeants rejetés par la société civile libanaise, la diaspora libanaise et toute la nomenclatura des dirigeants internationaux qui nous veulent du bien. Ces experts ne sauraient se libérer de l’emprise et des choix de leurs patrons visibles ou invisibles, réels ou virtuels.

Dans un tel schéma et si les volontés libanaise et internationale veulent réellement des réformes, force est de se replier sur les vrais patrons ; les rendre responsables de tous leurs actes et soumis à une surveillance, à une « scrutiny » que, entraînés par le hirak national, les Libanais savent et peuvent faire.

Monsieur le Président,

Ayant souvent cauchemardé le devenir du Liban et longuement mûri, analysé sous tous ses aspects notre situation si tragique, seul un gouvernement de tous les grands « zaïms » bien calfeutrés derrière leurs hommes liges, leurs représentants, assignerait la responsabilité aux responsables, car eux sont responsables et doivent partager, avec vous, la perdition ou la sauvegarde du Liban autour d’un projet qui soit le fait des Libanais, adopté par eux, mais non celui de nos sponsors.

À l’heure des grands défis et des grands choix de survie qui attendent le Liban, il n’est pas juste de faire porter à quiconque d’autre l’honneur et la responsabilité de gérer les coups et les coûts, d’entrevoir et de décider si oui ou non ils veulent la vie du Liban. Aucune entreprise gérée par son directeur ou son sous-directeur ne peut aller de l’avant : c’est aux patrons seuls qu’incombent l’honneur et la responsabilité de son devenir, car à eux incombe la décision.

L’heure est si grave ! Il est temps de cesser de tergiverser. En 1958, un gouvernement de quatre ministres, leaders et patriotes, a sorti le Liban du marasme de la guerre; mais les temps, la démographie et la démocratie ont multiplié les leaders libanais. Il faut les assembler, les « coincer » dans un seul et même gouvernement afin qu’ils soient tous responsables, avec vous, devant nous, le Liban, le monde et devant l’histoire.

Ambassadeur du Liban

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Monsieur le Président de la République,L’heure est si grave, si « incensément » grave, que vous l’avez fortement et dramatiquement soulignée. Fervente adepte du « Livre d’heures » je me retrouve à chercher les mots du requiem.Mais prier est pour les hommes de religion… Agir pour les hommes d’action, que devrait être tout homme politique soucieux de sa...

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