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Société - Droits de l’homme

Torture, usage excessif de la force, impunité : deux ONG épinglent le Liban

Dans deux rapports distincts, le Centre libanais pour les droits humains critique les multiples atteintes aux contestataires tandis qu’Amnesty dénonce l’échec « honteux » des autorités à appliquer la loi.


Torture, usage excessif de la force, impunité : deux ONG épinglent le Liban

L’évacuation d’un protestataire blessé par les forces de l’ordre lors de la manifestation du 8 août 2020 à Beyrouth. Photo João Sousa

Un an après le début du soulèvement populaire, quel bilan en ce qui concerne les exactions et la violence policières déployées à plusieurs reprises contre les manifestants ? Les images de ces dizaines de contestataires traînés par terre devant la caserne Hélou, en janvier dernier, ont fait le tour du monde, sans oublier la fameuse manifestation du 8 août, qui faisait suite à la terrible explosion du port du 4 août, réprimée à coups de gaz lacrymogène et tirs de chevrotine, pour ne citer que quelques exemples.

Un rapport de 60 pages rendu public hier par le Centre libanais pour les droits humains (CLDH) recense les multiples violations commises par les autorités depuis le soulèvement populaire du 17 octobre dernier. Le texte revient sur plusieurs cas de détention arbitraire, ainsi que sur les enlèvements et la torture de manifestants par les forces de l’ordre. Le Liban avait adopté en 2017 une loi antitorture, conformément à la Convention contre la torture ratifiée par le pays en 2000. Un organe a été mis sur pied pour enquêter sur les affaires liées à des violations des droits humains, mais le gouvernement ne lui a toujours pas alloué de budget.

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Le rapport pointe également du doigt l’usage excessif de la force à l’encontre des protestataires dont plusieurs ont perdu un œil après avoir été blessés au visage par des balles en caoutchouc. Il évoque par ailleurs l’application discrétionnaire de la loi, notamment lorsque les agresseurs des manifestants pacifiques (dans le centre-ville de Beyrouth ou au niveau de la voie express du Ring, par exemple) n’ont pas été inquiétés alors que les manifestants ont été réprimés par les forces de l’ordre. Le texte cite également les multiples attaques contre les journalistes ainsi que les arrestations et détentions d’internautes.

« Le but premier de ce rapport est de garder ce qui s’est passé en mémoire. Ces violations ne doivent pas passer inaperçues. La reddition de comptes est importante », a indiqué Wadih Asmar, directeur du CLDH, lors d’une visioconférence au cours de laquelle ce rapport a été rendu public. Wael Hammam, membre du collectif d’avocats qui ont défendu les manifestants, révèle pour sa part que « plus de 25 plaintes ont été déposées par des manifestants agressés par des agents de sécurité à Aïn el-Tiné (résidence du chef du Parlement, Nabih Berry) ». « Plus de 16 plaintes pour torture ont été également déposées. Elles ont atterri au tribunal militaire qui a ensuite chargé les renseignements de l’armée de mener l’enquête, alors qu’ils étaient eux-mêmes visés par ces plaintes », déplore l’avocat.

« L’impunité demeure »

De son côté, l’ONG Amnesty international a dénoncé hier l’échec « honteux » des autorités libanaises à appliquer la loi contre la torture. Dans un rapport accablant, Amnesty a appelé à offrir « un véritable remède aux survivants de la torture en conduisant des enquêtes rapides, sérieuses et indépendantes et en amenant les responsables devant la justice ».

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Depuis cinq ans, date du dernier rapport d’Amnesty international, « l’impunité demeure », note l’ONG. « Les plaintes pour torture et autres mauvais traitements, dans le cadre de la loi antitorture de 2017, atteignent rarement les tribunaux et sont pour la plupart closes sans enquête véritable », déplore Amnesty. « Le Liban a manqué à ses responsabilités vis-à-vis des survivants de la torture », affirme Lynn Maalouf, la directrice régionale d’Amnesty international pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. « L’échec persistant du système judiciaire à mettre en œuvre la loi antitorture entrave l’accès des victimes à la justice et à l’obtention de réparations et dissuade les autres de mener ces démarches. Cela envoie aux bourreaux le message qu’ils peuvent continuer à commettre leur crimes sans en subir les conséquences », affirme la chercheuse. « Nous appelons les autorités libanaises à mettre fin aux pratiques scandaleuses de faire juger les allégations de torture devant des tribunaux militaires (et non civils) et de s’appuyer sur les mêmes agences de sécurité incriminées pour mener les enquêtes », plaide-t-elle.


Un an après le début du soulèvement populaire, quel bilan en ce qui concerne les exactions et la violence policières déployées à plusieurs reprises contre les manifestants ? Les images de ces dizaines de contestataires traînés par terre devant la caserne Hélou, en janvier dernier, ont fait le tour du monde, sans oublier la fameuse manifestation du 8 août, qui faisait suite à la...

commentaires (2)

Pour appliquer des loi anti torture ou anti violences policières excessives, démesurées et criminelles, IL FAUDRAIT QUE L’ON SOIT DANS UN ÉTAT DE DROIT. Or on en est très très loin au Liban de cet État de droit notamment dans le contexte géopolitique actuel.

Lecteur excédé par la censure

07 h 29, le 26 novembre 2020

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Commentaires (2)

  • Pour appliquer des loi anti torture ou anti violences policières excessives, démesurées et criminelles, IL FAUDRAIT QUE L’ON SOIT DANS UN ÉTAT DE DROIT. Or on en est très très loin au Liban de cet État de droit notamment dans le contexte géopolitique actuel.

    Lecteur excédé par la censure

    07 h 29, le 26 novembre 2020

  • C est à vomir ....

    Robert Moumdjian

    03 h 20, le 26 novembre 2020

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