
Vue sur une base de la Force intérimaire de l'ONU au Liban-Sud, à Nakoura, le 29 octobre 2020. Photo REUTERS/Aziz Taher
Le ministre israélien de l'Énergie, Yuval Steinitz, a invité lundi le chef de l'État libanais Michel Aoun à une rencontre en "face-à-face" pour mener des négociations "ouvertes ou secrètes" sur la démarcation de la frontière maritime. Cette invitation a été lancée alors qu'en fin de semaine dernière, M. Steinitz avait accusé le Liban d'avoir modifié sa position concernant le tracé de la frontière en Méditerranée, ce qui avait ensuite été démenti par le président Aoun.
"Monsieur le président Michel Aoun. Tout d'abord, et malgré les relations actuelles entre nos deux pays, je souhaite au peuple libanais une bonne fête de l'Indépendance et un redressement rapide du pays face aux crises qu'il traverse", a écrit en arabe le ministre israélien sur son compte Twitter. "Mais malheureusement, il semble que vous ne connaissez pas toute la vérité concernant la démarcation des frontières, sur laquelle les Libanais ont changé plusieurs fois de position au cours des quinze dernières années", a-t-il souligné. "Je suis persuadé que si nous parvenons à nous rencontrer en face-à-face dans un pays européen, afin de mener des négociations ouvertes ou secrètes, cela nous donnerait une belle opportunité de résoudre ce litige, une bonne fois pour toutes", a-t-il estimé, affirmant qu'un tel règlement serait bénéfique "pour l'avenir économique et le bien-être" des Libanais et des Israéliens.
Vendredi, Yuval Steinitz avait accusé le Liban d'avoir "changé à plusieurs reprises" de position concernant le tracé de sa frontière maritime, ce qui risquait de conduire les pourparlers en cours sur ce litige à "une impasse" et ainsi freiner la prospection d'hydrocarbures offshore dans la région. La présidence libanaise avait démenti les allégations du ministre israélien, estimant qu'elles étaient "sans fondement".
Les deux voisins ont amorcé cet automne des pourparlers, au siège de la Force des nations unies au Liban (Finul) et sous l'égide de l'ONU et des Etats-Unis, afin de régler leur différend sur le statut d'une zone maritime contestée de 860 kilomètres carrés, selon une carte enregistrée auprès de l'ONU en 2011 mais que le Liban juge aujourd'hui erronée. Ces discussions sont menées de chaque côté par de hauts fonctionnaires et non des membres des gouvernements des deux pays. Après trois rounds de pourparlers, qui n'ont pas permis pour l'instant de débloquer la situation, un quatrième round est prévu au début du mois de décembre.
D'après l'analyste libanaise Laury Hayatan, le Liban a demandé une zone supplémentaire de 1.430 km2 plus au Sud, s'étendant sur une partie du champ gazier de Karish qu'Israël a confié à la société grecque Energean.Des déclarations récentes du président libanais sont venues, pour la première fois, confirmer publiquement que le Liban réclamait une zone plus large. Au cœur de ce nouveau différend se trouvent de petites îles côtières israéliennes qui, selon l'Etat hébreu, devraient couper court aux ambitions du Liban sur cette zone supplémentaire.
commentaires (13)
Pour la paix ! Le temps passe (60 ans ++) et le Liban perd (a perdu) sa place pour qui ? Pourquoi ? Il est grand temps, voire extrêmement urgent que l’on se mette du côté de la paix si nous avons encore envie de sauver notre pays. Ce que les sceptiques ont peur de perdre en refusant la paix ont mille fois plus à gagner en faisant la paix...
KARAM Peter
17 h 09, le 24 novembre 2020