Plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées jeudi aux environs de midi devant le domicile du procureur général près la Cour de justice, Fadi Sawan, chargé de l'enquête sur l'explosion meurtrière du 4 août dans le port de Beyrouth, afin de réclamer que cette affaire soit traitée rapidement et que de hauts responsables politiques soient jugés.
Les manifestants se sont rassemblés sur la place Sassine, dans le quartier d'Achrafiyeh, avant de se rendre vers l'immeuble où réside le juge, non loin de là. "Entends-nous, M. le juge", ont scandé les manifestants lors de leur procession et devant le bâtiment, en brandissant des photos de responsables politiques et sécuritaires. Les contestataires accusent ces dirigeants, notamment le président Michel Aoun, d'anciens ministres et le chef de la Sûreté générale Abbas Ibrahim, d'avoir été au courant de la présence, dans le hangar numéro 12 du port, des 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium dont l'explosion a dévasté des pans entiers de la capitale, et ils demandent qu'ils soient jugés.
"Tu es complice du crime", ont encore écrit sur le sol les manifestants devant le domicile du juge.
Les autorités ont reconnu que l’immense déflagration a été causée par l’explosion de ces tonnes de nitrate d’ammonium qui ont pris feu dans un hangar du port où elles étaient stockées depuis 2014, sans mesures de sécurité. Elles ont toutefois refusé l'idée d'une enquête internationale sur cette affaire, malgré les appels au Liban et à l'étranger à des investigations indépendantes.
"Nous avons fait le nécessaire"
L'enquête locale n'a toujours pas produit de conclusions, et 25 personnes, dont des responsables de second rang, ont jusque-là été arrêtées. Mercredi, une source judiciaire libanaise avait confié à l'AFP que le juge Fadi Sawan souhaite que des investigations soient menées à l'encontre de trois ministres sortants du cabinet de Hassane Diab, pour leur possible responsabilité dans cette catastrophe. Selon cette source, le procureur aurait réclamé dans une lettre au Parlement -dont un organe (la Haute Cour de justice, NDLR) est habilité à poursuivre les membres du gouvernement- l'ouverture d'une enquête sur ces responsables. Il lui a aussi demandé de se pencher sur le rôle de plusieurs autres personnes ayant occupé les mêmes fonctions ministérielles dans les trois précédents gouvernements.
Jeudi, le président du Parlement, Nabih Berry, a affirmé que la Chambre avait "fait le nécessaire" après l'explosion du 4 août, en référence à cette lettre. A l'issue d'une réunion du Bureau de la Chambre, M. Berry a été interrogé par des journalistes au sujet des informations de presse selon lesquelles le Parlement aurait reçu un courrier au sujet de l'explosion du port. "Nous avons fait le nécessaire et nous y avons répondu", s'est contenté de dire le chef du Législatif, sans donner de détails sur la teneur de la réponse.
Aides et exemption
Par ailleurs, dans la matinée, le ministre sortant des Finances, Ghazni Wazni, a annoncé la mise en place d'un mécanisme permettant d'exempter les héritiers de victimes de la double explosion du paiement des frais de succession. Cette exemption sera valide sur tous les droits et les biens meubles et immeubles dans les héritages des personnes décédées, précise le ministre dans un communiqué publié par son bureau de presse.
De son côté, le Fonds des Nations unies pour l'enfance, Unicef, a annoncé avoir commencé à distribuer des aides financières d'"urgence" à 48.000 bénéficiaires, une aide qui est censée atteindre 80.000 enfants de familles ayant souffert des explosions. Les montants versés, s'élevant à 120 dollars, seront disponibles dans les bureaux de transferts de fonds OMT de toute la capitale. Les bénéficiaires sont des familles comportant des enfants de moins de 18 ans, des personnes âgées de plus de 70 ans, des personnes souffrant d'un handicap et les mères célibataires, résidant dans les quartiers de la Quarantaine, Bourj Hammoud, Nabaa, Karm el-Zeytoun, Bachoura, Khandak el-Ghammik, Kobeyate, Rmeïl et Basta el-Tahta.
commentaires (1)
ILS GARDENT TOUJOURS SECRET LE NOM DU PROPRIETAIRE DU NITRATE. ILS NE LE DIVULGUERAIENT JAMAIS. MAIS DES QUANTITES DE CE NITRATE SE SONT TROUVEES A CHYPRE, EN BULGARIE ET AILLEURS AUX MAINS DES HEZBOLLAHIS. PAR COINCIDENCE !
LA LIBRE EXPRESSION
17 h 36, le 26 novembre 2020